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Continuations du Conte du GRAAL

Publié le 24/10/2018

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Continuations du Conte du GRAAL. Deux textes courts, qui tentent d'expliquer, l'un (le Bliocadran), le sort du père de Perceval, l'autre (l'Élucidation), le mystère de la disparition de la cour du Roi Pêcheur, de l'origine de la terre « gaste » et de l'occultation du Graal, servent dans quelques manuscrits de pseudo-prologue au Conte du Graal. Mais le double travail d'achèvement des quêtes entreprises par Perceval et par Gauvain et de retour du récit sur l'origine du Graal, de la lance qui saigne, de l'épée brisée, etc., est surtout le fait des Continuations, un ensemble de plus de 60 000 vers, composé par des auteurs différents, de la fin du xiie siècle à 1240 environ. Les

Continuations ne sont au reste qu'un pan de la littérature engendrée par le Conte du Graal. Une autre lecture et élucidation est celle du Roman de l'histoire du Graal (début du xiiie s.) de Robert de Boron, texte qui a non seulement influencé les Continuations en vers mais a joué un rôle considérable dans la genèse des romans arthuriens en prose.

Anonyme, conservée dans trois versions différentes, la Première Continuation, ou Continuation-Gauvain, achève l'épisode de Guiromelant (voir le Conte du Graal) puis juxtapose des récits indépendants. L'un des plus étranges est l'histoire de Caradoc Brieg Braz, né des amours adultères de sa mère et d'un magicien, et qui ne se libère de cette tache originelle (et de l'horrible serpent attaché à son bras, qui le dessèche progressivement) qu'en épousant la plus aimante des femmes, la seule à triompher, à la cour d'Arthur, de l'épreuve de chasteté. Gauvain, dans la Première Continuation, trouve à deux reprises le château du Roi Pêcheur, mais il ne peut ressouder l'épée brisée, ce qui le consacrerait comme le chevalier élu. À sa seconde visite, il apprend toutefois, par un long récit de son hôte, que la lance qui saigne est celle qui a jadis percé le flanc du Christ et comment le Graal a été apporté dans l’île de Bretagne par Joseph d'Arima-thie. Mais il s'endort avant d'avoir entendu ce qui concerne l'épée brisée...

La Deuxième Continuation, ou Continua tion-Perceval, parfois attribuée à Wauchier de Denain, reprend l'histoire du héros là où l'a laissée Chrétien, à son départ de chez l'ermite. L'un des intérêts du récit est dans l’oscillation entre les inépuisables détours des aventures très « profanes » de Perceval (l'aventure féerique du château de l'Échiquier magique et de la chasse au blanc cerf, par exemple), le bref retour auprès de Blanchefleur, et les aventures

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« qui le recondu ise nt plus ou moins ferm ement sur le c hemin du Graal.

Chez le Roi Pêcheur, Perceval assiste de n ouv eau au co rtège du Graal, mais le Roi refuse de répondre sur-le-champ à ses qu estio ns sur le Graal et la lanc e, et le récit s'interrompt brusqueme nt au moment où Perceval est parv enu, ou presque - un e légère trace subsist e - à re ssoud er l'ép ée brisée ...

La Co ntinuati on de Mane ssier et celle d e Gerb ert de Montreuil (composée s vers 122 0-1 230) enc haîn ent, indépen­ damm ent l'une de l'a utr e, sur la fin de la Deuxième Continuation.

La Co ntinua ­ tion de Gerbert se distingue par son t on réso l ument dida ctique et la version p esamme nt moralisée qu'e lle donne des motifs arthuriens.

Mais elle est aus si un très bon témoin des proc édés utilisé .s p ar les écriv ains du Graal , en vers comme en prose, po ur re tarder au tan t que possible l'a chèvement de La qu ête, c'est-à-dire la mort du récit.

Dilatant sur près de 17 000 vers la révé­ lation des secrets du Graal, Gerbert, à l'image des romans en prose, entrelace aux aventures de Perceval celles de Gauvain, voire celle s de Tristan, décri­ vant ainsi un ret our de Tristan, déguisé en musicien , à la cour de Ma rc.

Le récit lui -mêm e, qui s'inte rromp t s ur le r e tour de Per ceval au ch âtea u du Roi Pêc heur et fait alors textuellem e nt retour à son point de départ, fonc­ tion ne co mm e une sorte de vast e int er­ p olation à l'int érieur des Con tinua tions.

La Continuation d e Manessier, qui r e prend elle aussi la tec hniqu e de l 'entrela cement, mèn e enfin à bien la quête.

Au cou rs d'aven tures qui tirent parf ois le récit aux fronti ères du diabo­ lique et du f ant asti qu e (da ns l'épisode de la « chapelle de la Main noire ,., par exe mpl e), Perceval venge le meurtre du frère du Roi Pêcheur (l'épée brisée et enfin ressou dée est le sig ne et l'i nstru ­ ment de cette ~engea nce) et guéri t le Roi Pêch eur .

A la mort du roi, il devient à so n tour le roi et le gardi en du Graal , puis, retiré dans un ermitage, il meurt en odeur de sainteté, tandis que disparaissent le Graal, la lance et l e tailloir.

Perceval est enterré au palais Aventureux (le palais du Roi Pêcheur), au royaume de la fiction, mais l'écri t qui conte son histoire et que s uit Manessi er, écrit scellé par le roi Arthur, se trouv e selo n l 'épilogue, à Salesbieres (Salisbury ), où peu vent le voir tous ce ux «qui errent par le c hemin ,.

et qui recommence ront l' ave nture de la réé­ critur e.

Réun ies au moins dans le ma nuscrit B.N.

fr.

12576, l es Co ntinuati ons consti­ tuent ainsi un premi er cycle en vers sur l'hist oire conjointe de Pe.rc eval et du Graal.

Elles élabore nt, de récit rétro s­ pectif en récit ré trospectif, le mythe d'origin e du Gra al, de la lan ce qui sai­ gne, de l'é pée brisée, de la blessure du Roi Pêcheur , etc.

Mais l'épée brisée à ressoude r est au ssi, dans cet en se mbl e, l'obj et qui image au plus juste l'éc ritur e du Graal : la tension entre les méan ­ d.res et les lig nes brisée s de l'e.rranc e chevaleresq u e, et la résorptio n défini­ tive des aventures, la fusio n du héros dan s l'objet de sa quêt e, la disparition simultanée de Perceval et du Graal dan s un a u-d elà du texte.. »

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