Devoir de Philosophie

CHATTERTON d'Alfred de Vigny (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

Extrait du document

vigny
CHATTERTON. Drame en trois actes et en prose d'Alfred de Vigny (17971863), créé à Paris à la Comédie-Française le 12 février 1835, et publié à Paris chez Hippolyte Souverain la même année.
 
Cette transposition dramaturgique du second récit de Stello (1832), conçue pour Marie Dorval, comédienne et maîtresse de Vigny, était terminée en juin 1834. Auprès du public, le drame fut un des grands événements du théâtre romantique. L'accueil dans la presse, en revanche, était partagé : à Vigny, proclamé par les uns « le Racine du romantisme », d'autres reprochaient d'avoir fait l'apologie du suicide. Finalement, l'action serrée et le relief des deux personnages principaux ont assuré le succès de la pièce, qui fut représentée 37 fois à Paris l'année de sa création.
 
La tendre et modeste Kitty Bell, sur le conseil d'un vieux quaker ami de la maison, accepte le don d'une Bible par Chatterton, jeune poète qui vit retiré chez les Bell. Kitty doit affronter la colère de son époux John Bell, industriel rude et spéculateur qu'on voit renvoyer un de ses ouvriers, et qui gronde sa femme au sujet des comptes de la maison. Entre-temps, Chatterton, venant d'écrire une demande de secours au lord-maire, réfléchit avec le quaker sur la séparation fatale du poète d'avec le commun des hommes (Acte I).

vigny

« pa r une société matéri aliste », pré­ figur e ainsi d'autres poètes maud its du XJXe siècle (voir Nl 'Al batros", de Baude­ laire, dans les *Fleurs du mal).

Dans so n aliénatio n, cependant , le poè te n'es t pas seul.

Il es t rejoint par la femme , être faible, « esclave ,.

de so n mari, mais « sa uvag e ,.

co mme Chatter­ ton.

Hési tante , in quiète, Kitty est t ou t sentiments, déchirée, dan s sa simpli­ cité, entre l'amour et l e devoir.

Mère d ' une part, fe mme a imante de l'autre, l a que stio n p our elle est «commen t donc doi t vivre une femme? ,.

(Il, 4).

Elle salt spon tanément la réponse , prê­ tant de l'argent au po ète pauvre , vou­ lant tou t lu i offrir ( 11, 5), et risqua nt final e men t de subir le même marty re q ue lui (Ill , 9).

La bonté et l'amitié entoure nt ces deux « cœurs jeunes, simples et primitifs,.

en la personne du qu aker qui réincarne le docteu r No ir de Ste llo.

Obse rvateur compatis sant, m oins ironique qu e le docteur, cet h o mm e religie ux s'e mpl oie à sauv er les vies dan s une lutte t o u jo urs inég ale contre la brutalité et les froids calcul s d ' un john Bell, c ap italiste mode rne , et d 'un Beckfo rd , utilitaris te intrans i­ geant.

On dirait donc que Ch atterton est surtout un drame d'idées.

Cependant, la pièce poss è de des resso urces drama­ tiques r emarq uables s ur deux plans : psycholog i que avec la sensibilité de Kitty face au discours simpliste des hommes , et scénogra phl que avec l 'esca li er menant à la cha mbre de C hattert on (domai ne de l'a rt et de la m ort ) fai sant contras te avec l'exis ten ce plat e et bo u rgeoise des Bell.

L'effe t de ces oppo sitions -rehaussant l'univers des élus aux dépe ns du mond e ordi­ n aire -s'acce ntue à la fin de la pièce , où l'actio n se conce ntre autour de l 'esca lier, avec la mo rt libé ratrice du p oèt e et le sa crlfi ce de la fe mm e.

D 'après ce que l' o n sai t, Marie Dorval, jouant le rôle de Kitty Bell , modifia la mise en scè ne prévue en se laissant glisse r, mourante, le long des marches : c'éta it non seulement aller dans le sens du dr ame , mais lui donn er aussi la to u­ che final e pr op re à as sure r s on succès.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles