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DESTINÉES (les) d'Alfred de Vigny (analyse détaillée)

Publié le 22/10/2018

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DESTINÉES (les), poèmes philosophiques. Recueil poétique d'Alfred de Vigny (1797-1863), publié à Paris chez Michel Lévy frères en 1864. Des onze poèmes de cette édition posthume dont les premiers remontent à 1838, cinq avaient paru en 1843-1844 dans la Revue des Deux Mondes : \"la Sauvage\", \"la Mort du loup\", \"la Flûte\", \"le Mont des Oliviers\", \"la Maison du berger\" ; en 1854, la même revue publiait \"la Bouteille à la mer\", achevée dès 1847. Les cinq derniers poèmes indus dans l'édition de 1864 sont \"Wanda\"
(composé en 1847 et 1857), \"les Destinées\" (1849), \"les Oracles\" (1862), \"l’Esprit pur\" (1863), enfin “Dalila\" (1839) devenu \"la Colère de Samson\".
 
Dès 1840, Vigny songe à un enchaînement des poèmes déjà composés. La genèse de \"la Maison du berger\", terminée vers 1844, suscite plusieurs nouveaux projets où ce poème figure comme une sorte de « Prologue » et de fil rouge - les « Lettres à Éva » - dans un ensemble que devrait terminer une « Réponse à Éva », ébauchée dès 1843. Or à partir de 1856 se fixe, encore que difficilement - c'est la rançon de la longue genèse -, l'ordre définitif, adopté le 27 mai 1863, qui sera celui de la publication posthume, assurée par Louis Ratisbonne. L'idée du Destin et celle de l'Esprit, par lequel l'homme s'oppose à son destin, l'ont emporté sur la figure d’Éva, et le recueil présente désormais une alternance de poèmes écrits sous le signe des Destinées « inflexibles » et de poèmes voués au redressement de l'homme.
 
Dans cet esprit, le poème qui ouvre le récit, \"les Destinées\", expose le thème fondamental de la Fatalité que les « filles du Destin » font peser sur l'homme, tenu enchaîné aussi par le Dieu des chrétiens. Or les 48 septains de \"la Maison du berger\", qui font suite à la terza rima employée dans \"les Destinées\", déploient un vaste imaginaire du Poète et de la Femme qui l'accompagne, Eva. « gémissant du poids de notre vie », mais se consolant sous le signe adamantin de la Poésie reflétant et illuminant la marche de l'Humanité.
 
Après \"les” Oracles\", critique du piètre royaume de Juillet suivie d'un \"Post-scriptum\" sur la Poésie, « art des choses idéales ». \"la Sauvage\" vante la civilisation occidentale qui adopte une Indienne, établissant ainsi une harmonie sociale et morale
 
Nouvelle retombée, dans \"la Colère de Samson\". poème de l'homme trahi par la femme. Mais le redressement stoïque et héroïque de l'homme face à la mort, au « destin irrévocable [qui] rend courageux » (Joumal de Vigny), s'exprime à la fin du poème suivant, “la Mort du loup\", et \"la Flûte\", poème de l'artiste, terminecette série de trois poèmes par un encouragement aux forces de l’âme et un appel à la fraternité des esprits.
 
Suit \"le Mont des Oliviers\" évoquant le destin sombre de l'homme abandonné de Dieu ; en 1863. Vigny ajoute à ce poème pessimiste une strophe intitulée “le Silence”, où l'homme se décide à la révolte contre le silence de Dieu. Le rythme, alternance de poèmes sombres et de poèmes réconfortants, se poursuit : “la Bouteille à la mer\", une suite de septains comme les deux poèmes qui vont terminer le recueil, témoigne de la confiance de Vigny dans la vie des œuvres littéraires, jetées « à la mer » comme la bouteille contenant un message précieux.
 
\"Wanda\", au contraire, appartient aux poèmes entièrement noirs, racontant l'histoire terrible du Czar inhumain, accusé par Wanda d'avoir laissé périr en Sibérie sa sœur innocente. Finalement \"l'Esprit pur\" célèbre l'idéal des Poètes et des Penseurs, idéal que Vigny n'a cessé de soutenir contre le matérialisme de son époque et l'abandon de l'homme par Dieu.

vigny

« cette série de tro is poèmes par un encourage­ ment aux forces de l'âme e t un appel à la frater­ nité des esprits.

Suit "le Mont des O liviers" évoquant le dest in sombre de l'homme abandonné de D ieu ; en 1863, Vigny ajoute à ce poème pessim iste un e strophe intitul ée "le Silence", où l'homme se décide à l a révolte contre le s ilence de D ieu.

Le rythme, alterna nce de poèmes sombres et de po èmes réconfortants, se poursuit : '" la Bouteille à la mer", une suite de septains comme les deux poèmes qui vont terminer le recue il, témoigne de la confiance de Vigny dans l a vie des œuvres littéraires, j e tées « à la mer » comme la boute i lle contenant un message précieux.

'Wanda", au contra i re, appart ient aux poèmes entièrement noirs, racontant l'histoire terrible du Czar inhumain.

accusé par Wanda d'avo ir laissé péri r en Sibérie sa sœur innocen te.

Finalement, "l 'Esprit pur' ' célèbre l'idéa l des Poètes et des Penseurs, idéal que Vigny n'a cessé de souten ir contre le matérialisme de son époque et l'aban­ don de l'homme par Dieu.

Des" exilés " en Sibérie de "Wanda", au « pauvre » de "la Flûte", en passant par la Femme, « faible enfant » ("la Bouteill e à la mer") , et par la « pauvre Indienne " de "la Sauvage", les poèmes d e Vigny sont peuplés d'êtres opprimés ou abandonnés.

Le règne de Dieu ne change pas fondame ntale ment la rigueur exercée par les Destinées, et rien ni personne ne peut secourir Jésus marchant seu l au suppli ce dans "le Mont des Oliviers ", rien ne peut dét ourner le sacrifice du capitaine de "la Bouteille à la mer".

Mais si Vigny, doutant de la grâce du Seigneur, ne saurait recourir à la Piété et se rés igner à admettre les douleurs qui accablent l'humanité, c'est à la pitié qu 'il emprunte les resso urces nécessaires au redressement de l'homme.

En effet, la morale des Desti né es est claire, qui découle d'un effort enthou­ sias te pour fortifier les qualités de l ' homme rendu à lui-mêm e.

C'est ain si que Vigny peut critiqu er les ambitions politiques de son temps, sans avoir de doutes sur les bienfaits apportés au Nouveau Monde par le républicanisme d'Europ e : " Que tout ce qui fut mien soit tien », proclame le colon dans "la Sauvage ".

Sur un plan moins ambi­ tieux - "la Sauvage" fait partie de la ca mpag ne de l 'au teur pour entrer à l'Acadé mie -mais plus personnel, Vigny se fait le critique de la mesquine­ rie politique ("les Oracles"), de l'é tat de .

perver s ion de la Po ésie dans la cité moderne ("la Maison du berger") , ou encore des activités des "' contreban­ d ie rs » do nt est infect ée la vie sociale ("la Flûte").

Une politique du scepti­ cisme s'étale dan s les Destin ées, tout aussi clairement qu'une morale.

Quant à l'attitude religieuse de Vigny ce n'est pas de l'athéisme mais de l'an ti thé isme.

Dieu est, certes, pré­ sent au niveau opérationnel du lan­ gage poé tique ( « Seigneur », « Ciel », etc.), mais son silence est éclatant dans l 'univer s de l 'ho mm e vignye n.

L'aban­ don de l'h o mme par Dieu s'exprimait déjà dans les *Poème s antiqu es et moder­ nes ("El oa", "le Déluge" , "la Fille de jephté" ).

Il est encore plus explicite dans le poè me "les Destin ées;;, où l'É va ngi le ne libère pa s l'homme, dans la strophe "le Silence", ajou tée au "M ont des Olivie rs", où le juste se décide à répondr e par le dédain à ce tte absence de Dieu, et, enfin, dans "l'Esprit pur ", don t le titre désigne un esprit pll!s humain, un « visible saint­ esprit».

A la place de la Foi, Vigny met un spiritualisme propre à rassurer la flûtiste co mme le Poète, la Femme admirant l 'œ uv re du Poète comme l'h omme redoute la fragilit é des êtres.

Se méfian t de la transcen dance divine et provid entiell e, et se détou rnant de l'action guerrière de ses an cêtres ("l'Esprit pur "), l'homme de Vigny c her che en lui-même ses appuis.

Il faut sans dou te admettre que cer ­ tains poèm es recèlent un véritable message person nel.

C'est le cas de "la Mort · ctu loup" .

C'est encore le cas de. »

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