Charmes de Valéry (résumé)
Publié le 11/11/2018
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Charmes
Préparé en 1920 par Odes (« Aurore », « la Pythie », « Palme »), publié en 1922, complété et réorganisé en 1926, enrichi d'une préface de l’auteur en 1928, le recueil prend sa figure définitive en 1929 et rassemble les œuvres maîtresses de la maturité de Valéry. Le titre joue sur les deux sens du latin carmina : « poèmes », mais aussi « sortilèges, envoûtements ». Si la première édition donne approximativement les pièces selon l’ordre alphabétique des titres, les suivantes font alterner pièces majeures (« Fragment du Narcisse », « la
«
VAL
ÉRY
Pyth ie», «Ébauche d'un serpent», «le Cimetière
marin >>) et pièces de moindre ampleur entre « Aurore »
et «P alme>> , qui sont le même poème dédoublé.
Cette
disposition, qui ménage au lecteur des contrastes bienve
nus entre la brièveté et le développement, la grâce et
la rigueur, la légèreté et la gravité, est-elle aussi une
composition organique qui ferait de l'ensemble un
«p oème de poèmes >>? Dès 1927, Émilie Noulet croyait
déceler dans le recueil le drame de la création intellec
tuelle ou artistique, de sa genèse à son accomplissement,
et attribuait à chaque poème une fonction allégorique.
En 1956, Daniel Gallois développa sur d'autres bases
cette thèse organiciste.
J.
Duschesne-Guillemin et P.-O.
Walzer, par contre, sont restés sceptiques, avec tout
autant d'arguments.
C'est que bien des pièces courtes
(comme « la Dormeuse>>, « la Fausse Morte», « Inté
rieur >>), dans leur grâce précieuse et galante, se satisfont
d'un sens unique, tandis que d'autres (comme
«l 'Abeille», «les Pas», «les Grenades>>, «le Yin
perdu>>, « Ode secrète>>) sont des matrices de sens infi
niment accueillantes à toutes les interprétations symboli
ques.
Entre ces deux pôles (rhétorique et poétique, pour
le dire brièvement) se situent les autres poèmes, où s'ex
priment musicalement une esthétique et une philosophie.
Apologie de la lucidité, du calcul studieux et de la
volonté perfectionniste, le « Cantique des colonnes >>
chante la perfection apollinienne de l'art grec.
Mimésis,
en vingt-deux dizains, des convulsions et du délire de
l'inspirée, «la Pythie>> fait l'éloge, dans le vingt
troisième, du langage poétique réfléchi, discipliné et
équilibré, seul moyen d'accéder à l'universalité d'un
lyrisme objectif: à sa façon, « la Pythie >> récuse la transe
et l'automatisme que préconisent à la même époque les
surréalistes.
«Aurore>> évoque l'amorce matinale de la
méditation poétique, «Palme » représente l'achèvement
de 1 'œuvre lentement mûrie.
« Au platane >> dépeint les
rapports de l'homme et de la nature, le mystère du végé
tal à jamais enchaîné au sol et qui ne peut, comme fait
l'h,omme, se libérer de la matière par l'effort spirijuel.
« Ebauche d'un serpent >> paraphrase l'épisode de l'Eden
évoqué dans la Genèse et met en scène le machiavélisme
du Tentateur biblique : le Malin a la parole et, avec une
bonhomie vulgaire, décrit la vulnérabilité des humains
et la tentation d'Ève.
Mais le poème s'achève sur l'exal
tation de l'ambition luciférienne : fauteur sans doute de
désordre et de mort, l'arbre de la science n'en hisse
pas moins jusqu'au divin ce quasi-néant, ce «roseau
pensant >> qu'est l'homme.
Enfin, le plus célèbre des poè
mes de Charmes, > , à
« Palme )) ; l'alexandrin tend à s'effacer, et l'exercice
des odes réside surtout dans les séquences de dizains
d'octosyllabes (« la Pythie », «Ébauche d'un serpent>>)
et de sizains de décasyllabes, dont on sait que c'est le
mètre le plus énergiquement structuré de notre langue
( « le Cimetière marin >> ).
2532 ··-- --·- ---------- --- .
BIBLIOGRAPHIE Édition avec commentaire d.
Alain, Paris, Gallimard, 1929:
édition pratique à usage pédagogique, prés en tée par Robert
Monestier dans les Classiques Larousse ( 1958-1959).
A co ns ulte r.- Gustave Cohen.
Essai d'explication du « Cime
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Aust in .
Édition criti
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la Pythie chez Paul Valéry, Paris, Belles-Lettres, 1969; Mic h el
Malherbe.
« 1 'A be ille» .
dans Bulletin des Études valéryennes
n• 24, juin 1980..
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