Bucoliques
Publié le 05/04/2013
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Publiés en 37 av. J.-C., les Bucoliques sont les premiers poèmes de Virgile. On y sent l'empreinte des paysages agrestes où le poète, originaire de Mantoue, passa sa jeunesse. Derrière les travestissements de la bergerie et les figures mythologiques, les chrétiens des premiers siècles ont cru reconnaître, dans l'enfant que chante l'églogue IV, le Messie lui-même...
«
« Daigne seulement,
chaste Lucine, favoriser
la naissance de
l'enfant ...
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~ ------ - EXTRAITS
Mélibée le spolié à Tityre
Heureux vieillard, ainsi tes champs te reste
ront! Et ils
te suffisent, bien que la pierre à
nu affleure partout et qu'un marécage borde
les prés de jonc limo
neux ; des pâturages in
connus ne mettront pas
à l'épreuve tes femelles
pleines ; elles n'auront
pas
à subir la contagion
malsaine d'un troupeau
voisin .
Heureux vieil
lard, ici, au milieu des
cours d'eau familiers
et des sources sacrées,
tu chercheras l'ombre
et le frais.
D'un côté,
comme toujours,
à la
lisière du voisin, la
haie, où les abeilles
de
/' Hybla butinent la
fleur du saule, t'invitera
souvent
au sommeil par
son léger bourdonne
ment ; de /'autre, au
pied de la roche
élevée, l'émondeur jettera sa chanson en
plein vent.
Églogue 1
La naissance d'un enfant qui préfigure,
pour les exégètes chrétiens, la venue
du Christ
Le voici venu, le dernier âge prédit par la
prophétie de Cumes ; la grande série des
siècles recommence.
Voici que revient
aussi la Vierge, que revient le règne de
Saturne ; voici qu'une nouvelle généra
tion descend des hauteurs du ciel.
Daigne
seulement, chaste Lucine,
favoriser la
naissance de /'enfant qui verra,
pour la
première fois, disparaître la race
de fer, et
se lever, sur le monde entier, la race
d'or ;
voici le règne
de ton frère Apollon.
C'est
précisément sous ton consulat, oui, sous le
tien, Po/lion, que cette ère glorieuse dé
butera, et la Grande Année fera ses pre
miers
pas sous tes ordres.
S'il demeure
quelques traces de notre scélératesse, leur
impuissance affranchira la terre d'une in
cessante terreur.
Cet enfant aura part
à la
vie des
dieux ; il verra les héros mêlés aux
divinités, on le verra lui-même parmi
elles, et il gouvernera le monde pacifié
par les vertus de son père .
Dédicace à Pollion, gouverneur de la
Gaule Cisalpine, églogue IV
Les Amours tourmentées de Gallus
Quels bocages, quelles clairières vous
retinrent, jeunes Naïades, quand Gallus
se
mourait d'un amour malheureux !
Car ni les sommets du Parnasse, ni ceux
du Pinde ne vous
ont arrêtées, ni
Aganippe d' Aonie.
Sur lui les lauriers
eux-mêmes, les tamaris eux-mêmes
ont
pleuré; sur lui, tandis qu'il gisait au pied
d'une roche solitaire , le Ménalque lui
même, avec ses pins, a pleuré, ainsi que
les rochers du
froid Lycée.
Immobiles,
tout autour, se tiennent
les brebis (elles ne nous
dédaignent
pas ; ne les
méprise pas non plus,
divin poète ( ...
) ; vint
aussi le berger ;
à pas
lents vinrent les por
chers ; Ménalque est
venu, trempé par la glan
dée d'hiver.
Tous deman
dent :
« La cause de cet
amour
? » Vint Apollon :
«Gallus, dit-il, quelle est
cette folie
? Lycoris ton
aimée a suivi un autre
homme
à travers les
neiges
et les camps fa
rouches.
»
Églogue X
« Quels bocages, quelles
clairières vous
retinrent, jeunes
Naïades?
.•• ,.
NOTES DE L'ÉDITEUR de ses œuvres, veilla aux biens de Virgile
tant qu'il fut gouverneur de Gaule
Cisalpine.
Ceux-ci lui seront néanmoins
confisqués sous le successeur de
Pollion,
Alphenus V aro, avant de lui être
définitivement restitués grâce
à une
intervention de son condisciple et futur ami,
Cornelius Gallus.
du
prophète;
c'est la sécurité du voyant.»
Jacques Perret, Virgile, Seuil, 1969.
42-39 av.
J.-C.: Virgile réunit sous le titre
de
Bucoliques, dix poésies de jeunesse.
Cette période correspond aussi aux déboires
personnels du poète, en butte aux mesures
qui distribuent domaines et terres privés aux
vétérans des guerres civiles.
Cette mesure
douloureuse, en vertu de laquelle on tente
d'arracher
à Virgile le domaine paternel
chéri, n'entamera pas son optimisme dans le
genre humain.
Son ami Pollion, inspirateur
«Tandis qu'auprès d'eux tout s'écroule,
il est des esprits, quelquefois, qui ne
peuvent cesser d'espérer, mieux:
d'affirmer.
Ce
n'est pas l'enthousiasme
1 Harlingue-Viollet 2, 3, 4, 5 peintures anonymes du XVIII< siècle, Paris, musée du Louvre
« Poète dont le désir et les artifices se
développent ; homme des champs, mais
homme menacé d'expropriation, quasi
ruiné par les exactions de la soldatesque
victorieuse, réduit
à s'adresser aux
puissances du jour et
à se ménager des
protecteurs, telle est la triple condition
de l'auteur des
Bucoliques.» Paul Valéry,
«Variations sur les Bucoliques», dans
les
Bucoliques, Gallimard, 1956.
VIRGILE04.
»
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