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COURIER: Pamphlets

Publié le 27/03/2013

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En 1821, une souscription est ouverte pour l'acquisition par le jeune duc de Bordeaux du château de Chambord. Courier s'en indigne et écrit aussitôt le « Simple discours ... «, réquisitoire enflammé contre les gens de cour, « cette valetaille «. Condamné à la suite de cette publication, il commettra deux libelles, « Aux âmes dévotes « et le « Procès de P.-L. Courier«, dans lesquels il décrit les débats avec une verve vengeresse et étincelante digne des meilleures tirades de Molière...


« ~---~---EXTRAITS Extrait du « Simple discours de Paul­ Louis à l'occasion d'une souscription pour l'acquisition de Chambord » Si nous avions de l'argent à n'en savoir que faire, toutes nos dettes payées, nos chemins réparés, nos pauvres soulagés, notre église d'abord (car Dieu passe avant tout) pavée, recouverte et vitrée, s'il nous restait quelque somme à pouvoir dépenser hors de cette commune, je crois, mes amis, qu'il faudrait contribuer, avec nos voisins, à refaire le pont de Saint-Avertin, qui, nous abrégeant d'une grande lieue le transport d'ici à Tours, par le prompt débit de nos denrées, augmenterait le prix et le produit des terres dans tous ces environs; c'est là, je crois, le meilleur emploi à faire de notre superflu, lorsque nous en aurons.

Mais d'acheter · Chambord pour le duc de Bordeaux,je n'en suis pas d'avis ...

Le monde fut fait pour les nobles Dieu dit: croissez, multipliez, remplissez la terre, c'est-à-dire cultivez-la bien ; car sans cela, comment peupler ? et la parta­ gez; sans cela, comment cultiver? Or, c'est à faire ce partage d'accord, aimablement, sans noise, que s'emploie la bande noire, bonne œuvre et sainte, s'il en est.

Mais il y a des gens qui l'entendent autre­ ment.

La, terre, selon eux, n'est pas pour tous, et surtout elle n'est pas pour les cultivateurs ; appartenant de droit divin à ceux qui ne la voient jamais et demeurent à la cour.

Ne vous y trompez pas : le monde fut fait pour les nobles.

Pétition pour des villageois que l'on empêche de danser Les gendarmes se sont mul- tipliés en France, bien plus en­ core que les violons, quoique moins 1 0 r nécessaires pour la danse.

Nous nous en passerions aux fêtes du village et à dire vrai ce n'est pas nous qui les demandons : mais le gouvernement est partout aujourd'hui, et cette ubiquités' étend jusqu'à nos danses où il ne se fait pas un pas dont le préfet ne veuille être informé pour en rendre compte au ministre.( ...

) Car ce qu'on allègue au sujet de la place d'Azai, pour nous empêcher d'y danser; cette place est devant l'église, dit-on.

Danser là, c'est danser devant Dieu, c'est l'offenser; et depuis quand ? Nos pères y dansaient, plus dévots que nous à ce qu'on nous dit; nous y avons dansé après eux.

Le saint roi David dansa devant l'arche du Seigneur, et le Seigneur le trouva bon ( ...

) Ce que Dieu aime de ses saints, de nous l'offence; l'èglise d'Azai sera profanée du même acte qui sancti­ fia l'arche et le temple de Jérusalem! Portrait de Courier parMéré NOTES DE L'ÉDITEUR assoupli.

» Sainte-Beuve, Etudes sur Pau/­ Louis Courier, 1852.

Anatole France, discours prononcé le 8 sept.

1918, Europe, n° 449, 1966.

«En lisant cette prose de Courier, si méditée et si savante, on est tenté d'en étudier le secret.

Pour moi, je crois qu'il ne faut pas se l'exagérer.

Courier a le sentiment du style antique et grec, et, de plus, il possède bien son seizième siècle, par Amyot, par Montaigne, par d'autres encore; il a lu particulièrement les vieux conteurs.

Son style est un combiné de tous ces styles; c'est de l' Amyot plus court, plus bref et plus aiguisé ; c'est du Montaigne moins éclatant et plus 1 Edimédia 2, 3 coll, Viollet « Ces pamphlets de Courier se lisent encore avec un extrême intérêt malgré le changement des mœurs et des institutions.

On y trouve peu de doctrine, point de système, mais beaucoup de raison et beaucoup d'humanité.

Ils sont encore aujourd'hui le régal des délicats, qui reconnaissent en Courier le meilleur écrivain de son temps, le plus pur, le plus sobre, le plus exact à la fois et le plus charmant et, pour tout dire d'un mot, le moins romantique.» «Non, Courier n'est point oublié et ne le sera point.

La place qu'il occupa dans nos rangs demeurera vide jusqu'à la fin du combat.

Mais avant de rencontrer sa destinée, il a du moins gravé sur l'airain tous les sentiments qui lui furent communs avec nous, et qui absoudraient cette génération si jamais elle était accusée d'avoir été muette spectatrice de toutes les hontes de la France depuis quinze ans.

» Armand Carrel, préface aux Œuvres de Paul-Louis Courier.

COURIER02. »

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