BAUDELAIRE: LE SPLEEN DE PARIS (Analyse littéraire)
Publié le 22/02/2012
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«
sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, auxondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?»
Pour Baudelaire, il s'agit de se débarrasser du carcan des règles de la métrique afin de mieux épouser la diversité dela vie intérieure.
Mais ce n'est pas tout.
La conscience de l'homme moderne est inséparable du lieu où se joue ledrame de la «modernité» : la grande ville.
«C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports quenaît cet idéal obsédant.»
1 • LE THÈME DE LA VILLE SOLITUDE ET MULTITUDE
La ville offre à l'artiste un inépuisable sujet de méditation.
Dans le texte intitulé «Les Foules», Baudelaire montre lepoète à l'oeuvre dans la foule.
«Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance luiprésente.»
Cette souplesse d'esprit qui permet de se couler à l'intérieur de multiples existences n'est pas sans rappeler lafluidité plastique qui est, selon Baudelaire, l'une des principales caractéristiques du poème en prose.
Il y a là unesorte de géniale connivence entre le projet et sa réalisation esthétique.
Chacun des êtres auxquels s'attache le poète devient l'incarnation d'une solitude d'autant plus poignante que lafoule mène grand tapage tout autour.
Ainsi, le vieux saltimbanque,
«voûté, caduc, décrépit, une ruine d'homme, adossé contre un des poteaux de sa cahute [...] dont deux boutsde chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse.»
Cette figure misérable, muette au milieu d' «un mélange de cris, de détonations de cuivre et d'explosions de fusées»d'un feu d'artifice, apparaît à Baudelaire comme une terrifiante image de son avenir:
«vieux poète sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l'ingratitude publique et dansla baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer !»
Ailleurs, ce sont «Les Veuves» qui lui inspirent cette pensée :
«Il y a toujours dans le deuil du pauvre quelque chose qui manque, une absence d'harmonie qui le rend plusnavrant.
Il est contraint de lésiner sur sa douleur.
Le riche porte la sienne au grand complet.»
L'ÉTERNELLE VÉRITÉ HUMAINE
e- Au-delà de l'observation, au-delà de l'anecdote, la volonté de saisir une vérité générale se manifeste.
Ainsi, dans«Un plaisant», le «beau monsieur ganté» qui, au soir du Nouvel An salue ironiquement un malheureux âne accablé decoups en lui disant «Je vous la souhaite bonne et heureuse !» incarne aussitôt aux yeux du poète «tout l'esprit de laFrance», la «magnifique» stupidité de l'époque.
L'enfant riche qui regarde avec envie, par-delà les grilles de sa belle demeure, «un autre enfant sale, chétif, un desces marmots-parias» en train de jouer avec un rat vivant enfermé dans une boîte grillée, est le symbole de lapauvreté morale et l'insatisfaction perpétuelle de ceux que la vie a comblés de biens matériels («Le Joujou dupauvre»).
Une galerie de portraits touchants et dérisoires se dessine à la lumière crue des becs de gaz, dans lescafés étincelants ou dans des estaminets sordides, dont l'un a pour enseigne «À la vue du cimetière».
Sous levacarme des rues et des foires monte soudain la voix des morts :
«Maudites soient vos ambitions, maudits soient vos calculs, mortels impatients...»
(«Le Tir et le Cimetière»)
L'agitation frénétique de la ville est à la fois un vivier d'images, une source d'inspiration et le support d'uneméditation sur la vanité des choses : «Tout est néant.»
2.
LA PART DU RÊVE
FUIR
À ceux que font frémir les horreurs entrevues dans les replis des ruelles obscures, il reste la fuite dans le rêve.En contrepartie des «tableaux parisiens», Le Spleen de Paris célèbre les îles lointaines, les contrées fabuleuses situées, comme le dit le titre de l'un des poèmes en prose, «n'importe où hors du monde».
Le premier destextes, «L'Étranger», est en quelque sorte un autoportrait de Baudelaire, seul, sans famille ni amis, maisamoureux des nuages, «des nuages qui
passent...
là-bas...
là-bas...
les merveilleux nuages !».
»
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