Cent Ans de solitude
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
La guerre des libéraux contre les conservateurs, qui est l'une des trames du récit, est fondée sur un épisode réel de l'histoire de la Colombie. Les guerres civiles prirent fin en 1901. Toute une jeunesse libérale, formée dans le culte de Garibaldi et du radicalisme français, y avait été décimée en montant à l'assaut avec chemises et drapeaux rouges. Macondo, traduction littéraire du village natal de l'auteur, Aracataca, est un lieu en que lque sorte mythique, que l'on retrouve dans plus ieurs oeuvres de Garcia Marquez. Certains critiques y ont vu l'expression du paradis perdu, celui de l'enfance ou celui de l'humanité, au sein duquel le temps tourne à vide.
«
« •..
et tout le monde
fut sa isi de terreur à
voir les chaudrons, les
poêles, les tenailles et les chaufferettes tomber tout seuls de la place où ils étaient.
»
EXTRAITS ~~~~~~~-
Le portrait d'un libéral
Le colonel Aureliano Buendiafut à l'origine
de trente-deux soulèvements armés et autant
de
fois vaincu .
De dix-sept femmes diffé
rentes, il
eut dix-sept enfants mâles qui
furent exterminés l'un après l'autre dans la
même nuit, alors que l' aÎné n'avait pas
trente-cinq ans.
Il échappa à quatorze
attentats, à soixante-trois embuscades et à
un peloton d'exécution.
Il survécut à une
dose massive de strychnine versée dans son
café et
qui eût suffi à tuer un cheval.
Il
refusa l'
Ordre du Mérite que lui décernait
l e président de
la République.
il fut promu
au commandement général desforces révo
lutionnaires, son autorités' étendant sur tout
le pays, d'une frontière
à l'autre, et devint
l'homme
le plus craint des gens au pouvoil;
mais jamais il ne permit qu 'on le prît en
photographie.
Le cercle vicieux du temps
José Arcadio le Second continuait à relire
les parchemins.
Rien
n'était plus discer
nable dans la broussaille touffue de son
système pileux que ses dents hachurées de
vert-de-gris et ses
yeux immobiles.
En
reconnaissant
la voix de son arrière-grand
mère, il tourna la tête vers
la porte, essaya
de sourire et, sans le savoir, répéta une
ancienne phrase d' Ursula .
- Que voulez-vous, murmura-t-il , le temps
passe.
-
C'est un fait, répondit Ursula, mais pas à
ce point-là.
En
disant ces mots , elle se rendit compte
qu'elle était en train
de lui adresser la même
réplique
qu'elle avait reçue du col one l
Aureliano Buendia dans sa cellu le de
c ondamné et, une fois
de plus, elle fut ébran
lée par cette autre preuve que
le temps ne
passait
pas- comme elle avait fini par l' ad
mettre- mais tournait en rond sur lui-même.
La fin d'un règne
Macondo était déjà un eF
frayant tourbillon de pous
sière et de décombres cen
t rifugé par la colère de cet
ouragan biblique, lorsque
Aureliano sauta onze pages
pour ne pas perdre de temps
avec des
faits trop bien
co nnus, et se mit à
déch!f
frer l'instant qu'il était en
train de vivre, le déchiffrant
au
fur et à mesure qu'il le
v ivait, se prophétisant lui
même en train de
déch(tfi-er
la dernière page des ma
nuscrits, comme
s'i l se fût
regardé dans un miroir de paroles.
Alors il
sauta encore des lignes pour devancer les
prophéties et cherche r à connaÎtre la date et
les circonstances de sa mort.
Mais
avant
d'arriver au vers final, il avait déjà compris
qu'il ne sortirait jamais de cette chamb re,
car il était dit que
la cité des miroirs (ou des
mirages) serait rasée par le vent et bannie
de la mémoire des hommes à
l'instant où
Aureliano Babilonia achèverait de
déchif
ji-er les parchemins, et que tout ce qui y était
écrit demeurait depuis toujours et resterait
à
jamais irrépétible, car aux lignées
condamnées à cent ans
de solitude, il n'était
pas donné sur terre de seconde chance.
Traduit de l'espag nol par Claude
et Carmen Durand .
Éditio ns du
Seuil, 1968
« Les danses et la musique semèrent par les ru es une si folle
a llégresse qu'on eût dit le village en éme ute ...
»
NOTES DE L'ÉDITEUR -Non, j'ai simp lemen t vo ulu laisser un
témoignage poétique sur le monde de mon
enfance qui -comme
tu le sais - s'est
déroulée dans une gra nde maison triste,
avec
une sœur qui mangeait de la terre,
« La cité fondée par José Arcadio Buendia
et sa femme
Ursula serait à jam ais « bannie
de
la mémoir e des homme s » si Gabrie l
Garcia Marquez
n'ava it ouvert la troisième
voie vers Macondo.
( ...
) Mai s sa route,
romanesque et mythique , mena les millions
de lecteur s de
Cent Ans de solitude jusqu 'à
Macondo en un récit si lumineux et si peu
h e urt é qu'il paraissa
it écrit avec une plume
a rra chée à l
'ange du Temps.
» J.-F.
Fage!,
« La Longu e M arche vers Macondo »,le
Magazine littéraire, février 1981.
« -Que te proposais-tu le jour où tu t'es
assis devant ta machine pour écrire
Cent
Ans
de solitud e ?
- Donner une issue littéraire, intégra le, à
toutes les expériences qui
d'une façon ou
d'une autre m'av aie nt marqué dans mon
enfance.
- Beaucoup de critiques voient dans le livr e
une parabole ou une a llégorie de l' histoire
de l'hum anité .
une
grand -mère qui devinait l'ave nir et de
nombreux parents qui portaient souvent
l e même prénom et
n'ont jamais fait
c lairement
la distinction entre le bonheur et
l a démence.
» Gabriel Garcia Marquez,
e ntr etie n avec
Plinio Mendoza, Une Odeur
de goyave, traduit de l'espagno l par
J.
Gilard , Bel fond, 1982.
1 Len Sinnan Press 2, 3.
4, 5 dess ins d'Ursula G .
Für st.
Taf.:es An:eiger, Zuric h.
1992 MARQUEZ 0 2.
»
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