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FICHE DE LECTURE: LA SYMPHONIE PASTORALE D'ANDRE GIDE

Publié le 05/06/2011

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Par charité, bravant l'incompréhension de ses proches, un pasteur (protestant) des Alpes a recueilli une jeune orpheline aveugle, Gertrude. Peu à peu, sans qu'il s'en rende compte, cet homme intègre et pur s'attache à sa pupille de moins en moins par devoir et de plus en plus par amour, jetant le trouble dans sa famille, torturant involontairement son épouse et se dressant contre son fils qui voudrait épouser Gertrude. Que lui importe le scandale, puisqu'il est sincère !... jusqu'au jour où Gertrude recouvre la vue... Ainsi présenté, il peut sembler d'un romanesque facile. Mais Gide a traité son sujet en profondeur et la transparence de son style projette dans les consciences opposées ou déchirées, et notamment dans celle du pasteur, une lumière qui fouille et nuance. L'ouvrage a paru en 1919 ; en 1946, un film en fut tiré par Jean Delannoy, interprété par Michèle Morgan et Pierre Blanchar. Son succès fut considérable et rejaillit sur le livre qui permit enfin à André Gide, auteur consacré, mais relativement peu lu, d'atteindre pour la première fois un très large public.

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« pasteur et se trouve en opposition profonde avec lui.

Or, Gertrude va pouvoir recouvrer la vue par une opération quiréussit.

Mais avant de retourner chez le pasteur, 4 elle tente de se noyer : le monde apparaît très beau mais aussile front des hommes très soucieux.

Son cœur voit alors que c'est réellement Jacques qu'elle aime, mais lui, ayantrenoncé à l'épouser, entre dans les ordres.

Le pasteur, désespéré, apprend, juste avant qu'elle ne meure depneumonie, sa conversion, ainsi que celle de Jacques, au catholicisme, le désavouant, lui, tout à fait. Ivresse sensuelle et puritanismeLa Symphonie pastorale, c'est l'histoire d'une tentation ourdie par le diable contre un homme pieux mais que rien n'apréparé à une lutte aussi inégale.

La jeune fille, aveugle, est l'innocence même : « Si vous étiez aveugles, vousn'auriez point de péchés » (Nouveau Testament).

Mais dès que le pasteur l'instruit de l'amour divin et de l'harmonieterrestre, l'amour humain naît tout naturellement chez la jeune fille.

Devant l'ivresse sensuelle qui participe à sonexaltation religieuse, le pasteur ne peut qu'opposer une discipline puritaine, alors que lui-même ignore ou feintd'ignorer cet amour.

A sa rigidité, étayée par l'aveuglement sur son propre compte, Jacques répond en acte parl'adoption du dogmatisme catholique.

La grande faute du pasteur consiste, non à aimer à son tour la jeune fille, maisà trouver une légitimation à cette passion dans une interprétation inconsciente et personnelle de la Bible, puis à seprévaloir de cette interprétation pour répandre le malheur autour de lui. LE CONTEXTEEn réalisant, en 1919, le vieux projet de La Symphonie pastorale, Gide innove dans la forme, en s'essayant au«journal de bord », et dans le ton, dont le sérieux pathétique contraste avec la dérision des Caves du Vatican.

Ils'agit pourtant encore d'un « livre avertisseur », dans la mesure où il met en garde contre la libre interprétation desÉcritures.

La crise spirituelle que traverse Gide influence fortement cette oeuvre, qui dénonce la possible confusionentre l'amour de Dieu et l'amour des créatures. LE TEXTELe récit se présente sous la forme d'un journal, très irrégulier, du narrateur, le pasteur d'un village perdu du Jurasuisse, qui recueille chez lui une orpheline de quinze ans, aveugle-née et retardée.

L'éducation qu'il lui donne la faitprogresser rapidement et lui tait les laideurs du monde.

Mais il ne voit pas, contrairement à son épouse et à son filsJacques, que l'amour spirituel qu'il lui porte perd progressivement de sa pureté.

Le père et le fils, tous deux épris deGertrude, s'affrontent dans la lecture de la Bible.

Apprenant un jour que sa protégée est opérable, le pasteur,malgré son inquiétude, consent à la faire soigner.

La jeune fille découvre la beauté et la perversion du monde, lepéché.

Déçue par le visage fané de son bienfaiteur, elle comprend qu'elle a transposé son amour pour Jacques surson père et se jette à la rivière.

Jacques, qui s'est converti et l'a convertie au catholicisme, se fait moine. LES THÈMES MAJEURSLe masque de la puretéGide dénonce les ruses de la bonne conscience certaine du bien-fondé de ses intentions.

L'excès de piété dupasteur finit par l'aveugler lui-même et par le tromper sur la véritable nature de ses sentiments : il n'obéit plus qu'àdes motivations égoïstes. L'amour et le péchéDeux interprétations des Saintes Écritures fondent ici le débat spirituel : à la religion du péché et de la Loi, prônéepar saint Paul, le pasteur, qui, comme Gide, relit l'Évangile « d'un oeil nouveau », oppose la religion du Christ, quin'est qu'amour et joie.

Mais cette nouvelle lecture relève, littéralement, de la mauvaise foi. La revendication de la disponibilitéGide prône une disponibilité totale de l'homme au monde et à sesjoies, loin de tout conformisme ou adhésion à un quelconque idéal.

Le renoncement du pasteur, décontenancé par laréprobation de son fils, est ce qui le tue symboliquement : en refusant d'assumer son amour pour Gertrude, il la perddéfinitivement et « s'automutile ». L'ÉCRITUREUne densité psychologiqueL'auteur narre et analyse un drame purement intérieur.

L'aspect pittoresque et descriptif est nettement subordonnéà l'introspection, au profit d'une déconstruction des mécanismes du « mensonge à [sa-même ».

La technique mêmedu récit correspond au caractère du pasteur : monologues et plaintes illustrent la mauvaise foi. La poésie de l'Écriture sainteSi les références bibliques nourrissent le débat spirituel, elles imprègnent la narration entière d'une poésie simple,faite de ferveur et de clarté, et en harmonie avec l'austère grandeur du paysage où s'inscrit le récit.

Les images yviennent naturellement, tels les derniers mots de l'oeuvre : « mon coeur plus aride que le désert ».. »

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