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FÉNELON: Les Aventures de Télémaque

Publié le 18/11/2010

Extrait du document

«Il peut tout sur les peuples ; mais les lois peuvent tout sur lui. Il a une puissance abso-lue pour faire le bien, et les mains liées dès qu'il veut faire le mal. Les lois lui confient les peuples comme le plus précieux de tous les dépôts, à condition qu'il sera le père de ses sujets. Elles veulent qu'un seul homme serve, par sa sagesse et par sa modération, à la félicité de tant d'hommes ; et non pas que tant d'hommes servent, par leur misère et par leur servitude lâche, à flatter l'orgueil et la mollesse d'un seul homme.«
(Les Aventures de Télémaque, Livre V)

« recherche de son père.

C'est cet épisode que ne traite pas Homère qu' entreprend de raconter Fénelon, dans unrécit qui tient autant de l'imitation que de la véritable création, car l' auteur imite les procédés de narration desAnciens : son héros Télémaque, accompagné du sage Mentor (en réalité la déesse Minerve), part à la recherched'Ulysse.

Son périple, qui va le mener, après un naufrage dans l'île de Calypso d'où vient de partir Ulysse, toutautour des rivages de la Méditerranée, est à sa manière une nouvelle odyssée : sa quête du père est également unequête du sens, un apprentissage de la vie. Mais le maître ne s'est pas borné à une simple imitation des Anciens.

Une de ses préoccupations fondamentales estd'offrir à son lecteur un outil efficace ; or, pour être efficace, il doit être plaisant.

C'est la seconde des raisons quimotive le choix «homérien» de Fénelon.

L'épopée lui fournit le cadre passionnant et captivant dans lequel il pourraintégrer son enseignement.

Ainsi naît ce qu'on pourrait appeler «un roman pédagogique», plus moderne qu'il n'yparaît.

Anticipant sur le plaisir que pourrait prendre son élève à la lecture de son Télémaque, Fénelon semble s'être laissé aller spontanément au bonheur de la fiction et du récit poétique. Fénelon révèle en cela la position particulière qu'il occupe dans la transition qui s'opère à son époque entre lesClassiques et les Modernes.

Se gardant de prendre définitivement parti dans la querelle qui les oppose les uns auxautres, Fénelon s'inscrit plutôt sur une ligne médiane : reconnaissant l'absolue nécessité de la culture antique,garante selon lui de la pureté littéraire qui préside à la beauté, il n'en est pas moins ouvert à une sensibilité plusmoderne, en ce sens qu'il tient pour essentiel que s'expriment, par-delà les règles, le goût propre de l'écrivain, sesfacultés d'imagination. Le Télémaque témoigne de cette position.

Largement nourri par la culture antique, c'est un ouvrage dont l'inspiration libre, l'enchevêtrement des aventures et des tableaux vivants rappellent certains aspects du baroque,et qui par son écriture, musicale, ondoyante parfois, dans laquelle une large part est laissée à l'imagination, évoquedans certains passages un «poème en prose» aux accents préromantiques.

Cette esthétique, Fénelon la résume enécrivant que «peindre, c'est rendre l'effet sensible». 2.

UN ROMAN PÉDAGOGIQUE Les Aventures de Télémaque sont prétexte pour le jeune héros à toutes sortes d'événements, riches d'enseignements qui concernent tous les domaines de la vie. Les livres I à V sont consacrés au récit que fait Télémaque à Calypso de ce qui lui est arrivé depuis qu'il a quitté sonîle natale d'Ithaque ; ils constituent un premier catalogue de personnages politiques dont il convient ou non desuivre les exemples : ce sont, en Égypte, le bon roi Sésotris, malheureusement entouré de mauvais conseillers, etson fils Bocchoris, jeune prince gouverné par la violence ; en Phénicie, le tyran odieux Pygmalion ; en Crète, Minos,le roi sage, et Idoménée, son petit-fils, poussé au meurtre par la fureur, et chassé de l'île. Les livres VI à VIII racontent le départ de Télémaque et de Mentor, qui quittent l'île de Calypso pour Salente,fondée par Idoménée.

C'est l'occasion pour Fénelon de sensibiliser son élève à des questions qui dépassent ledomaine du politique.

On y voit Télémaque victime de l'amour, en la personne de la nymphe Eucharis, dont il esttombé éperdument amoureux.

Pressentant le danger, Mentor va éloigner son protégé en l'incitant à fuir des passionsqu'il ne peut vaincre : «Celui qui n'a point senti sa faiblesse et la violence de ses passions n'est point encore sage ; car il ne seconnaît point encore et ne sait point se défier de soi.

[...] on ne peut vaincre l'amour qu'en fuyant.

Contre untel ennemi, le vrai courage consiste à craindre et à fuir [...]» (Les Aventures de Télémaque, Livre V) Les livres IX à XI marquent un retour à la politique.

Mentor, aux côtés d'Idoménée, arbitre une guerre et met enoeuvre une série de réformes de la constitution visant à améliorer le gouvernement.

Ces réformes vont dans le sensd'un retour à la vertu, d'un retour au travail de la terre et aux arts utiles, d'un développement et d'une libéralisationdu commerce, etc. Les livres XII à XVII sont consacrés plus particulièrement à la chose militaire.

Le rang de Télémaque exige qu'il fasseson apprentissage de chef de guerre.

Mais cet apprentissage, loin d'être une exaltation sans nuance de la fougueguerrière, est surtout un appel à la modération et à la tolérance.

Les expériences de Télémaque à l'armée luienseignent d'une part que l'impulsion est mauvaise conseillère, d'autre part qu'un bon chef de guerre se doit avanttout d'être un habile négociateur et qu'il doit préférer aux pratiques sanguinaires de l'agression, celles de ladiplomatie, justes et humaines. Aux termes de ces pérégrinations, l'éducation du jeune Télémaque est achevée et, avec elle, celle du jeune princede Bourgogne, destinataire de l'ouvrage.

Les livres XVII et XVIII marquent cet achèvement : Mentor laisseTélémaque, prêt pour le difficile métier de roi, voler de ses propres ailes.

Le jeune prince retourne à Ithaque où ilretrouve enfin son père. 3.

UNE ALLÉGORIE POLITIQUE ET PHILOSOPHIQUE Publiées un mois après la condamnation de Fénelon par le pape, les Aventures de Télémaque sont mal reçues par la. »

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