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Fiche de lecture : Huis Clos de Jean Paul Sartre

Publié le 29/07/2010

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Jean-Paul Sartre est un nom bien connu de la littérature française! En effet qui n'a jamais entendu parler de cette figure de la culture francophone? Qu'il s'agisse de théâtre, de romans ou de textes philosophiques Sartre s'affirme comme l'un des génies du XX ème siècle en matière d'écriture. Il est aussi bien philosophe que critique et écrivain et montre son pluralisme par la diversité de nature des œuvres qu'il produit: il est sans contestation un dramaturge, romancier et nouvelliste de talent.  Il a ainsi marqué son époque par sa vie d'intellectuel engagé qui a suscité polémique et réticences ainsi que par sa vie sentimentale complexe qu'il menait aux côtés de Simone de Beauvoir.  Huis Clos est une des œuvres les plus populaires de Sartre achevée à la fin de l'année 1943. Elle se déroule en un seul acte composé de cinq scènes. Cette pièce illustre le principe même de l'Existentialisme, mouvement littéraire du XX ème siècle où l'être humain est défini par ses geste et ses non-gestes. Dans son écriture Sartre a pour but de faire rire le lecteur. Elle est adaptée au théâtre; cependant seule l'adaptation de Didier Van Cauwelaert à Nice en 1977 semble avoir donné justice à cette conception.    A leur mort, trois personnages de caractères très marqués se retrouvent dans la même pièce. Il s'agit de Joseph Garcin, journaliste, Inès Serrano, employée des postes et Estelle Rigault, riche mondaine. Ils n'ont rien en commun, viennent de milieux différents et n'ont ni les mêmes goûts ni les mêmes convictions. Sartre nous délivre ici une définition personnelle de l'Enfer: « L'Enfer; c'est les autres «. Par cette phrase il veut faire comprendre que la vie se ressent et se perçoit à travers les autres; les individus nous font prendre conscience de nous mêmes, de notre condition d'humain. Les trois protagonistes se débattent sans cesse pour échapper à leur situation mais l'Enfer finit par reprendre le dessus. Cette pièce de théâtre est en un acte composé de cinq scènes, dont la dernière est hypertrophiée.  Lors de la scène 1 on est introduits auprès du premiers personnage Garcin qui fait son arrivée dans un salon style Second Empire accompagné d'un garçon d'étage. Il s'ensuit alors un court dialogue entre ces deux personnages à travers lequel Garcin demande « où sont les machines de tortures «.  Cette scène d'exposition étonne car elle ne répond à aucune des questions du spectateur. Les personnages semblent tout au long de la scène connaître des détails nécessaires à sa compréhension mais cachés au lecteur. A la fin de la scène le garçon d'étage quitte la pièce.  Dans la scène 2 Garcin appelle vainement le garçon; il fait alors l'expérience de l'enfermement et de la solitude.  La scène 3 est marquée par l'apparition d'un nouveau personnage: Inès. D'abord confuse elle demande à Garcin ou est Florence. Celui-ci lui répond qu'il ne connait pas de Florence et qu'ils se trouvent tous deux dans la même situation. Inès adopte alors une réaction agressive et reproche violemment à Garcin d'être son « bourreau «. Celui-ci dénie et tente de faire preuve de bonnes manières. Il se heurte alors à la froideur et au mépris de Inès.  Lors de la scène 4 c'est au tour d'un troisième personnages de faire son apparition. Ainsi nous nous familiarisons avec Estelle, une riche mondaine, qui se fait expliquer la situation par Garcin et qui montre déjà son côté superficiel car toute son attention est focalisée sur le mariage entre la couleur des canapés et celle de sa tenue. Elle essaie ainsi de fuir la réalité.  La scène 5 est la plus longue et la plus révélatrice. Jusque là? les 4 premières scène servent de scènes d'exposition. Dans cette scène Estelle prétend être morte d'une pneumonie et ignore la raison de sa présence en enfer. Elle s'interroge par ailleurs quant à la raison pour laquelle les trois personnages ont été réunis. Si Garcin pense à cet égard qu'il n'y a d'autre explication que le hasard, Inès déclare que chacun deviendra, par la suite, un « bourreau « pour les autres et elle les forcera à avouer les crimes qu'ils ont commis. Garcin, ne pouvant admettre une telle hypothèse, préfère s'isoler en espérant ainsi que chacun pourra épargner les autres, mais en vain. En effet, il entend, bien qu'il se bouche les oreilles, une discussion entre les deux femmes. Il décide alors de se dévoiler et il explique qu'il a torturé sa femme, mais ne parle pas de sa désertion. Ensuite, c'est Inès qui explique qu'elle est lesbienne et elle se définit elle-même comme méchante car elle a besoin de la souffrance des autres. En fin de compte, Estelle avoue à contrecœur un infanticide et sa responsabilité dans le suicide du père, un pauvre qui était aussi son amant. Estelle cherche du réconfort dans les bras de Garcin, mais ce dernier veut de la confiance. Le couple n'existera jamais à cause d'Inès qui n'arrête pas de les juger. Estelle essayera d'assassiner Inès mais ils sont déjà morts. Ils seront ensemble - à huis clos - pour l'éternité à se disputer.    Huis Clos est une argumentation qui a pour but de d'imposer une conception personnelle de l'Enfer selon Sartre. « L'enfer, nous dit-il, n'est pas le lieu de la torture physique, mais celui du jugement implacable d'autrui porté sur nous. Nos actes nous engagent tout entier et ne peuvent plus être modifiés. Une fois la mort advenue, nous n'avons aucune prise sur ce que le reste du monde en fera et la façon dont il les interprétera «. Les trois personnages du drame en font l'expérience, chacun obsédé par son histoire, chacun en position de victime sous le regard accusateur des deux autres, chacun condamné pour l'éternité à en subir le poids. Il n'y a pas d'échappatoire : même quand la porte est ouverte, ils ne peuvent sortir du salon où ils sont retenus. Le suicide lui même n'est pas envisageable car ils sont déjà morts. Car c'est là aussi tout le paradoxe de l'affaire : ils sont devenus inséparables et totalement dépendants les uns des autres : « les autres sont au fond ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes «, dira Sartre en préambule à l'enregistrement phonographique de la pièce en 1965.  Pour imposer son opinion Sartre énonce une morale à la fin « L'Enfer, c'est les autres «; il n'est donc pas indispensable de se retrouver sous terre pour se retrouver en Enfer. En effet la cruauté de ce lieu peuvent aussi bien s'exprimer dans des salons confortables en présence d'individus d'apparence « fréquentable «. Comme le dit Sartre « il suffit d'être trois « et assez mal assortis pour que la situation se révèle infernale et insupportable. Il sélectionne ainsi trois caractères et trois psychologies dont la combinaison sera nécessairement explosive. Il leur impose un décor qui ne leur laisse comme choix que la co-habitation, c'est à dire supporter la présence de chacun des deux autres sans possibilité de fuir ou de se fuir (suicide).  Sartre a conçu avec Huis Clos une dramatisation progressive, sans événement majeur: c'est grâce à des détails simples, anodins que le récit se construit. Au fil de la pièce et pour survivre à l'Enfer qui leur est soumis chaque personnage devient petit à petit essentiel aux deux autres, en étant paradoxalement la source de leur désespoir.  Ainsi le besoin d'Estelle de se sentir désirée d'un homme enclenche la jalousie d'Inès envers Garcin, mais le besoin de Garcin de convaincre qu'il n'est pas un lâche nourrit ce conflit. En allant d'une femme à l'autre il les frustre successivement l'une et l'autre. Il n'y a pas de compromis possible pas d'équilibre ou d'harmonie car aucun ne peut atteindre satisfaction dans son désir fondamental, mais aucun ne peut non plus se résoudre à abandonner. Aucun ne peut trouver refuge dans une relation amoureuse ni dans la solitude (Garcin fait 2 tentatives qui échouent à chaque fois notamment à cause de l'égoïsme d'Estelle qui ne peut se résoudre à ne plus parler et les condamne ainsi tous): le cercle vicieux ne peut être rompu: c'est l'éternité de l'Enfer selon Sartre un enfer sans violence physique qui n'est constitué que de la puissance des désirs de chacun.  Ce que cherche à démontrer Sartre dans Huis Clos se résume dans sa morale très connue: « L'enfer, c'est les autres «. Le concept central de la pièce sera ainsi d'étudier l'existence devant autrui.  Au delà d'un intérêt purement littéraire ce livre permet de nous poser une véritable question existentielle sur notre rôle dans la société ainsi que notre position par rapport à tout un chacun. Il nous pose aussi une réflexion sur les conséquences de nos actes. Il a donc un intérêt argumentatif.  De plus cette pièce possède de petites singularités qui lui accorde un charme indéniable: sa breveté (seulement un acte de cinq scènes) qui permet de tenir le lecteur en haleine, sa côté ironique à la limite du cocu qui provoque le sourire chez le lecteur et enfin la chute de la dernière scène où l'on apprend avec surprise que les trois personnages sont morts, damnés et con-damnés.

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