Devoir de Philosophie

CONDILLAC : Traité des sensations

Publié le 13/10/2013

Extrait du document

condillac

« Le Traité des sensations est le seul ouvrage où l'on

ait dépouillé l'homme de ses habitudes2. « Dans la première partie, la statue se réduit à un seul sens,

l'odorat, auquel on rajoute progressivement le goût, l'ouïe, puis la vue. Mais à aucun stade l'automate n'a

conscience de lui-même, comme du monde extérieur. Il n'est que l'écran de ses sensations, mieux : il est ses

propres sensations, puisque l'écran ne peut se distin­guer des événements qui l'envahissent. e Si nous lui

présentons une rose, elle sera par rapport à nous une statue qui sent une rose ; mais par rapport à elle, elle ne sera que l'odeur même de cette fleur. Elle sera donc odeur de rose3... « Pourtant, elle n'est pas pure­ment passive : une activité la traverse.

condillac

« CONDILlAC 145 En effet, Condillac n'a cessé de méditer ces trois questions : qu'est-ce que la culture? en quoi l'ex­ périence est-elle fictive, fabriqqé~ ? en quoi lçs signes, puissances de l'arbitraire, permettent-ils df pro­ duire un monde? C'esi: qéjà tout le projet de !'Essai sur l'm;igine des connaissances hu.mr;iines : à p"rtir d'une réflexion sui: le langflge et l'imaginatlon, Condillac tisse toute une grammaire de \'expérience humaine, qui se double d'une critique minutiçuse des fictions, toujours rapportées à leur origine sen­ sible.

Ces réflexions se cristallisent dans un choix philo­ sophique : l'empirisme.

On peut définir cel~i~ci par cettç idée centrale ; l'expérience n'est jamais assez solide, assez assurée, c'est une construction, une syn­ thèse, une histoire, toujours fragile.

L'empirisme condillacien s'appuie tout entier sur les productions imaginaires.

Au rebours des métaphysiques qui pré­ tendent justifier l'expérience, il s';mache obstinément à cette question : commeµt se coµstitue l'expérience, dans sa genése, en quoi est-elle açtive, inventive ? De là vient son ambiguïté : il ne cesse de se référer au sensible, car il s'agit toujours de rapporter le monçie, les inventions humaines, à l'épreuve du réel, qui lui sert de norme ; mais en même temps, c'est un forma­ lisme, car J'analyse ne cesse de manifester les puis­ sances de la fiction : jamais l'expérience, les produc­ tions de l'artifice ne pourront se réduire à la simple réalité, elles suivent un cours autonome, aux limites incertaines.

Comme chez Hume, l;:i philosophie de Condillac se meut dans cet intervalle ; dualiste, tentée par l'idéalisme, elle oppose sans cesse les productions de l'imagination aux truismes du réel : c'est sa valeur critique ; mais c'est aussi un réalisme ; elle rapporte constamment les synthèses fictives à leur origine sen­ sible : d'où l'aspect singulier de cet empirisme, son caractère « génétique », qui a trompé bien des esprits.

* * *. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles