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CONFESSIONS (les) de Jean-Jacques Rousseau

Publié le 21/02/2019

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CONFESSIONS (les), ouvrage autobiographique de Jean-Jacques Rousseau dont la première partie parut à Genève en 1782, la seconde en 1789. Le projet autobiographique de Rousseau a mûri de nombreuses années. On en sent la réalité dans la Nouvelle Héloïse, mais il se précise en juin 1762 avec la condamnation de l'Émile et surtout en décembre 1764 après la parution du pamphlet de Voltaire, le Sentiment des citoyens. Il ne s'interrompra pas avec les lectures en société des Confessions à la fin de 1770, mais se poursuivra dans les Trois Dialogues, Rousseau juge de Jean-Jacques et dans les Rêveries du promeneur solitaire. C'est que le dessein d'écrire, de s'écrire, naît d'une intolérable violence sur le moi. En 1764 Rousseau peut se croire condamné au silence. Plus, le pamphlet de Voltaire répand l'image d'un romancier impie et appelle le châtiment capital sur « un vil séditieux » en qui décidément Jean-Jacques ne peut se reconnaître. Genève, la patrie mythique, lui est désormais interdite. Entouré de portraits menteurs, exilé, il est à jamais coupé de son « origine ». Ainsi faut-il entendre d'abord dans les Confessions un cri et une protestation au nom de la vérité : entreprise de justification par l'aveu qui, seul, peut permettre à l'écriture d'avoir la force de la vérité et d'être en son sein à l'abri des discours de la société. Avouer, c'est se battre. Aussi Rousseau veut-il tout dire : l’abandon de ses enfants, le vol d'un ruban, les mensonges, les balourdises. Dans son retour sur soi, le moi lui-même devient problématique, se dérobe, et l'écriture le traque dans ses motivations les plus secrètes, avec une justesse qui fait penser à Nietzsche ou à Freud. Rousseau découvre et montre l'importance fondamentale de l'enfance et de la sexualité : il vient, après coup, y nouer les fils de ce qui s'écrit comme destin. Cette « invention » psychologique est fondatrice. Montaigne avait affirmé (Essais, III, II) : « On attache aussi bien toute la philosophie morale à une vie populaire et privée que à une vie de plus riche étoffe », mais c'est Rousseau, ancien laquais, gueux, homme de rien, qui invente le moi du plébéien, fondement imaginaire de son droit à l'écriture.
 
La création littéraire dans les Confessions transforme le sujet de l'écriture par une sorte d'anamorphose : la nostalgie permet un retour à l'origine, à la fois présente et irrémédiablement perdue : « Les moindres faits de ce temps-là me plaisent par cela seul qu'ils sont de ce temps-là. Je me rappelle toutes les circonstances des lieux, des personnes, des heures. Je vois la servante ou le valet agissant dans la chambre, une hirondelle entrant par la fenêtre, une mouche se poser sur ma main tandis que je récitais ma leçon. » Le récit autobiographique confère une valeur littéraire au souvenir le plus ténu pourvu qu'il s'inscrive comme émotion. Les chemins de Condil-lac sont pris à rebours : Rousseau invite à la sensation en partant du langage et de l'idée. Le bonheur vient alors, pour l'auteur, pour le lecteur, confirmer la véracité et la sincérité de l'autobiographie. Dans la seconde partie de l'œuvre, ces moments de bonheur sont rares, le regard de Rousseau sur le passé devient amer, l'écriture elle-même est menacée (comme on peut voir aussi dans les Dialogues}. C'est que Jean-Jacques « a été le premier à vivre d'une façon exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage, la nouvelle alliance dans laquelle l'homme se fait verbe » (J. Sta-robinski, la Transparence et l'Obstacle].

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« III, II) : « On attache aussi bien toute la philosophie morale à une vie populaire et privée que à une vie de plus riche étoffe », mais c'est Rousseau, ancien laquais, gueux, homme de rien, qui invente le moi du plébéien, fondement imaginaire de son droit à l'écriture.

La création littéraire dans les Confes­ sions transforme le sujet de l'écriture par une sorte d'anamorphose : la nostal­ gie permet un retour à l'origine, à la fois présente et irrémédiablement perdue : « Les moindres faits de ce temps-là me plaisent par cela seul qu'ils sont de ce temps-là.

Je me rappelle toutes les circ onstan ces des lieux, des personnes, des heures.

Je vois la servante ou le valet agissant dans la chambre, une hirondelle entrant par la fenêtre, une mouche se poser sur ma main tandis que je récitais ma leçon.

>> Le récit autobiographique confère une valeur littéraire au souvenir le plus ténu pourvu qu'il s'in sc rive comme émotion.

Les chemins de Condil­ lac sont pris à rebours : Rousseau invite à la sensation en part ant du lan gag e et de l'idée.

Le bonheur vient alors.

pour l'auteur, pour le lecteur, confinner la véracité et la sincérité de l'autobio­ graphie.

Dans la seco nd e partie de l'œuvre, ces moments de bonheur sont rares, le regard de Rousseau sur le passé devient amer, l'écriture elle-même est menacée (comme on peut voir aussi dans les Dialogues).

C'est que Jean-Jacques « a été le premier à vivre d'une façon exemplaire le dangereux pacte du moi avec le langage, la nouvelle alliance dans laquelle l'homme se fait verbe >> (J.

Sta­ robinski, la Transparence et l'Obstacle).. »

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