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BACON : La Nouvelle Atlantide; Essais; Du progrès et de la promotion des savoirs

Publié le 13/10/2013

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Cette abstention de l'État abandonne à chacun le soin d'être « l'artisan de soi-même «. « Ante omnia custodi cor tuum «, avant toute chose prends soin de ton coeur'. La morale baconienne se déploie dans l'es¬pace de l'intériorité laissée à l'individu, qui se trouve être non le berger mais le jardinier de lui-même, la philosophie morale étant tournée vers une pratique nommée, d'après Virgile, les « géorgiques « de l'esprit. Mais ce soin de soi est loin de se clôturer dans une sorte d'égocentrisme. Tout en validant occasionnelle¬ment l'amour de soi (Self-love), Bacon pourfend la selfwisdom, c'est-à-dire la limitation de la sagesse à l'in¬térêt propre : « Il y a, formée en toute chose, une double nature du bien, en tant que chaque chose est une totalité substantielle en elle-même, et en tant qu'elle est partie ou membre d'un corps plus grande. «

Bien entendu, poursuivre le bien correspondant à ce second aspect est plus digne que de seulement prendre soin de soi-même, et cela est inscrit dans la nature elle-même : e Dans les plaisirs des créatures vivantes, le plaisir d'engendrer est plus grand que celui de se nour¬rira « ; s L'amour enseigne mieux à se conduire qu'un précepteur « ; s L'amour seul exalte et, dans le même instant, affermit et rassérène4. « Être l'artisan de soi-même est donc un projet qui se dialectise tout de suite, et le moyen s le plus bref, le plus condensé, le plus noble et le plus efficace « qui existe pour faire de soi-même quelqu'un de vertueux, c'est de se donner un grand projet, une fin bonne et vertueuse à sa portée. Le souci de soi bien compris est un vecteur d'extraversion. 

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« BACON 83 traductions françaises des œuvres de Bacon, tandis que le vieux Sully se fera dédier un volume composé de traductions de divers textes du même auteur.

Au moment de la succession de 1603, quand il se croit écarté des charges politiques, puis en 1621, quand il se sait définitivement dessaisi de toute fonc­ tion, la réaction de Bacon, dont des traces écrites nous sont parvenues, montre bien qu'il reconnaissait ces charges au service de l'État comme un devoir priori­ taire.

Mais, même si la philosophie passait en second dans l'ordre des obligations, elle n'en constituait pas moins sa vocation fondamentale.

En outre, dans son premier traité philosophique, Du progrès et de la promo­ tion des savoirs (1605), il indique que, même lorsqu'on a la charge d'affaires publiques, on trouve toujours le loisir de s'adonner aussi à la philosophie, ou plus glo­ balement à la poursuite de la connaissance.

Parole tenue : pendant les années les plus actives de sa vie politique, Bacon publie un traité, le De Sapientia Veterum (De la sagesse des Anciens), livre qui traite des mythes gréco-latins, une seconde édition de ses Essays Civil and Moral, qui triple le volume de la première, le Novum Organum, et surtout il écrit une foule d'opus­ cules ou d'essais inachevés qui ne seront publiés qu'après sa mort 1 • Des contemporains et la postérité n'ont pas épargné au personnage leurs critiques, même si, à côté de cel­ les-ci, on trouve aussi des éloges dithyrambiques.

On lui a reproché son manque de fidélité vis-à-vis de son ancien protecteur, le comte d'Essex, quand celui-ci fut accusé de trahison et que la reine Élisabeth confia à Bacon une part importante de l'instruction du procès.

La disgrâce de 1621 fut la conséquence d'une condam­ nation pour corruption.

Un jugement plus serein est possible aujourd'hui, étayé sur une analyse historique.

1.

Cf Le Va/en.us Tenninus, ou De l'interprétation de la nature, trad.

et noces Fr.

Vert, préface M.

Le Dœuff, Paris, Méridiens­ Klincksieck, 1986.

Récusation des doctrines philosophiques et autres opuscules, trad., incrod.

et notes D.

Deleule et G.

Rombi, Paris, PUF, 1987.. »

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