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Entretiens sur la pluralité des mondes

Publié le 11/04/2013

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Fontenelle a écrit cet ouvrage en 1686. Rappelons que Galilée fut condamné par l'Église en 1632 pour avoir affirmé la théorie de l'héliocentrisme. En 1644 encore, dans ses Principes de philosophie, Descartes considérait cette théorie comme une convention purement arbitraire, utile pour résoudre certains calculs.

« Le même thème de la pluralité des monde s avait été traité par Cyrano de Bergerac dan s ses Hi stoir es c omiqu es d es État s (1657-1662 ) mais sur un tout autre ton.

Quant à Gas sendi, il avait lui aussi abordé ce thème en 1658, mais de façon scientifique.

- -- ----EXT R AIT Où il est question de Phaéton (le fils du Soleil) et de la mécanique de l'univers Ainsi les vrais philosophes passent leur vie à ne point croire ce qu'ils voient, et à tâ cher de deviner ce qu'ils ne voient point; et cette condition n'est pas, ce me semble, trop à en­ vier.

Sur c ela je me figure toujours que la nature est un grand spectacle qui ressemble à celui de l'opéra.

Du lieu où vous êtes à l'opéra, vous ne voyez pas le théâtre tout à fait comme il est ; on a disposé les décora­ tions et les machines pour faire de loin un effet agréable, et on cache à votre vue ces roues et ces contrepoids qui font tous les mouvements.

( ...

) Représentez-vous tous les sages à l'opéra, ces Pytha­ gore, ces Platon, ces Aris­ tote, et tous ces gens dont le nom fait aujourd'hui tant de bruit à nos oreilles ; sup­ posons qu'ils voyaient le vol de Phaéton que les vents enlèvent, qu'ils ne pouvaient découvrir les cordes, et qu'ils ne savaient point comment le derrière du théâtre était disposé.

L'un d'eux disait : « C'est une vertu secrète qui enlève Phaéton.

»L'autre : « Phaéton est composé de certains nombres qui le font monter.

» L'autre : «Phaéton a une certaine amitié pour le haut du théâtre vide » ; et cent autres rêveries que je m'étonne qui n'aient perdu de réputation toute /'Antiquité.

A la fin, Descartes et quelques autres modernes sont venus, qui ont dit: « Phaéton monte, parce qu'il est tiré par des cordes, et qu'un poids plus pesant que lui descend .

» Ainsi on ne croit plus qu'un corps se remue , s'il n'est tiré, ou plutôt poussé par un autre corps ; on ne croit plus qu'il monte ou qu'il des­ cende, si ce n'est par l'effet d'un contre- " poids ou d'un ressort ; et qui verrait la nature telle qu'elle est ne verrait que le derrière du théâtre de l'opéra.

-A ce compte, dit la marquise, la philoso­ phie est devenue bien mécanique ? -Si mécanique , répondis-je , que je crains qu'on en ait bien honte.

Les habitants de la Lune sont-ils déjà venus sur Terre ? -Les Européens n'ont été en Amérique qu'au bout de six mille ans, répliquai-je en éclatant de rire ; il leur fallut ce temps-là pour perfectionner la navigation jusqu'au point de pou voir traverser l'océan.

Les gens de la Lune savent peut-être déjà faire de pe­ tits voyages dans l'air ; à l'heure qu'il est, ils s'exercent; quand ils seront plus habiles et plus ex périmentés, nous les verrons, et Dieu sait quelle surprise ! - Vous êtes insupportable, dit-elle, de me pousser à bout avec un raisonnement aussi creux que celui-là.

- Si vous me fâche z, repris-je , je sais bien ce que j'ajouterai encore pour le fortifier.

( ..

.) Quand nous aurons bien connu notre habitation, il nous sera per­ mis de connaître celle de nos voisins , les gens de la Lune.

NOTES DE L 'E D ITEU R style que ces Entretiens nous charment.

Nous prenons plaisir à cette conversation élégante, à ces évocations sans cesse renouvelées, à cette curiosité sans cesse en éveil , à tant de rapprochements piquants et enfin à ces images ingénieuse s mais d'une simplicité si éloquente.

On peut être plus savant que Fontenelle, mais on ne saurait le dépasser dans l'art de bien dire et de faire comprendre.

» A.

Calame, introduction aux Entretiens sur la pluralité des mondes, Librairie Didier, 1966.

Les autres ouvrages importants de Fontenelle sont les Dialogues des morts (1683) et les Éloges des Académiciens (1699-1740).

Nommé secrétaire perpétuel de l'académie des Sciences en 1699, il écrivit par ailleurs des Préfaces d'ouvrages savants et il exposa, avec une grande clarté et un sens très aigu de la vulgarisation, les travaux de Descartes, de Malebranche, de Leibniz , de Newton , etc.

Ce qui fit dire à Voltaire : «L'ignorant l'entendit , le savant l'admira.

» « Les Entretiens sur la pluralité des mondes sont donc( ...

) un des livres les plus importants de leur époque.

En eux convergent bien des courants du xvrre siècle, tant dans la pensée que dans l'art littéraire.

Ils sont d'autre part à l'origine de bien des traits caractéristiques du xvme siècle.

( ...

) S'ils ont perdu leur valeur de manuel d'astronomie, ils restent un chef-d'œuvre littéraire de premier plan.

( ...

)C'est par le 1 lith ograp hie de Delpech d'a pr ès Mauri n/ N D V io llet / B .N .

2, 3 , 4 lithogra phies de Chape la in Mid y, Cen traux B ibliophil es, Paris, 1960 / B .N .

FONTENELLE 02. »

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