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Complaintes (les) de J. Laforgue

Publié le 21/02/2019

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Complaintes (les), recueil poétique de J. Laforgue (1885). Une longue succession de complaintes au titre parfois redondant (« Complainte du pauvre corps humain », « Complainte du pauvre jeune homme », « Complainte des complaintes »... ) est dédiée à Paul Bourget, pour l'heure le jeune maître d'un nouveau « mal du siècle ». Laforgue exaspère dans ses premières poésies, souvent remaniées, cette lassitude exacerbée qui fonde la « décadence ». Ce qui tient heu de philosophie à cette œuvre (il n'y en aura plus guère par la suite), c'est un culte ambivalent de l'inconscient (Laforgue, grand lecteur, connaissait la Philosophie de l'inconscient de Hartmann), un inconscient curateur, protecteur (« la grande nounou ») ou persécuteur, meurtrier et usurpateur de l'idéal. Comment les étoiles, le Soleil pourraient-ils désormais, dans le ciel qui est le Heu d'une métaphysique vaguement nihiliste, scintiller, bruire et sonner autrement que faux ? L'amour comme toute espérance en est désenchanté, et toute voix désarticulée. Car, si déjà apparaissent les thèmes tristes et clinquants du Pierrot, de la Lune et de « l'automne monotone », l'essentiel repose dans cette musique désaccordée qui évoque les pianos, les orgues de barbarie, dans ce rythme haché, saccadé, aux mille exclamations qui brisent le chant, sans jamais parvenir à l'éteindre. MusicaUté du sanglot, du sarcasme, de l'invective, des ruptures de ton, ces poèmes-ritournelles résonnent bien, selon le vers du poète, à la façon de « complaintes des nerfs incompris ou brisés ».

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« COMPLAINTES (les).

Recueil poéti­ que de Jules Laforgue {1860-1887), publié à comp te d'auteur à Paris chez Léon Vanier en 1885.

Six des Complain­ tes avaient paru dans l'hebdomadaire Lutèce dirigé par Léon Épinette [Léo Trézenlk], l'imprimeur de Vanier, l'édi ­ teur attitré des " décadents ,.

et de Verlaine.

Le projet des Complaintes, conçu a lors que Laforgue était lecteu r de fran­ çais auprès de l'impé ratrice d' Allema ­ gne, marquait une rupture dans un e œuvre d'abord hautemen t métaphysi­ que dès les premiers poèmes d es années 1879-1881 (qui devaient être réuni s sous le titre le Sanglot de la terre), parmi lesquels l es "Préludes autobio­ graphiques", placés en tête du présent recueil.

Laforgue s'était en effet refusé à supprimer ce témoignage d'une poé­ tique désormais dépassée, écrivant à son ami Gustave Kahn en 1885 : " Elle est faite avec des vers d'antan, elle est bruyante et compati ssable -elle est autobiographique.

J'ai sacrifié un gros volume de vers philo d'autrefois parce qu'ils étaient mauvais manifestement, mals enfin ce fut une étape, et je tie ns à dire [ ...

] qu'avant d'ê tre dilettante et pierrot j'ai séjourné dans le Cosmi­ que.

,.

De la poésie cosmique et méta­ physique des premiers vers aux Complaintes, don c, une mutation qui n 'est pas pour aut ant un reniement, comme l'atteste la pers istance dans l es Complaintes des motifs « philo ,.

-mai s démystifi és, déniés pa r le genre même de la " complainte ,.

qui, en tant que «chanso n ,., est en somme la version populaire, « naïve,., de la poésie élégia­ que.

Un des thèmes majeurs en sont les "Cosmogonies" et la gravitation uni­ verselle par laquelle l'homme, ignorant de sa destinée, est mû, en même temps que la Te.rre et l es astres.

La "Complai nte du temps et de sa commère l'espace" offre un bo n aperçu du travail d'écriture accompli par Laforgue depuis "le Sang l ot universel" ou "Déso la ti ons" (Premiers Poèmes).

Le « Cosmique ,.

des noces du temps et de l'espace , la méditati on toute pasca­ lienne sur l'" infini sans fin ,.

de l ' espace sidérai y son t d édramatisés par des exclamations incongrues et des comme ntaires ironiques.

La métaphy ­ sique pascalienne (la "Complainte d'une convalescence en mai" cite la Vie de Pascal de Gilberte Péri er) y est infl é­ chie vers un pessimisme très scho­ penhauerien obsédé par le " néant » : « Extrais-nous donc alors de ce néant trop tout!,., lance le poète à Dieu, en qui il a cessé de croire (dans "Justice", un p oème inédit de 1880 : «Je songe aux jours bénis où je croyais encore, 1 Où j'allai s, confiant dans ce Dieu qu'on adore »).

Le "gotît du néant ,.­ Lafo rgue reconnaît sa dette à Baude­ laire, qu'il a même plagié dans ses pre­ mie rs poèmes ("Recueillement du soir", "Spleen") -s'associe à la mode scho penhau erienne de l'O rient , vers le que l il s'ag it de se tourner pour se purifier, écha pper à la "Pensée", "lèpre o riginelle, Ivresse insen sée», et accéder à la sag esse ascétique (comme dans la "Complainte des Mounis de Mont­ martre") de l'hindouisme et du boud­ d hisme .

Mais c'est d'abord à travers la. »

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