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Cinq Grandes Odes. Recueil poétique de Paul Claudel (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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Cinq Grandes Odes. Recueil poétique de Paul Claudel (1868-1955), publié à Paris par la revue l'Occident en 1910, puis en volume chez Gallimard en 1913.

 

Dans l’ouverture symphonique, \"les Muses\" (ode I). Gaudel célèbre la mère primordiale, la muse de la Danse, qui imprime un rythme essentiel au texte. Puis, il salue les autres nymphes intérieures, matrices du verbe poétique qui insufflent au poète et à son chant une énergie toute rim-baldienne. Saisi par une déflagration initiale, le poète restitue le souffle divin et replace toute

chose dans l'ordre du cosmos. Mais, dans cet espace à vocation apollinienne, Erato introduit un principe dionysiaque Le mouvement du texte naîtra du conflit entre la plénitude et la rupture. \"L’Esprit de l'Eau\" (ode 2) dramatise l’épopée du moi dans le monde. Impatient, saisi par l'ivresse des flots, le moi rompt avec la vie ancienne et se constitue dans son rapport à l'activité poétique. Figure de l'Esprit l'eau donne la clé de son être à ce combattant de l'esprit Prenant possession de l'espace et de lui-même, le moi se fait poète, nouveau Christ qui unit le sensible et l'intelligible, le visible et l'invisible. Fort parce que consubstan-tiel à la Présence divine, faible parce que lié à la matière, le poète entonne alors un credo au monde. Mais il demeure aussi le Crucifié, l'amant déchiré. Le \"Magnificat\" (ode 3) place au centre du recueil la célébration de la Création. Le poète remercie Dieu de l’avoir délivré des idoles, des livres et surtout de lui-même trop conscient de son propre néant pour ne pas s’abîmer dans la volonté de Dieu. Et certes, qui d'autre que le poète peut louer le Seigneur ? « Étreins le texte vivant et ton Dieu invincible dans ce document qui respire ! » Comme Paul sur le chemin de Damas, comme Moïse sur le mont Sinaï, face à face avec Dieu, le poète chrétien fait vivre, dans sa totalité et son unité, la Révélation. Dans “La Muse qui est la Grâce\" (ode 4). le poète demande à sa muse de le laisser libre d'accomplir sa tâche : « Laisse-moi être nécessaire !» Il ne veut plus de l'exaltation orgiaque mais entend tenir le compte du travail humain dans un monde soustrait au hasard. Alors qu'il se plaint de son élection, de l’enfantement douloureux de son œuvre, elle lui révèle : «Tu m'appelles la Muse et mon autre nom est la Grâce. » Mais il refuse cette inspiration destructrice et les chimères poétiques. “La Maison fermée\" (ode 5) donne la parole aux hommes qui demandent au poète embourgeoisé de rendre compte de la Parole donnée. Le poète est inséparable de la Créature, de la Création et donc de Dieu. Il poursuit son lent travail de fermentation et de restitution du Verbe. Le poète, c'est le chiffre de la Création. Les piliers des vertus cardinales soutiennent l'édifice de son moi : ouvert sur l'avenir du « siècle nouveau », de la descendance d'Abraham, il n'en célèbre pas moins, à jamais, l'office des morts.

 

Quelle est l’unité de ce recueil dont la composition s'étend de 1901 à 1908 ? Le montage des différentes parties confère à l'ensemble une structure polyphonique et non pas didactique. Se plaçant dans la continuité liturgique, Claudel se met en scène lui-même, se donne comme le héros d'un parcours poétique, et donc définit son art poétique comme une célébration du monde. Entre le début (l'invocation aux Muses) et la fin (la référence aux vertus cardinales), le poète construit sa propre image, en référence à celle du poète grec (un orateur qui raconte des histoires fabuleuses et qui exprime la parole de la communauté). Les Cinq Grandes Odes sont placées sous l'éclairage de Rimbaud mais tentent de maîtriser cet héritage. L'illumination initiale est nécessaire (ode 1)

claudel

« parties confère à l'ensemble une struc­ ture polyphonique et non pas didacti­ que.

Se plaçant dans la continuité litur­ gique, Claudel se met en scène lui­ même, se donne comme le héros d'un parcours poétique, et donc définit son art poétique comme une célébration du monde.

Entre le début (l'invocation aux Muses) et la fin (la référence aux vertus cardinales), le poète construit sa propre image, en référence à celle du poète grec (un orateur qui raconte des histoires fabuleuses et qui exprime la parole de la communauté).

Les Cinq Grandes Odes sont placées sous l'éclai­ rage de Rimbaud mais tentent de maî­ triser cet héritage.

L'illumination ini­ tiale est nécessaire (ode 1) et le poète vit sa contradiction, sa saison en enfer, mais, en quête du Texte sacré, du Livre mallarméen, il finit par trouver sa place dans la maison de Dieu (ode 5).

Comme le poète Cc~uvre dans la Ville (1893), il se fait. »

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