ESSAIS, Montaigne (Michel Eyquem de)

Nous avons affaire ici à un ouvrage «ondoyant et divers», d’un genre nouveau,

dont les deux premiers livres, rédigés entre 1570 et 1580, furent édités dès 1580 et le troisième en 1588. On n’y distingue pas d’ordre apparent. Il est constitué de réflexions et de commentaires sur les faits divers de l’histoire passée et présente ; l’auteur prend position sur des questions politiques et religieuses. Ainsi le sujet des Essais est d’abord et surtout l’insatisfaction de l’auteur à l’égard de son temps, ainsi qu’une réflexion sur la mort; mais à travers tout cela, c’est lui-même que l’auteur décrit: «C’est moi que je peins. Je suis moi-même la matière de mon livre. » Montaigne se décrit en effet physiquement, mais surtout intellectuellement et moralement: il est lettré, «bon clerc», d’intelligence lente mais pénétrante, et d’une curiosité insatiable ; il hait la contrainte et la sottise; il aime voyager et lire ; il est franc, sincère, nonchalant, fantaisiste ; il apprécie l’ironie et les traits d’esprit mais se défie des passions; il a une remarquable aptitude au bonheur.