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Contes du chat perché

Publié le 04/04/2013

Extrait du document

 

habileté le merveilleux et le naturel, sans jamais tomber dans la mièvrerie qui gâte parfois les histoires pour enfants. Les deux fillettes parlent avec spontanéité et sont de « vrais « enfants ; la ferme, les champs et les parents sont bien réels. Tout le travail de l'auteur consiste alors à transformer cette réalité en irréel et en merveilleux. D'un fait banal, Aymé tire un événement extraordinaire, qui fait basculer la simple histoire dans le conte. Certes, une certaine cruauté n'est pas totalement absente de ces contes ; les parents sont sévères et les animaux ont parfois des vanités bien humaines, mais le tout reste malicieux et charmant. Dans une ferme à la campagne, deux fillettes vivent en harmonie avec les animaux qui les entourent, des animaux un peu étranges, car ils se comportent comme des humains et possèdent le don de la parole.

 

Les Contes du chat perché sont devenus un classique de la littérature enfantine et scolaire.

« ~------- EXTRAITS « La petit e poule blanch e se fit encore un peu plus lourde , et le cochon se mit à monter.

» Les fillettes doivent mener paître les vaches Delphin e et Marinette firent sortir les vac hes de l'étable pour les mener paître aux gra nds pr és du bo rd de la rivière, del' autre côté du villa ge.

Comme ell es ne devaient rentrer que le so ir, e ll es empor­ taient dans un pani er leu r déjeuner de midi, celui du chi en et deux tartines de confiture de grosei lles pour leur quatre heures.

- Allez, dirent les parents , et surtout, veillez bien à ce que les b êtes n'aillent pas se gonf ler dans les trèfles ou c roque r des p ommes aux arbres des chemins.

Pensez tout de même que vous n'êtes plus des enfan t s.

A vous deux, vous avez presque vingt ans.

L es parents s'adressè rent en­ suite au chi en qui flairait avec amit ié le pani er du déjeuna -Et toi,f eignan t, tâche de faire attention aussi.

- Toujours des complim ents, murmura le chien .

Ça ne change pas.

- Vous les vaches, pensez qu 'on vous emmène brouter une herbe qui ne coûte rien.

N'en perdez pas une bouchée.

- Soyez tranquilles , parents , dirent les vac hes.

P our manger, on mangera.

L 'une d'elles ajouta d'une voix aigre : - On man gerait mieux si on n'était pas toujours dérangées .

Celle qui venait de pa rler ainsi était une petite vache grise qu'on appelait la Cornette.

Le canard et la panthère Le canard partit d'un bon pas sans se retourner et, comme la terre est ronde, il se retrouva au bout de trois mois à son point de départ.

Mais il n 'était pas seu l.

Qui l' ac­ compagnait, il y avait une belle panth ère à la robe jaune tachetée de noir et aux yeux dorés.

Justeme nt, D elphin e et Marin ett e pa ssaient dans la cour.

A la vue du fauve, e ll es furent d'abord très eff ra yées, mais la présence du cana rd les rassura aussitôt.

- Bonjow~ l es petites ! cria le cana rd.

J'ai fait un bien beau voyage, vous savez.

Mais je vous racon terai plus tard.

Vous voyez, je ne suis pas seul.

J e rentre avec mon amie la panthère .

La panth ère salua les deux petites et dit d'une voix aimable : - Le canard m'a bien souvent parlé de vous.

C'est comme si je vous connaissais déjà.

- Voilà ce qui s'est passé , ex pli­ qua le canard.

En traversant les Ind es,je me suis trou vé un soir en face de la panth ère.

Et figurez­ vous qu 'elle vou lait me manger ...

-C'est pourtant vrai, soupira la panthère en baissant la tête.

- Mais moi, je n 'ai pas perdu mon sang-froid comm e bien des canards auraient fait à ma place.

J e lui ai dit : « Toi qui veux me manger, sais-tu seulemen t comment s'a pp ell e ton pays ! » Naturellement, elle n'en savait rien.

Alors je lui ai appris qu 'elle vivait aux Indes, dans la province du B enga le.

Je l ui ai dit les fleuves, les ville s, les montagnes, je lui ai parlé d 'autres pays . ..

Elle voulait tout savoir, si bien que la nuit entière, je l'ai passée à répondre à ses questions.

Au matin, nous étions déjà deux amis et depuis, nous ne nous sommes plus quittés d'un pa s.

Mais, par exemp l e, vous pouvez compt er que je lui ai fait la morale sérieusement ! Gallimard, 1939 « -Le canard m'a bien so uvent parlé de vous.

C'est comme si je vous connai ssais déjà.

» NOTES DE L'ÉDITEUR « Les Contes du chat perché, publi és sé paré ment avec illustra tion s et en deu x r ec uei ls collectifs, se présentent tous n et te m ent sous le sign e du " il était une fois ".

C'est ici que se fait jour avec évidence l'as pect tendre du tendre- féroce Aymé.

L'homme qui critique la soc ié té, qui analyse les probl èm es politiques et soc iaux, joue ici avec bonheur -bonheur en tant que plaisir d'écrire aut ant que par réuss ite dan s le ge nre - à l'art d'être grand-p ère, et c'est vraime nt un art, un art qu'il re nou ve lle.

( ...

) M êlant le réa lisme te rrien -les travaux de la fer me, les sa iso ns - et la fantais ie la plu s éc heve lée, la plu s faiseuse de mira cles, M arce l Aymé , qui y postul e so uvent dans certaines échapp ées de ses romans , n 'es t plus ic i, ni satiri ste, ni trucul e nt, m ais tout bonn ement le plus proche parent de Perra ult et de Grimm qui so it encor e parmi nou s.

» Jea n Cathelin, Mar cel Aymé, Nouv e lles Éditions Debresse, 1958.

qu ' ils gardent dans l'irréel.

La ferme des grac ie use s fillettes, Marinette et Delphine, est une vraie ferme.

( . ..

)Ce tt e greffe adroite du récit sur le réel permet ensuit e de c har mant s dé part s pour la fantaisie.

Le coc hon échappe à son sort, en prenant les a iles de la buse.

La panthère , instruit e par le canar d, perd ses mauv a is instin cts e t devi ent l e boute- en-train de la ferme.

Il est vrai que l a chair appétissante du cochon la rend à sa vraie nature .

M ais elle mourra en criant son r e mord s.

» Pierr e Brodin, Présences contemporaines, Littérature, Nouvelle s Éd ition s Debr esse, 1955.

1 Sip a·Press 2.

3, 4, 5 dess ins de R.

Topor , Flammarion.

1977 / D.R.

« Ce qui retient tout d 'abord le lec te ur des Contes du chat perch é (1939 ), c'est ce n atur el inimit a ble, presque miraculeu x, AYMÉ04. »

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