Devoir de Philosophie

Bernard Lahire, Tableaux de famille (fiche de lecture)

Publié le 21/08/2012

Extrait du document

famille

Contrairement à Bernard Lahire, Pierre Bourdieu ne laisse pas de place à l’explication des facteurs de réussites paradoxales : quels sont les déterminants du succès des enfants des classes populaires qui parviennent à accéder aux classes dominantes. Comme nous l’avons vu, Bernard Lahire va s’intéresser au parcours scolaires des enfants en situation réussites ou d’échec scolaires et issus des classes populaires. Il va mettre en évidence des modèles éducatifs différents selon les familles qui expliqueront pourquoi l’enfant est en situation de réussite ou d’échec scolaire. Certaines familles auront une éducation rigide qui ne laisse pas de place à l’échec (celui-ci étant sévèrement sanctionné) avec des activités culturelles le plus souvent forcées. Le risque sera alors de voir l’école vécue comme une contrainte. D’autres familles auront une éducation basée sur l’encouragement par la récompense des réussites et la mise à disposition de pratiques culturelles, donc non contraintes. L’école sera alors plutôt vécue comme un plaisir. Il existe aussi d’autre facteur de réussite ou d’échec scolaire comme l’organisation domestique par l’écrit. Lorsqu’une famille même issue des classes populaires, s’organise en fonction d’emploi du temps, tient un livre de compte du budget familial, établit une liste de choses à faire (courses, bagages…) ou à dire (appel téléphonique), apprends à l’enfant à savoir gérer son temps, à distinguer les moments de plaisirs et de déplaisirs (qui lui permettront peut-être d’en retirer un bénéfice plus tard), à prévoir des imprévus… Un enfant ainsi habitué à réfléchir, s’organiser sera plus à même de s’adapter aux exigences de l’école.

famille

« n'est prévu ou planifié, tout est fait de mémoire.

Ce comportement familial est qualifié de spontanéiste et d'hédoniste par Bernard Lahire. 2.

Les caractéristiques des configurations familiales (explication des cas de Salima et d'Alberto)Bernard Lahire fait ressortir en tout cinq éléments pouvant expliquer la configuration familiale : les formes familiales de la culture écrite (que nous avonsdéveloppées plus haut), les conditions et dispositions économiques, les principes et les conduites de rationalisation et d'organisation de l'univers domestique, lesformes d'exercice de l'autorité familiale et les modes familiaux d'investissement pédagogique.

Il met en garde le lecteur sur le fait que ces différents traits deconfiguration familiale ne peuvent en rien être considérés comme des facteurs isolés et qui agiraient par eux-mêmes dans le sens de la réussite ou de l'échec scolaire.2.1.

Les autres caractéristiques des configurations familialesLes conditions et disposition économiques : Bernard Lahire fait l'hypothèse, ou plutôt fait le constat qu'une famille possédant peu de ressources est moins encline àposséder une culture écrite (les livres, les musées, le cinéma… tous cela à un certain coût, trop élevé quand le budget est à peine suffisant pour payer l'alimentation,l'habillement et les factures).

Le budget limité a pour conséquence un rapport au temps limité, il ne permet pas la projection dans le temps pour prévoir des activités,il ne permet pas de faire des budgets etc.

Dans de telles conditions, un enfant ne peut pas (ou très peu) avoir de rapport à la culture écrite, seule l'école lui permettrad'apprendre la culture écrite, d'apprendre à planifier et à se projeter dans l'avenir.

Or, le rapport à l'écrit familial étant distant de celui que demande l'école, l'enfantdevra apprendre à composer avec ces deux milieux différents, il sera en outre moins adapté aux exigences de l'école (capacité à renoncer aux plaisirs immédiats pouren tirer des bénéfices plus tard…)Les principes et les conduites de rationalisation et d'organisation de l'univers domestique : que Bernard Lahire appelle l'ordre moral domestique.

Le fait que lesparents attachent de l'importance aux mêmes valeurs que l'école, comme le respect de l'adulte, la capacité à obéir sans discuter, à se tenir tranquille, travailler quandon le lui demande, permet à l'enfant de mieux se conformer à aux demandes scolaires.

Ainsi, le temps que passent ensemble parents et enfant est important dans latransmission des valeurs.

De même, il est nécessaire que les parents suivent et s'intéresse à la scolarité de leur enfant et se conforment dans leurs exigences à celles del'école.Les formes d'exercice de l'autorité familiale : Bernard Lahire met en évidence que l'école est un lieu où la discipline est un maître mot.

Ainsi, lorsqu'un enfant est trèstôt confronté à cette notion au sein de sa famille, il sera à même de reproduire et de répondre à cette discipline à l'école.

Un enfant qui sait s'autocontraindre (se mettreau travail, être discret…) aura un comportement adapté et valorisé par l'école.

Mais l'autorité parentale peut être inexistante dans une famille, et l'enfant qui ne serapas habitué à obéir et à s'autocontraindre se retrouvera en décalage dans le milieu scolaire.

Il aura plus de difficulté que les autres pour s'adapter à l'école, donc à seconformer à ses exigences et donc à réussir selon les critères valorisées par elle.Les modes familiaux d'investissement pédagogique : selon Bernard Lahire lorsque les parents (ou au moins l'un des deux) s'intéressent aux devoirs de son enfant, leslui fait faire, le sermonne lorsqu'il a des résultats qu'ils jugent mauvais, le félicite lorsqu'il en a de bons… L'enfant qui aura le plus de chances de réussir scolairementsurtout dans les milieux défavorisés sera celui dont les parents seront les plus présents.

Néanmoins, il est nécessaire que les jugements de valeurs (bons ou mauvaisrésultats, notions de ce qui est juste ou non…) des parents et de l'école soient les mêmes.

Il existe bien d'autres façons de s'investir pédagogiquement.2.2.

Analyse de la situation de SalimaSalima est au CE2, elle a 8 ans, est à l'heure scolairement et a obtenu 7,2 sur 10 à l'évaluation.

Ses parents ne sont jamais allés à l'école, ni en France ni dans leurpays d'origine : l'Algérie.

Le père lit un peu le français, n'écrit ni le français ni l'arabe.

Tandis que la mère est entièrement analphabète.

Salima a suivi deux ansd'orthophonie pendant ses années de maternelles.

Elle est jugée un peu moins brillante que son grand frère âgé de 10 ans, décrit par ses professeurs comme un enfant« avide de connaissances », Bernard Lahire explique ce décalage par la représentation sexuelle des rôles (très classique) du père.

Il encourage son fils à se débrouillerpour réparer son vélo par exemple, tandis que Salima apprends la cuisine avec sa mère.

Cette dernière étant analphabète et ne s'occupant pas du tout de l'éducationscolaire de ses enfants, Salima doit composer avec un décalage entre une mère étrangère à la culture écrite et l'univers scolaire.

Salima n'a jamais redoublé et estrestée constante tout au long de l'année malgré une situation familiale plutôt difficile : des parents presque analphabètes, ouvriers non qualifiés.Cependant, si les parents ne montrent pas l'exemple des pratiques écrites : le père lit un peu les journaux mais surtout les faits divers et le sport, mais est incapable delire des romans.

En revanche le père montre l'exemple de l'utilisation du dictionnaire essentiellement parce qu'il joue au scrabble.

Le père lit son courrier, remplit lespapiers (impôts, écoles…) et les signe, pour le reste c'est un cousin à lui qui lui fait les papiers.

Il range ses papiers, mais pas de manière ordonnée, il ne s'occupe pasdu budget, ne fait pas de pense-bêtes ni de liste de courses, n'écrit rien sur le calendrier et n'utilise pas d'agenda.

Peut-être parce qu'il ne sait pas écrire ou trèsdifficilement.

Par contre, il encourage, exige même que ses enfants utilisent des pense-bêtes, inscrivent sur leur calendrier des rendez-vous, à se servirent des agendasetc… Il leur achète un cahier de vacances et leur demande de le faire, il va même jusqu'à leur demander d'écrire un journal de vacances, ce que Salima fait sansrechigner, elle veut devenir « écriveuse ».Si le père ne connait pas la classe de ses enfants, ni ne va à réunion scolaire ou à la rencontre des enseignants cela ne veut pas dire qu'il ne s'intéresse pas à leurscolarité.

C'est lui qui vérifie les devoirs, qui les aident à les faire (dans la mesure du possible), regarde leur note… Parfois, il est trop fatigué pour vérifier les devoirde ses enfants et se contente de leur demander s'ils les ont fait, il leur fait confiance.

Il a une grande autorité sur ses enfants, lorsqu'il dit quelque chose ceux-cis'exécute, d'ailleurs l'enseignant en fait la remarque : les enfants ont une grande capacité à se mettre au travail quand il lui demande, à être attentive, discrète et doncdisciplinée.

Il connait les points forts et les points faibles de ses enfants.

Le père est sensible aux notes de ses enfants, et se dit parfois contrarié par celles de Salimaalors que ses résultats sont loin d'être insatisfaisants.

Mais, il ne frappe pas ces enfants, il ne fait que les gronder.Salima possède sa propre bibliothèque et son père l'accompagne à la bibliothèque municipale, malgré la fatigue du à son travail son père tient à participer à desactivités avec ses enfants il les a inscrit à des activités sportives et les laissent faire des sorties avec le centre social.

Le père ne donne pas l'exemple de l'organisationfamiliale par l'écrit mais demande à ses enfants de le faire, il ne possède qu'un très faible rapport à la culture écrite mais encourage ses enfants à lire et écrire.2.3.

Analyse de la situation d'AlbertoAlberto est en CE2, il a 8 ans, est à l'heure scolairement et à obtenu 3,3 sur 10 à l'évaluation.

Ces parents sont des immigrés portugais, le père est allé à l'école auPortugal mais a dû arrêter très tôt pour travailler, sa mère est allée à l'école en France et à eu un parcours scolaire très difficile selon elle serait resté à l'école primaire(CM2) jusqu'à 15 ans.

Le père est ouvrier paysagiste et la mère est ouvrière dans une usine.Le père lit un peu le journal et l'achète quand il y pense, tandis que la mère ne le lit pas du tout car elle associé politique (ce dont elle a horreur) et journal.

Lesparents lisent très peu et pas de livre ou de bande dessinée et ne possèdent aucune bibliothèque, ne vont pas à la bibliothèque municipale, ne sont pas abonnées à unorganisme de vente de livres par correspondance… Ils ont acheté un dictionnaire pour Alberto, mais ni les parents ni l'enfant ne l'utilise.

De temps en temps lesparents d'Alberto lui achètent des livres comme Picsou, Martine, ou d'autres petits livres à images.

Les parent ne font pas de comptes précis, ne rédigent pas de chosesà faire ou à emporter en voyage, ils ne font pas non plus de liste de courses, mais la mère laisse parfois des petits mots pour demander à son mari de faire telles outelles choses.

Ils ne font ni mots croisés, ni mots fléchés ni scrabble, ils trouvent cela trop dur pour eux.

La mère s'occupe de remplir les papiers administratifs, desmots pour l'école… C'est elle encore qui va aux réunions de l'école.

Elle suit la scolarité de son fils et dit qu'il a des difficultés en mathématiques, en orthographe et enlecture mais que la situation s'améliore depuis qu'il va chez un orthophoniste.

Lorsque l'enseignant convoque les parents, ceux-ci ont tout de suite pensé qu'Albertoavait fait une bêtise alors qu'il souhaitait parler des résultats scolaires.

Elle vérifie la scolarité de son fils et corrige ses devoirs, les lui fait recommencer quand elle lejuge nécessaire.

Elle estime qu'Alberto sait un mot même s'il lui ajoute ou enlève une lettre, alors que le système scolaire estime qu'une faute par mot est le signed'une très mauvaise maîtrise de l'orthographe.

Alberto se fait prier pour faire ses devoirs, sa mère est obligée de le lui demander plusieurs fois, elle lui achète uncahier de vacances mais il le fait quand il en a envi.

Alberto n'est jamais vraiment puni, ses parents le gronde tout au plus.D'après ses parents avant même de poser son cartable en rentrant de l'école Alberto allume la télévision, et peut se coucher à l'heure qu'il veut, son père dit qu'il n'estjamais pressé d'aller au lit et se couche donc tard si ses parents ne lui disent rien.

Ses parents posent des règles de vie dans le principe, mais il existe une très fortedifférence entre les principes et les pratiques effectives.

Même si il existe des règles de vie dans la famille d'Alberto, il a l'habitude de les transgresser sans qu'aucunepunition ne vienne punir ses désobéissances.

Ses parents s'étonnent du comportement renfermé à l'école alors qu'ils le laissent faire ce qu'il veut.

Il est probablequ'Alberto répète les angoissent familiales de ses parents par rapport à l'école.

La mère affirme qu'elle avait beaucoup de difficulté en mathématiques, et l'enseignant. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles