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CERVANTES Miguel (de), Don Quichotte

Publié le 22/02/2012

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Parce qu'il se passionne trop pour les romans de chevalerie, qu'il a tous lus, Don Quichotte prétend à ses amis, le curé et le barbier, que ces récits rapportent des faits réels. Faisant siens les idéaux chevaleresques, il empoigne les armes de ses aïeux, se fabrique une visière en carton, baptise sa vieille rosse Rossinante et se choisit le nom de Don Quichotte de la Manche. Enfin, comme tout chevalier errant qui se respecte a le coeur prisonnier d'une belle dame, il baptise une paysanne Dulcinée du Tobosco et prend la route, avide d'exploits qui feront sa renommée auprès du monde et de sa bien-aimée. Après une journée de marche, il arrive à une auberge qu'il voit comme un château. Prenant les filles de joie pour des princesses et l'aubergiste pour le châtelain, il leur demande de l'armer chevalier. ?
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« son chevet. La modernité de Cervantès. Dès le prologue du Quichotte, Cervantès se démarque des récits de la chevalerie et des ouvrages de son époque en affirmant qu'il ne parvient pas à écrire le prologue et éprouve une vive contrariété à n'avoir pas de citations latinesou d'extraits de philosophes à citer en bas de page.

Qu'importe, lui répond un ami, afin de donner plus de crédibilitéau récit auprès des érudits, il suffit de l'émailler de citations inventées de toutes pièces qu'il attribuera aux auteursfameux.

Personne ne vérifiera et, puisque le propos de l'ouvrage est de ruiner l'autorité des écrits de chevalerie,tout ce fatras pseudo-philosophique s'avère inutile.

Le ton est donné et l'ouvrage est, à ce titre, le premier romanmoderne.

L'auteur intervient fréquemment dans son récit, joue à cache-cache avec le lecteur, prétendant rapporterla traduction d'un original arabe dû à l'historien Cid Hamet Benengeli et, surtout, met en lumière des procédésnarratifs. Parodie et réflexion sur l'écriture Deux plans d'interprétation se dégagent de la lecture de cette première partie.

D'une part, la parodie du roman dechevalerie représentée par le premier niveau du récit, c'est-à-dire les situations cocasses dans lesquelles l'auteurplace et fait agir ses héros.

D'autre part, une réflexion sur l'écriture qui tient aussi bien dans le postulat de départ(les livres sont-ils la réalité, comme le croit Don Quichotte?) que dans l'écriture même (Cervantès se metconstamment en dehors du récit, fait intervenir des discours sur les récits; par exemple, le discours du chanoine etdu curé).

En ce sens, l'ouvrage ne peut être ramené à une simple parodie.

Fréquemment, le chevalier à la tristefigure passe à l'arrière-plan du récit pour laisser la place à une multitude de récits imbriqués, racontés par lespersonnages croisés en chemin (Chrisostome, le curieux extravagant, le pauvre Cardenio, le captif...).

Tous cesrécits introduisent en contrepoint de l'idéal de chevalerie (générosité, grandeur morale) et du réalisme pratique deSancho Pança d'autres idéaux de vie tels qu'ils sont rapportés par les ouvrages en vogue à l'époque (pastorale, récitpicaresque).

L'ensemble donne une vision du monde constituée par le jeu des points de vue et née de laconfrontation des différentes opinions. La folie de deux héros Si, tout au long du récit, Don Quichotte est considéré comme fou par ses contemporains parce qu'il prétend croire lemonde soumis à son propre point de vue, Sancho n'échappe pas au même jugement, mais pour une raison opposée.Homme éminemment pratique, il base son mode de vie sur la tradition orale, usant et abusant de proverbes pleins dece bons sens populaire qu'il représente; il est lui-même atteint d'une folie proche de celle de son maître.

Lui aussiveut réaliser ses rêves quoi qu'il lui en coûte et sa volonté de gouverner une île est telle qu'il accepte et prend poursienne la vision du monde de son maître. Au niveau de l'écriture elle-même, Cervantès prend le contre-pied du point de vue de ses personnages et rapporteleur histoire comme véridique.

Ce qui lui permettra d'introduire dans la seconde partie les lecteurs de la première.Quichotte et Sancho sont accueillis non pas comme des figures de roman mais comme des héros dont le récitvéridique aurait circulé.

L'astuce mérite d'être soulignée parce que, prétendant démontrer la non-correspondancedes romans de chevalerie avec la réalité, Cervantès utilise ses lecteurs pour souligner la véracité de son récit etdonc se parodie lui-même.. »

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