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ÉROTISME (L’). Georges Bataille (résumé)

Publié le 09/06/2016

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ÉROTISME (L’). Essai de l’écrivain français Georges Bataille (1897-1962), publié en 1957. L’œuvre entière de Bataille pourrait se définir comme une tentative sans cesse renouvelée pour explorer ces états-limites : la douleur, le plaisir, la mort, qui permettent à l’homme de passer ses frontières pour goûter, un instant, 1’ « impossible » qu’appelle et refuse la vie, comme elle appelle et refuse la mort. C’est une œuvre qui recherche l’excès, soit pour le traduire directement (romans, poèmes), soit pour en systématiser le chemin
(essais), et il n’est donc pas étonnant qu’elle soit en grande partie consacrée à l’exploration ou à l’expérience de l’érotisme, activité essentielle de la vie intérieure dans la mesure où il relève à la fois de la fascination de l’unité (de la continuité) et de la sensibilité religieuse.
 
L’essai de Bataille intitulé YÉrotisme est divisé en deux parties : « l’interdit et la Transgression » -composé de treize chapitres analysant notamment l’érotisme dans l’expérience intérieure, l’interdit lié à la mort et à la reproduction, la transgression (meurtre, chasse, guerre, sacrifice, orgie), le christianisme, la prostitution et la beauté - et « Études diverses sur l’érotisme » qui, à propos du rapport Kinsey, de Sade, de l’inceste, de la mystique et la sensualité, etc., recoupent les idées exposées dans la première partie en les éclairant sous un angle différent. « J’ai tout sacrifié, note Bataille, à la recherche d’un point de vue d’où ressorte l’unité de l’esprit humain. » Et il précise par ailleurs : « l’érotisme ne peut être envisagé indépendamment de l’histoire du travail et de l’histoire des religions », d’où la mise en question, à son propos, de tout ce qui fait et a fait l’homme. Ce qui a fait l’homme, c’est, à une date impossible à préciser, la connaissance de la mort et la réglementation de la sexualité, autrement dit la définition de 1’ « interdit » — interdit
 
autour duquel s’est polarisé le sacré et la sensibilité religieuse cependant que la communauté humaine fondait son organisation sur le travail et la raison. Mais la conscience de l’interdit suscita le besoin d’un dépassement, d’une « transgression » qui s’est exprimée, au fur et à mesure de l’évolution de la société, dans la chasse, la guerre, l’art, le sacrifice, l’orgie, le sacrilège, l’érotisme. Ressort de la religion et de l’érotisme, la transgression « lève l’interdit sans le supprimer » car elle ne perçoit justement son excès que si elle est consciente de cet interdit. Et c’est dans l’excès que l’homme touche à l’impossible - impossible qui correspond à sa dissolution dans une « continuité » que ne cesse d’appeler notre être muré dans sa solitude, son isolement, sa « discontinuité » par rapport à l’Autre, et ne pouvant la dépasser que par une transgression dont l’éro-tisme représente la voie la plus souveraine. L’érotisme, que Bataille définit comme ce qui, dans la conscience de l’homme, met en lui l’être en question, relève ainsi du désir de retrouver la continuité perdue et donc de la fascination de la mort (celle-ci équivalant à la dissolution définitive de l’individu dans la continuité). Mise à nu et, en un sens, mise à mort, « l’érotisme a pour fin d’atteindre l’être au plus intime, au point où le cœur manque », pour le faire accéder à cette « contemplation de l’être au sommet de l’être » dont l’intensité débouche sur le silence.
 
Il aurait fallu souligner la part faite dans cet ouvrage avec références anthropologique et ethnologique, au parallèle entre mysticisme et érotisme, mais cet ouvrage n’est lui-même que la conclusion d’une somme dont Bataille a indiqué la composition
dans la liste de ses œuvres parue en tête de la réédition (1954) de l'Expérience intérieure, et qui devait comprendre, sous le titre général de la Part maudite : la Gonsumation, la Souveraineté (non publiée) et l'Érotisme. Parue en 1949, la Consuma-tion (simple sous-titre alors de la Part maudite) se présente comme un « Essai d’économie générale » dont « la dépense (« la consumation ») des richesses est, par rapport à la production, l’objet premier », le mouvement étudié étant « celui de l’énergie excédante, traduit dans 

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