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Christophe Dejours – L'évaluation du travail à l'épreuve du réel

Publié le 02/08/2012

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Souhaitée par les travailleurs, car porteuse de l’utilité et de la qualité donnée, l’évaluation du travail, avec les moyens actuels, n’est toujours pas objective.  Vers une évaluation équitable ? Cela sous-entend un idéal de justice plus que de vérité.  Avant la donne actuelle, la mobilisation subjective individuelle et surtout collective des travailleurs permettaient d’obtenir des performances globales excellentes. Ce facteur relève d’une dynamique qui repose sur un couple contribution-rétribution. Cette rétribution (essentielle pour l’accomplissement de soi) est symbolique et prend la forme de jugements (et non de mesurages) intégrant des critères d’efficacité et de justice : la reconnaissance.  On parle alors de jugements d’utilité (technique, sociale ou économique) ou de beauté (celui des pairs, le plus précieux).  Aujourd’hui, peut-on les rétablir ? Difficile à croire au regard de la part croissante des activités de services où les nouveaux métiers sont peu stables et durables. Par conséquent, la reconnaissance par les pairs devient impossible.

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« L'évaluation : nouveaux défis, nouvelles doctrines L'émergence et la proportion importante des activités de service entraînent de nouvelles difficultés d'évaluation. - L'évaluation des performances Toutes ces nouvelles tâches immatérielles, car relationnelles, sont invisibles et requièrent une mobilisation subjective du travailleur et une mesure des performancespeut conduire à des aberrations.

Aujourd'hui, on ne sait pas évaluer un travail qu'on ne sait pas même décrire. - L'évaluation par le temps de travail Méthode également inadaptée car la mobilisation subjective du travailleur déborde largement sur le temps de la vie privée qui de ce fait contribue sans conteste àl'efficacité de l'individu. - L'évaluation des compétences Cette nouvelle méthode n'est pas non plus la panacée, car l'appréciation de la compétence ne peut se faire sans passer par la connaissance du travail dans lequel elleévolue.

Elle participe également à une forme d'injustice dans la fixation des salaires car elle ne tient pas compte de l'implication du travailleur. - L'évaluation de la qualité La qualité totale ne se révèle finalement être qu'un précepte et non une évaluation pertinente du travail.

Le but en effet est d'obtenir des labels ou certifications plaçantainsi le résultat avant le travail et lui apportant des contraintes supplémentaires, incitant ainsi à la fraude. Un impensé de l'expertise : le travail de l'expert L'expertise et l'évaluation sont sans valeurs si l'on ne prend pas en considération la connaissance spécifique du réel qui n'est accessible que par l'expérience du travail.Le travail réel est victime d'un déni institutionnel parce qu'à chaque fois qu'on l'analyse de près, il révèle des défaillances de la prédiction et de la conception desinstallations de production. L'évaluation s'est finalement imposée malgré les diverses objections formulées par les sciences du travail. Les dégâts de l'évaluation - Conséquences industrielles et économiques L'aliénation culturelle (Cf F.Sigaut) suppose qu'il n'y pas de rupture entre le sujet et autrui.

Tous se reconnaissent mutuellement mais ils ont tous perdu le lien avec leréel.

C'est là une situation scabreuse que l'on rencontre souvent et lorsque le réel fait son retour, c'est sous la forme de catastrophes (Ex : AZF, Toyota et la qualitétotale). - Conséquences sur la santé des travailleurs Parmi toutes les méthodes de l'évaluation, désormais instrument de management, celle de l'évaluation individualisée de la performance s'avère la plus délétère : Elleest injuste et crainte car par trop arbitraire.

Déliquescence de la solidarité, de la loyauté, de la confiance, de la convivialité, apparitions de suicides au travail, depathologies mentales et de surcharge en sont les résultantes. Repenser l'évaluation Souhaitée par les travailleurs, car porteuse de l'utilité et de la qualité donnée, l'évaluation du travail, avec les moyens actuels, n'est toujours pas objective.Vers une évaluation équitable ? Cela sous-entend un idéal de justice plus que de vérité.Avant la donne actuelle, la mobilisation subjective individuelle et surtout collective des travailleurs permettaient d'obtenir des performances globales excellentes.

Cefacteur relève d'une dynamique qui repose sur un couple contribution-rétribution.

Cette rétribution (essentielle pour l'accomplissement de soi) est symbolique et prendla forme de jugements (et non de mesurages) intégrant des critères d'efficacité et de justice : la reconnaissance.On parle alors de jugements d'utilité (technique, sociale ou économique) ou de beauté (celui des pairs, le plus précieux).Aujourd'hui, peut-on les rétablir ? Difficile à croire au regard de la part croissante des activités de services où les nouveaux métiers sont peu stables et durables.

Parconséquent, la reconnaissance par les pairs devient impossible.Que reste-t-il à proposer ? Des études suggèrent de former des praticiens à la recherche de terrain et de les intégrer dans les équipes d'évaluation des entreprises. Conclusion L'évaluation du travail, est-ce juger ou mesurer ? Là est toute l'ambiguïté.

Puisque nous ne savons pas mesurer le travail, reste à le juger, à condition de le connaître.Des progrès restent donc à faire et seul un investissement dans les sciences du travail pourront y remédier.

Notre santé est à ce prix.. »

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