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CHIEN JAUNE (le). Roman de Georges Simenon (résume et analyse complète)

Publié le 24/10/2018

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CHIEN JAUNE (le). Roman de Georges Simenon (Belgique, 1903-1989), publié à Paris chez Fayard en 1931.

À Concarneau, le 7 novembre. M. Mostaguen, un des notables de la ville, s'écroule, atteint dune baile tirée à travers la porte d'une maison vide. Il a trois amis, qu'il retrouve régulièrement au grand café-hôtel de l'Amiral : le docteur Michoux, le pseudo-journaliste Jean Goyard. dit Jean Servières, et l’héritier d'une famille d’industriels, Yves Le Pommeret Tous gens de bonne famille, plus ou moins « dégénérés ». Maigret vient enquêter sur le crime. L'atmosphère s’épaissit - tentative d'empoisonnement au café, disparition (après, semble-t-il, une agression) de Jean Servières, mort de Le Pommeret qui succombe à une intoxication à la strychnine. Un mystérieux chien jaune erre parmi les tables du café et les rues de la ville. L'épouvante croît à Concarneau. On arrête un vagabond, qui s'échappe. Maigret dénouera le mystère : c'est le docteur Michoux le coupable ; le secret de l'affaire réside dans un trafic de cocaïne auquel tous ces notables étaient mêlés, ainsi que Léon, le vagabond.

On retrouve dans le Chien jaune bien des traits essentiels de l'œuvre de Simenon. Une peinture fort sombre de la haute bourgeoisie provinciale, avec ses rites, ses rencontres, ses hypocrisies. Léon a connu l'enfer de la prison américaine de Sing-Sing à cause du trafic de cocaïne où l'avaient engagé les messieurs de Concarneau avant de le dénoncer. Il revient pour se venger, et le thème de Monte-Cristo rôde dans ce roman, qui rappelle parfois les grandes fresques romantiques - corruption des riches, innocence des pauvres, pureté de l'amour d'Emma, la fille de salle, et de Léon, le vagabond, qui trouvent enfin le bonheur. Romantique aussi ce thème, qui reparaîtra dans tant d'œuvres de Simenon, d'une faute commise jadis, qui ravage la vie, quand les vieux complices se croient protégés par leur respectabilité.

Mais, par-delà l'évocation d'une atmosphère, le Chien jaune est exemplaire de la « méthode » Maigret - qui n'en est pas une puisqu'elle ne peut ni se transmettre ni être utilisée par d'autres, tant elle repose sur l'expérience sensible et donc individuelle, sur une recherche de la vérité humaine qui évolue d'heure en heure, parfois même de minute en minute. Tenter de définir Maigret revient Invariablement à procéder par négations ; il se méfie des déductions - surtout si elles sont brillantes -, il refuse les techniques sophistiquées d'investigation policière, il n'aime pas les esprits méthodiques et redoute les schémas psychologiques trop rigides. Maigret prend d'ailleurs volontiers des libertés avec les règles de l'institution à laquelle il appartient et a tendance à se comporter comme un privé. Assis, des heures durant, à une table de l'hôtel de l'Amiral, silencieux et accompagné de sa pipe, il s’insinue peu à peu dans la vie secrète des protagonistes du drame jusqu'à entrer en osmose totale avec eux. Le personnage d'Emma, la fille de salle, pourrait justifier l'inscription du Chien jaune dans la catégorie du roman d'analyse. C'est en effet à partir d'elle et de son étrange

simenon

« regard que Maigret reconstitue l'his­ toire des amours malheureuses d'Emma avec Léon, et découvre le pourquoi d'une série de crimes que rien ne semblait pouvoir expliquer.

Ce qui intéresse Maigret est le mobile de l'acte criminel; aussi les indices rete­ nant son attention ne sont pas de l'ordre du fait - montre arrêtée à rheure du crime, empreintes ou lam­ beau de tissu retrouvé dans la main crispée de la victime -, ·mais plutôt d'un ordre existentiel.

Ce sont les véri ­ tés refoulées qui engendrent la déviance meurtrière et ce sont ces véri­ tés-là que recherche le policier.

Aussi l'enquête va-t-elle davantage s'orienter vers le passé du suspect ou les événe­ ments qui ont récemment bouleversé sa vie que vers son emploi du temps le jour du crime.

Le chien qui apparaît et disparaît à interva lles réguliers pour ponctuer les temps forts de l'intrigue contribue lar­ gement à créer le climat de peur qui s'installe à Concarneau et qui se cristal­ lise sur le personnage de Michaux ; c'est la peur «qui est à la base de tout ce drame,, explique Maigret au moment du dénouement.. »

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