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BALZAC: Le Lys dans la vallée

Publié le 28/02/2011

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Le Lys dans la vallée baigne dans une atmosphère religieuse particulière associant la nature à l'émotion pieuse, à l'exaltation et à l'appel de l'au-delà : de la sorte ce roman illustre le thème central du Génie du christianisme. Mais, plus encore que l'influence chrétienne, joue celle de l'occultisme propagé d'abord par Swedenborg, puis par Saint-Martin. Ce dernier est fréquemment invoqué par Henriette qui l'a reçu plusieurs fois à Clochegourde (p. 69). Du reste, le martinisme ou affirmation de la correspondance entre la terre et le ciel, de la communication du visible et de l'invisible, est une conviction profonde de Balzac, thème de La Peau de chagrin, de Louis Lambert et de La Recherche de l'absolu, écrits de 1831 à 1834. En 1835, Séraphîta, par une sorte d'ascèse, devient une créature désincarnée, purement angélique. Henriette, sa soeur terrestre aux aspirations contradictoires, est en quelque sorte le contrepoint de la mystique Séraphîta (voir p. 367). c/ Un autre thème romantique : la condition féminine.   

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« Il frappe par la combinaison d'une beauté physique éclatante et de la spiritualité qui s'exprime au travers durayonnement sensuel ; ce qui fait que cette femme n'inspire pas uniquement le désir. b/ La vie intérieure. On retrouve la même dualité : Un besoin d'aimer exacerbé par la longue frustration affective de l'adolescence : une mère sans tendresse, au lieud'amour «une blessante ironie» (p.

95).

Elle lui inspire « moins d'amour que de terreur » (ibid).

Cette frustration estpoursuivie par un mariage imposé avec un homme précocement vieilli : donc ni plaisir physique ni échange affectif.L'amour maternel ne peut combler cette attente amoureuse. Un besoin d'absolu, se manifestant sous deux aspects : — une pratique religieuse très profondément sincère et assidue : la prière du soir (p.

195), son recueillement àl'église où « la foi communiquait à son attitude je ne sais quoi d'abîmé, de prosterné, une pose de statue religieuse,qui me pénétra » (p.

109); — l'illuminisme mystique d'une disciple du philosophe ésotérique Saint-Martin par l'intermédiaire de sa tante.

Il lui aenseigné « la lumière de l'amour céleste et l'huile de la joie intérieure » (p.

69).

Ainsi s'est développé en elle un donde seconde vue et de prophétie (p.

193).

Aussi bien Félix et même M.

de Mortsauf la définissent souvent comme un« ange ( p.

7 8), un « séraphin », une « martyre », une « sainte », une « fleur sidérale » (p.

72). Deux conséquences : — le bonheur terrestre n'existe pas, ou l'on n'y peut accéder que par souffrance.

« Nous devons passer par uncreuset rouge avant d'arriver saints et parfaits dans les sphères supérieures » (p.

215) ; — un intense besoin de se donner se manifeste sous la forme de l'amour maternel : elle est la déesse mère entrevuepar Félix dès son premier séjour à Clochegourde.

Mes enfants, ((je les enfanterai de nouveau tous les jours» (pp.96-97).

M.

de Mortsauf, vieil enfant tyrannique, est lui-même l'objet d'une sollicitude toute maternelle : « Mon cœurest comme enivré de maternité» (p.

102). c/ Le conflit Devenue amoureuse d'un très jeune homme, elle-même épouse et mère, elle n'a d'autre ressource que de tenter unesublimation du désir qui prend les formes suivantes : — L'amour maternel.

Elle tente désespérément jusqu'à la fin de se convaincre que telle est la nature du sentimentqu'elle éprouve pour Félix, sentiment rendu vraisemblable à cause de la douloureuse enfance de celui-ci, qui a étécomme « une longue maladie » (p.

83) et de son apparence chétive.

Au bal, « trompée par ma chétive apparence,une femme me prit pour un enfant » (p.

34).

« A vingt ans passés, si malingre, si délicat » (p.

60). — La reconnaissance pour le dévouement de Félix, soit qu'il affronte pour l'amour d'elle les humeurs du mari, soit qu'ille soigne avec dévouement.

Elle « couvrait les témoignages de sa tendresse du brillant pavillon de la reconnaissance» (p.

230). — Le langage des fleurs (pp.

129 à 133).

Leur pureté ambiguë n'est qu'une expression voilée, à peine refoulée, dudésir. Echec final de la sublimation : — Apparition de la jalousie à la découverte que Félix a succombé à la séduction de lady Dudley : deux gestessignificatifs trahissent l'impétuosité du désir et le besoin de vengeance (p.

261). — Le déroulement de l'agonie d'Henriette : il y a, certes, une attitude d'acceptation de la mort et l'expression d'unrepentir chrétien (pp.

329, 330).

Mais cette scène édifiante et assez conventionnelle est précédée d'un long etbouleversant cri de rage et de révolte d'Henriette.

Ce sont, dit l'abbé qui l'assiste, « les fleurs fanées de sa jeunessequi fermentent en se flétrissant» (p.

311).

De même, la lettre posthume : «Ni le temps, ni ma ferme volonté n'ont pudompter cette impérieuse volupté » (p.

338).

Au terme de cette lettre, elle constate que les exigences de la chairne sont pas moins fortes chez elle que chez sa rivale : «Je ferai des folies comme \aày Dudley » (p.

321). Félix Il vit le même combat intérieur. a/ La première apparition d'Henriette.

Une femme ou un ange ? Il remarque un parfum, des épaules mais « depudiques épaules qui avaient une âme » (p.

34).

Le baiser incontrôlé tient de l'amant et du fils : «Je me plongeaidans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère » (p.

35).. »

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