Devoir de Philosophie

DÉRACINÉS (Les) Maurice Barrés (Commentaire)

Publié le 07/10/2018

Extrait du document

Sept lycéens de Nancy sont fascinés par leur professeur de philosophie, Paul Bouteiller, qui leur enseigne le kantisme et l’ambition. Ils le suivent à Paris. Entre 1882 et 1885, ils cèdent à l’utopie politique et sociale. Mais, coupés de leurs racines, ils deviennent les pions d’un système dont les règles leur échappent. Ils s’y détruisent, soit en s’y intégrant, soit par catastrophe ou erreur individuelle: deux d’entre eux deviennent même des meurtriers.

 

♦ Maurice Barrés (1862-1923) subit la double influence du scientisme de Taine comme de Renan et de la philosophie pessimiste de Schopenhauer. Il y réagit par le «culte du moi»: le repliement sur soi, l’analyse, l’égotisme permettent une renaissance. Le thème est exploité dans la trilogie du Culte du Moi* (1888-1891). Mais Barrés garde de son enfance le sentiment d’une France offensée par la défaite de 1870 et poursuit une carrière politique qui le voit député boulangiste de 1889 à 1893. Son Roman de l’énergie nationale dont Les Déracinés sont le premier tome, comprend L’Appel au soldat (1900) et Leurs Figures (1902).

 

♦ Aragon voyait dans Les Déracinés le « premier roman politique moderne ». En effet, ü se présente comme une peinture sociale de la vie des bacheliers à Paris, de l’univers de la presse et de la politique vers 1880. Surtout, le roman veut dénoncer un enseignement, une philosophie élevée au rang de doctrine d’État: pour Barrés, le comtisme n’a plus de projet généreux et s’enlise avec l’ensemble de la république dans un empirisme sans âme; il n’est plus que la déviation d’un système qui annule les personnalités et qui donne seulement des leçons d’arrivisme. Plus généralement, il dénonce une philosophie abstraite qui ne respecte ni la nature ni l’intelligence de ces étudiants, qui les enlève à leurs milieux héréditaires et naturels, et les laisse désorientés, à Paris, sans savoir comment employer leur énergie.

Liens utiles