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BALZAC: La Peau de Chagrin (Analyse)

Publié le 16/11/2010

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Dans la préface à cette édition de 1834, Balzac trace le plan de son entreprise. Mais rien n'est encore définitif. Enfin, sept ans plus tard, en 1841, commence la parution des oeuvres complètes, en dix-sept volumes, qui s'achèvera en 1848. Le titre de La Comédie humaine apparaît alors, sans doute inspiré par celui de l'oeuvre du poète italien Dante, La Divine Comédie. Cet ensemble gigantesque se compose, au moment de la mort de Balzac, de quatre-vingt quinze ouvrages achevés. Pour en rendre l'unité sensible aux lecteurs, le romancier fait apparaître de récit en récit certains personnages, sous des éclairages différents. Ainsi, dit-il, «une phrase, un mot, un détail dans chaque oeuvre les lient les unes aux autres et préparent l'histoire de cette Société fictive qui sera comme un monde complet«.

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« de se jeter dans la Seine.

Il vient de perdre au jeu les quelques francs qui lui restaient.

Le marchand lui explique quecette peau mystérieuse, gravée d'une inscription cabalistique, a la propriété de réaliser tous les souhaits de sonpropriétaire.

Mais le talisman, à chacun des voeux, rétrécit, et avec lui la vie de celui qui le possède.

Raphaël, quin'a plus rien à perdre, accepte ce redoutable présent.

Il empoche la peau de chagrin (nom d'un cuir tiré d'une peau de chèvre ou de mouton) et, à peine dans la rue, se heurte à des amis qui l'entraînent chez un banquier offrant cesoir-là un somptueux festin. À l'issue de cette orgie dont la description fit à l'époque scandale, Raphaël raconte son histoire à l'un des convives.Ce long «flash-back» occupe la seconde partie du roman.

En le concluant le jeune homme souhaite la fortune.Presque aussitôt entre un notaire qui lui apprend, devant l'assemblée médusée, qu'il est seul héritier d'un parentrichissime mort aux Indes.

Instinctivement, Raphaël tâte la peau de chagrin dans sa poche et constate avec terreurqu'elle a considérablement diminuée. i> La troisième partie montre comment le malheureux millionnaire choisit de s'enfermer dans une farouche retraitepour n'avoir plus rien à désirer.

Un soir, pourtant, il rompt la loi qu'il s'est fixée et se rend au théâtre.

Dans la salle, ilrevoit une femme qu'il a jadis aimée, Foedora, la «femme sans cœur», plus froide que la glace.

Mais il retrouve aussiPauline, la fille de sa logeuse à l'époque où, pauvre et vertueux étudiant, il consacrait sa vie à l'étude.

Par unmiracle à peu près analogue à celui qui a fait la fortune de Raphaël, Pauline est devenue riche.

Ils s'aiment, mais àchaque souhait, immédiatement exaucé, la peau magique rétrécit impitoyablement.

Aucune intervention de lascience, aucun subterfuge ne viendra à bout du talisman.

Raphaël meurt entre les bras de Pauline. 1.

LES SOURCES DU FANTASTIQUE La Peau de chagrin est un texte hybride, moitié conte, moitié roman réaliste.

L'inspiration fantastique de Balzac puise dans deux sources très différentes, les fables orientales des Mille et une nuits, et les conte d'Hoffmann (1776- 1822) dont l'influence fut considérable sur les Romantiques. «LES MILLE ET UNE NUITS DE L'OCCIDENT» Dans une lettre à Madame Hanska, c'est par cette formule que Balzac avoue son ambition littéraire.

Il veut écrireune œuvre aussi foisonnante et aussi merveilleuse que les célèbres contes arabes.

La peau magique est un talismananalogue à la lampe d'Aladin et tout le récit est sous-tendu par un rêve oriental, imprégné de langueur et devolupté.

Raphaël lui-même est présenté comme un «amant efféminé de la paresse orientale».

Le festin auquel ilparticipe est «une féerie digne d'un conte oriental», les courtisanes y composent un «sérail» ou une «trouped'esclaves orientales».

La comtesse Foedora, la séductrice au coeur de glace, vit entourée des «plus désirablescréations du luxe oriental».

Le plaisir sensuel est indissociable pour Balzac de cette oisiveté raffinée de l'Orient. LES DIABLERIES D'HOFFMANN Le conteur allemand a marqué lui aussi l'imagination balzacienne.

Le personnage de l'antiquaire, chez lequel Raphaëldécouvre la mystérieuse peau, ressemble aux inquiétants vieillards qui peuplent l' oeuvre d'Hoffmann.

Sa longévitéest fabuleuse, puisqu'il doit avoir, au moment où commence le roman, cent vingt ans environ.

Ce petit vieillard seprésente à Raphaël comme «une apparition» qui a «quelque chose de magique».

Un peu plus loin, une allusion àMéphistophélès, au «masque ricaneur», évoque les légendes germaniques et le pacte avec le diable conclu parFaust.

Contrairement à la veine orientale, qui représente le côté positif du merveilleux dans La Peau de chagrin, l'inspiration hoffmanienne en est le versant maléfique.

Le don du talisman se révèle d'ailleurs néfaste, puisquechaque souhait exaucé précipite la fin du héros. 2.

LA FRESQUE RÉALISTE La Peau de chagrin est la première de ses oeuvres où Balzac tente d'embrasser la société tout entière.

Comme le remarque un critique de l'époque : «vous y trouverez de grands salons et de grandes orgies, la mansarde du jeunesavant et le boudoir de la femme à la mode, la table de jeu et le laboratoire du chimiste...».

Ce foisonnement estorchestré par de puissants contrastes. L'ART DU CONTRASTE C'est au milieu d'une tumultueuse orgie que Raphaël évoque avec nostalgie les années studieuses qu'il passa dansune pauvre petite chambre haut perchée.

Au paisible panorama des„toits de Paris, au souvenir de ses frugaux repas,s'opposent violemment les ors et les pourpres des salons et «les flammes bleues du punch [qui] coloraient d'uneteinte infernale les visages».

À l'ouverture du roman, le tragique dénuement du tripot, «aux murs couverts d'unpapier gras à hauteur d'homme», succède à l'antre regorgeant de trésors de l'antiquaire.

Et, à la mansarde deRaphaël, succèdent les somptueux appartements de Foedora.

Ces contrastes dépassent la simple observationréaliste et concourent à créer un monde où les lieux, comme les êtres, prennent une dimension mythique. UNE MYTHOLOGIE RÉALISTE» En «exagérant» les caractères de ses personnages, Balzac les transforme en types humains.

Ainsi, le titre de laseconde partie du roman désigne explicitement Foedora comme la «femme sans coeur», type éternel de la coquettequi provoque le désir des hommes sans jamais s'y abandonner, figure exemplaire d'une société qui n'est sensible. »

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