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Fables de La Fontaine : Fiche de lecture

Publié le 08/01/2019

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fontaine
Fables
 
Les Fables sont l’œuvre d’une vie. Leur publication s’étend sur un quart de siècle (1668-1694); leur composition sur plus de trente années peut-être si l’on fait remonter les premières fables à 1660 ou 1662 (pour l'histoire de l’édition, voir la chronologie).
 
La composition du recueil entier des Fables, le classement de celles-ci, la division par livres et sa finalité réelle laissent perplexes. On ne parvient à rendre compte ni de l’invention ni de la construction de cette mystérieuse machine des Fables. Il est surtout malaisé de concilier le projet d’utilité et de moralité invoqué par La Fontaine dans ses Préfaces avec l’« immoralité » apparente de certaines fables — dénoncée par J.-J. Rousseau — et les constantes contradictions de l’œuvre : non seulement contradiction de fable à fable, mais parfois aussi contradiction au sein d’une même fable : La Fontaine, dans sa morale, prend le contre-pied de sa démonstration (ainsi dans « l'Horoscope », VIII, 16). Comment concilier l’idée d’une efficacité morale et pratique des Fables avec ces fréquentes contradictions?
 
Certains indices sont sûrs : les quelques publications séparées dont nous disposons montrent qu’il y a eu, dans la présentation en recueils, à la fois un tri — certaines fables à caractère ouvertement politique ne seront jamais admises dans les recueils — et une répartition, un classement par livres des Fables qui déjoue l’ordre chronologique de leur composition.
 
Il apparaît, d'autre part, dans les Épilogues des deux premiers recueils, que l’œuvre, à ces moments, est simplement « suspendue » et non pas achevée. Seule la dernière fable du douzième livre, « le Juge arbitre, l’Hospi-talier et le Solitaire », vient officiellement, dans ses vers ultimes, clore à jamais l’ensemble du recueil :
 
Cette leçon sera la fin de ces ouvrages...
 
Par où saurais-je mieux finir?
 
Il existe donc un itinéraire des Fables, et celui-ci se trouve jalonné par de constants appels, par des échos significatifs de fable en fable. « Les Frelons et les Mouches à miel » (I, 21) font déjà allusion à « l’Huître et les Plaideurs » (IX, 9); « la Souris métamorphosée en fille » (IX, 7) semble reprendre le thème et le schéma de « la Chatte métamorphosée en femme » (II, 18); beaucoup de « fables doubles » comme « la Laitière et le Pot au lait » et « le Curé et le Mort » s’appellent l’une l'autre, etc. Ainsi les Fables constituent-elles une totalité, achevée seulement au terme du livre XII, et dont l’ordre délibéré est celui d'une progression jalonnée par des signes évidents.
 
Ce « parcours » nous en évoque d’autres : le Songe de Vaux était conçu dès l’origine comme une promenade enchantée dans le palais et les jardins de Vaux, encore inachevés; les Lettres du Limousin rendaient compte d’un itinéraire géographique vécu, avec ses haltes, ses stations devant certains paysages ou certains monuments; enfin les Amours de Psyché et de Cupidon, qui paraîtront seulement un an après le premier recueil des Fables, substituent à une composition historique du récit une disposition « topographique » résultant des déplacements de quatre amis dans le parc de Versailles. Décidément, chez La Fontaine, Hortésie, la fée du jardinage, fait bon ménage avec Calliopée, la Muse de la poésie.
 
Or, c’est à partir de 1669 que les jardiniers installent, dans un coin forestier du parc de Versailles, un labyrinthe de verdure. Ce labyrinthe est constitué de multiples petites allées, jalonnées par des fontaines de plomb coloré reproduisant des sujets des Fables d’Ésope. L’instigateur du projet? Charles Perrault, premier commis à la surintendance des Bâtiments du roi depuis la disgrâce de Fou-quet. Le dessinateur de l’ensemble? Le Brun. Les sculpteurs des fontaines? Le Gros, Tuby, Houzeau, Le Hongre. Le jardinier? Le Nôtre. Bref, toute l’ancienne équipe constituée autour de Fouquet lors de l’aménagement de Vaux; tous des amis de La Fontaine. Que de similitudes entre la construction littéraire de La Fontaine et ce labyrinthe où les animaux sont représentés « dans leur forme naïve », où la nature est partout présente, où l'eau ruisselle de toutes parts, où les perspectives ne s’ouvrent qu’une à une, où la fonction pédagogique enfin est clairement affirmée puisque Bossuet, dit-on, conservait la clef du labyrinthe pour y promener le Dauphin, son jeune élève! Au pied de chaque fontaine, on trouve un quatrain de Benserade qui relate brièvement la fable illustrée. Qu’un tel projet de «jardin fabuleux » ait pu être imaginé dès 1658 ou 1659 pour le palais de Vaux, que La Fontaine ait été pressenti depuis longtemps pour rédiger les textes versifiés des Fables, qu’après la chute du surintendant on lui ait, en fin de compte, préféré Benserade — ce qui légitimerait encore l'hostilité de La Fontaine, jusqu'en 1678, contre les partisans de la brièveté de la fable —, certains indices conduisent à le penser, mais rien ne nous en assure. Que le succès des Fables de La Fontaine ait fait naître l'idée d’aménager ce labyrinthe est également probable. Quoi qu’il en soit, retenons l’adéquation du fablier à la disposition en labyrinthe. Un labyrinthe qui ne comporte qu’une sortie.

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« similitudes entre la construction littéraire de La Fontaine et ce labyrinthe où les animaux sont représentés « dans leur forme naïve», où la nature est partout présente, où l'eau ruisselle de toutes parts, où les perspectives ne s'ouvrent qu'une à une, où la fonction pédagogique enfin est clairement affirmée puisque Bossuet, dit-on, conser­ vait la clef du labyrinthe pour y promener le Dauphin, son jeune élève! Au pied de chaque fontaine, on trouve un quatrain de Benserade qui relate brièvement la fable illustrée.

Qu'un tel projet de «jardin fabuleux» ait pu être imaginé dès 1658 ou 1659 pour Je palais de Vaux, que La Fontaine ait été pressenti depuis longtemps pour rédiger les textes versifiés des Fables, qu'après la chute du surintendant on lui ait, en fin de compte, préféré Benserade- ce qui légitimerait encore l'hostilité de La Fontaine, jusqu· en 1 678, contre les partisans de la briè­ veté de la fable -, certains indices conduisent à le pen­ ser, mais rien ne nous en assure.

Que le succès des Fables de La Fontaine ait fait naître l'idée d'aménager ce labyrinthe est également probable.

Quoi qu'il en soit, retenons l'adéquation du fablier à la disposition en laby­ rinthe.

Un labyrinthe qui ne comporte qu'une sortie.

La fontaine ne parle-t-il pas de ses Fables comme d'un « enchantl!ment », une «feinte>>, c'est-à-dire un délicieux trompe-l'œil? Ne pouvons-nous imaginer, dès lors, que les fables, à l'instar des statues du labyrinthe, sont disposées de telle sorte qu'on puisse prendre plu­ sieurs chemins mais qu'ils mènent tous à une même issue? Ainsi emre les fables, comme entre les fontaines des sculpteurs de Versailles, sont aménagées des pers­ pectives que déterminent aussi bien une attirance de sens qu'une concordance plastique.

On voit se tisser peu à peu un réseau où toutes les fables finissent par entrer et Entrées multiples Maux Point de départ 1 par se répondre.

Les livres ne sont pas, dès lors, des chapitres séparés, des unités en enfilade, mais plutôt des entrées possibles du labyrinthe.

En effet, La Fontaine a composé chacun d'eux d'un nombre suffisant de fables pour que la douzaine de personnages principaux - l'homme.

la femme, les dieux, l'oiseau, le loup, le renard, le lion, le rat, l'âne, le singe et la «gent aquati­ que» -y prennent place, ainsi que la douzaine d'élé­ ments constants, pour ainsi dire « stéréotypés » du décor - forêt, champ, rocher, rivière, mer, chemin, rue de ville, échoppe, palais, chaumière.

Dès lors, à nous de suivre un animal ou de remonter le cours de. »

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