Cinq Grandes Odes

« «La nuit un rayon d'or sur la Voile, et dans la splendeur du matin, un moment ...

» ~------- EXTRAITS Dans Les Muses, Claudel montre le lien fondamental entre la poésie et l'action humaine Ainsi un poème n'est point comme un sac de mots, il n'est point seulement / cours, ô Latin ,/ Ces choses qu'il signifie, mais il est lui-même un signe, un acte imagi­ naire, créant / Le temps nécessaire à sa résolution, I A l'imitation de l'action humaine étudiée dans ses ressorts et dans ses poids.

Évoquant Virgile, il nous fait part de la mission du poète Ô poète, je ne dirai point que tu reçois de la nature aucune leçon, c'est toi qui lui imposes ton ordre ./ Toi, considérant toutes choses! I Pour voir ce qu'elle répondra tu t' amuses à appeler l'une après l'autre par son nom.

/ Ô Virgile sous la Vigne ! la terre large et féconde N'était pas pour toi de · l'autre côté de la haie comme une vache / Bienveillante qui instruit l'homme à l'exploiter ti­ rant le lait de son pis.

/ Mais pour premier dis- Tu légiféras.

Tu racontes tout! il t' explique tout, Cybèle, il formule ta fertilité, / Il est substitué à la nature pour dire ce qu'elle pense, mieux qu'un bœuf ! Voici le printemps de la parole, voici la température del' été! Voici que sue du vin l'arbre d'or! Voici que dans tous les cantons de ton âme I Se résout le Génie, pareil aux eaux de l'hiver! / Et moi, je produis dans le labourage, les saisons durement travaillent ma terre forte et difficile .

I Foncier, compact, / Je suis assigné aux moissons,je suis soumis à l'agriculture.

/ J'ai mes chemins d'un horizon jusqu'à l'autre ; /ai mes rivières ; /ai en moi une séparation de bassins.

/ Quand le vieux Septentrion paraît au-dessus de mon épaule, / Plein une nuit, je sais lui dire le même mot, j'ai une accoutumance terrestre de sa compa­ gnie .

J'ai trouvé le secret ; je sais parler ; si je veux, je saurai vous dire / Cela que chaque chose veut dire./ Je suis initié au silence; il y a l' inexhaustible cé­ rémonie vivante, il y a un monde à envahir, il y a un poème insatiable à remplir par la produc­ tion de céréales et de tous les fruits.

I -Je laisse cette tâche à la terre ; je refuis vers l' Espace ouvert et vide.

Gallimard , 1913 « Ô poète, je ne dirai point que tu reçois de la nature aucune leçon, c'est toi qui lui imposes ton ordre.

» NOTES DE L'ÉDITEUR Claudel n'aura de cesse, tout au long de sa vie , de rappeler tout ce qu'il doit à Rimbaud.

Par lui, il a découvert « le lien réciproque entre la libération du langage et la libération de l'esprit », souffle qui anime l'œuvre du Voyant, à propos de laquelle il écrit : « Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel...

» Paul Claudel.

La mission principale du poète est de nommer: « Bien sûr, même sans une idée générale de la terre et du ciel, vous pouvez faire de la très jolie poésie ( ...

).

Mais dans cette poésie païenne, il y a toujours à mon avis quelque chose d'étriqué et de gêné.

Même pour Je simple envol d'un papillon, le ciel tout entier est nécessaire.

Vous ne pouvez comprendre une pâquerette dans ! 'herbe, si vous ne comprenez pas le soleil parmi les étoiles.

» Paul Claudel.

Dans Réflexions sur la poésie, Claudel indique trois secours et profits que la religion apporte à la poésie ; la foi en Dieu permet la louange, expression du besoin le plus profond de l'âme ; la religion nous apporte la parole et donc un sens à l'œuvre du Créateur ; enfin, avec la révélation chrétienne, avec les idées du Ciel et de 1 Sipa- lcono 2, 3, 4, 5 papie rs co llés de Henri Ma tisse/ Pro Litteris ! 'Enfer, les actions humaines sont investies d'une valeur prodigieuse , dramatique, à tout instant.

CLA UDEL O S. »