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COLLINE, de J. Giono

Publié le 23/02/2019

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COLLINE, roman de J. Giono (1929). Ce premier roman fut salué, par Gide notamment, comme une révélation littéraire. Dans un hameau de Haute-Provence, une source qui tarit, une fillette malade et le feu qui fait rage : c'en est assez pour que tous sentent peser sur eux la haine de la colline et pour qu'ils l'attribuent à l'influence d'un moribond, à demi sorcier, qui succombe juste au moment où ils allaient le tuer. Giono a lu peut-être Ramuz, sûrement Whitman, mais déjà son génie propre éclate : dans l'inspiration panique (elle allie le besoin et la peur de la présence enveloppante du monde), dans la montée de la tension dramatique, dans l'énergie et la saveur de l'écriture.

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« GIONO : Colline - Un de Baumugnes - Regain 1.

L'auteur et l'œuvre dans leurs contextes « Le Virgile en prose » de la Haute-Provence C'est en ces termes qu'André Gide parle de Giono en 1929, au moment où Colline paraît sous son patronage, dans larevue Commerce.

Petit-fils d'un gendarme piémontais (carbonaro épris de liberté et réfugié politique en France), filsd'un cordonnier cultivé et d'une repasseuse, Giono, né en 1895, ne quittera son Manosque natal qu'en 1914 pourpartir à la guerre.

Autodidacte, il compose ses premiers écrits dès l'âge de quinze ans mais interrompt ses étudesavant le baccalauréat pour devenir un modeste employé de banque.

C'est avec Colline qu'il acquiert une notoriéténationale qui le décide à vivre de sa plume.

Il refusera toujours de fréquenter l'intelligentsia parisienne et neretournera plus à Paris après 1929. La composition de Colline, Un de Baumugnes et Regain s'étale sur deux ans, de l'été 1927 à la fin de 1929.

Les troisromans, regroupés sous le titre « Trilogie de Pan » en 1929, précèdent la période où Giono devient, un peu malgrélui, le prophète pacifiste du retour à la terre et à ses vraies richesses, le mage qui rassemble, en 1935, sesnombreux disciples dans la ferme abandonnée du Contadour.

Cette gloire lui vaut d'être emprisonné en 1939 pourantimilitarisme, et en 1944 pour sa prétendue collaboration avec l'idéologie vichyssoise. Après ces épreuves, Giono se retire définitivement de la scène publique et se consacre jusqu'à sa mort, en 1970, àsa seule passion : écrire et raconter des histoires.

Sa production d'après-guerre perd largement de son caractèrerégionaliste.

Il abandonne la profusion lyrique pour un style plus classique, plus dépouillé, mais aussi plus désabusé. Giono récuse la partition de son œuvre en deux manières, celle du Giono chantre d'un nouveau paganisme et celledu Giono assagi, analyste ironique de la réalité.

Il a toujours refusé l'étiquette d'écrivain régionaliste.

C'est pourtantcet aspect qui l'a rendu célèbre. Giono et le renouveau du roman régionaliste Si la floraison de la littérature régionaliste commence dès 1900, c'est aux environs de 1925 qu'elle révèle desécrivains dont l'œuvre atteint une portée universelle.

Bien que le roman rustique continue à s'opposer à la primautéparisienne, au roman bourgeois traditionnel, bien qu'il soit toujours en quête d'un parler « naturel », fidèle au terroir,il se caractérise chez les auteurs comme Ramuz et Giono par un souci éthique.

Après le traumatisme de la guerre, le Giono des années 30 est à la recherche d'un nouvel humanisme, d'uneréconciliation entre l'homme et la terre.

Colline, Un de Baumugnes et Regain, au-delà de leur ancrage régional,explorent la relation fondamentale qui unit l'homme et la nature.

Dans La Rondeur des jours, Giono écrira : « Il n'y apas de Provence.

Qui l'aime, aime le monde ou n'aime rien.

» 2.

Les thèmes principaux : les clefs d'une trilogie Pourquoi une « Trilogie de Pan » ? C'est en écrivant Regain, le dernier volet, que Giono songe à regrouper ses trois romans en trilogie.

Contrairement àla conception traditionnelle de la trilogie, où les histoires doivent se suivre et présenter quelque connexité, les troisoeuvres n'offrent aucun lien narratif, aucun personnage récurrent.

Le dieu Pan n'y apparaît jamais en tant que tel. Au-delà de leurs différences apparentes et à une première lecture, Colline, Un de Baumugnes et Regain ont encommun leur ancrage régional, leur thématique chthonienne, leur philosophie de la terre et leur langue paysannesublimée en ce que Giono appelle la « poésie panique », « poésie vraiment sortie de la terre ».

Le dieu Pan hante la« Trilogie », il transparaît aussi bien à travers la montagne de Lure dans Colline, le vent et le printemps dans Regain,que dans l'étrange musique d'Albin dans Un de Baumugnes. Giono et Pan Le Pan de Giono émane, bien sûr, du dieu de la mythologie grecque et latine.

Rappelons que ce dernier est né enArcadie, pays de bergers ; il personnifie à l'origine la vie pastorale.

A moitié homme, avec des pieds et des cornes debouc, une chevelure inculte, il a pour attributs la syrinx, flûte à sept roseaux, dite flûte de Pan, le bâton de berger,la couronne ou le rameau de pin.

Le Pan populaire aime souffler dans sa flûte, dont la musique provoque la terreurpanique des paysans, mais possède aussi des pouvoirs guérisseurs.

Ses ébats amoureux avec les nymphes, sesdanses frénétiques égaient la campagne.

Les poètes et les philosophes ont transfiguré le joyeux compagnon ducortège de Dionysos en incarnation du Grand Tout et de la Nature, en dieu mystique de la philosophie orphique desmystères de la terre. Pour Giono, Pan se confond d'abord avec la montagne de son enfance, Lure, qui lui fait éprouver, dès son plus jeune. »

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