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FICHE DE LECTURE: L'ASSOMMOIR D'ÉMILE ZOLA

Publié le 05/06/2011

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Une brave et courageuse ouvrière, Gervaise Macquart, abandonnée avec ses deux garçons, Claude et Etienne, par son amant Auguste Lantier, rencontre un jeune ouvrier zingueur, Coupeau, et accepte, finalement confiante, de l'épouser. Les premières années de vie commune sont heureuses, pleines de promesses ; une enfant naît, Nana. Mais Coupeau, tombé d'un toit, doit supporter une longue convalescence et commence à boire. Gervaise néanmoins, qu'aide son ami le forgeron Goujet, se décide à louer une boutique où elle « monte « une blanchisserie. Tout irait bien si Coupeau, qui boit toujours davantage, ne délaissait son travail et les siens, décourageant peu à peu Gervaise. De plus Lantier, qui s'est rapproché de Coupeau, ne tarde pas à venir vivre en parasite près du ménage, lequel se voit forcé de céder le magasin. La chute alors, implacable, se précipite, d'autant qu'à son tour Gervaise se met à boire, délaissant son travail...

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« science, qu'il veut transposer dans son oeuvre romanesque. Les Rougon-Macquart sont une «saga» de l'hérédité.

À l'origine de la famille, une folle, tout d'abord mariée à unçertain Rougon, dont elle a quatre enfants, puis, après la mort de son mari, maîtresse d'un ivrogne nomméMacquart, avec lequel elle a un fils.

Les deux branches, celle, légitime, des Rougon et celle, illégitime, des Macquart,portent donc une lourde hérédité, dont Zola étudie les ravages, autant dans les hautes classes de la société, oùévoluent les Rougon, que parmi le peuple, dont font partie les Macquart. Cette méthode d'investigation systématique, qui vise «à la reproduction exacte de la vie», va s'appeler«naturalisme».

Elle a pour objectif de montrer «le travail réciproque de la société sur l'individu et de l'individu sur lasociété» (Le Roman expérimental, 1880). L'Assommoir et Nana adoptent tour à tour chacun de ces points de vue.

Dans L'Assommoir, Zola étudie comment un certain milieu, celui du petit peuple parisien, influence la conduite des individus isolés, Gervaise et Coupeau, quine parviennent pas à s'en échapper.

Dans Nana, au contraire, il montre les ravages d'un seul être, la courtisane Nana, qui corrompt tout un milieu et menace même les plus hautes sphères de la société. 1.

MILIEU ET HÉRÉDITÉ: UNE DOUBLE FATALITÉ L'INFLUENCE DU MILIEU L'Assommoir est, à l'intérieur de l'ample série des Rougon-Macquart, le point de départ d'une micro-série, consacrée à la branche populaire des Macquart, et plus précisément au personnage de Gervaise et à sa lignée.

Dans sapréface, Zola explique son projet: «J'ai voulu peindre la déchéance fatale d'une famille ouvrière dans le milieu empesté de nos faubourgs.» Le faubourg dont il est question, c'est le quartier de la Goutte d'Or à Paris, encore tout proche de la campagne àl'époque, et où s'entassent les populations fraîchement arrivées dans la capitale.

L'écrivain précise son but dansl'ébauche du roman, esquissée avant la rédaction définitive : «Montrer le milieu peuple et expliquer par ce milieu les moeurs peuple; comme quoi, à Paris, la soûlerie, ladébandade de la famille, les coups, l'acceptation de toutes les hontes et de toutes les misères vient desconditions mêmes de l'existence ouvrière, des travaux durs, des laisser-aller, etc.» Sur cette fresque grouillante du petit peuple ouvrier de Paris, se détachent quelques figures remarquables.

Celle deGervaise, par exemple.

Elle est blanchisseuse et travaille dur au lavoir pour nettoyer le linge des autres.

Elle a vingt-deux ans et son fils aîné en a presque huit.

Abandonnée par Lantier, son «homme», elle épouse Coupeau, un ouvrierzingueur qui semble pouvoir la tirer de la misère.

«Ce furent quatre années de dur travail.

Dans le quartier, Gervaiseet Coupeau étaient un bon ménage, vivant à l'écart, sans batteries, avec un tour de promenade régulier ledimanche, du côté de Saint-Ouen.

La femme faisait des journées de douze heures chez Mme Fauconnier, et trouvaitle moyen de tenir son chez elle propre comme un sou [...].

L'homme ne se soûlait pas, rapportait ses quinzaines,fumait une pipe à sa fenêtre avant de Se coucher, pour prendre l'air.» Mais cette vie «idyllique» ne dure pas.

Coupeau tombe du toit sur lequel il travaillait.

Cet accident est le début desa plongée dans l'alcoolisme.

Avec lui Gervaise s'enfonce dans la déchéance, et Lantier, qui réapparaît, achève de lafaire sombrer.

L'eau-de-vie est désormais sa seule ressource contre le désespoir.

Nana, la fille de Gervaise etCoupeau, s'enfuit du taudis familial et entame la carrière de courtisane dont l'un des romans suivants décrira lesvicissitudes. C'est en vain que Gervaise et Coupeau ont tenté de «vivre à l'écart» de leur milieu.

Coupeau, blessé, incapable detravailler, fréquente avec une assiduité de plus en plus grande «L'Assommoir», qui donne son titre au roman etsymbolise le «fléau moderne» de l'alcoolisme. UN LIEU SYMBOLIQUE «L'assommoir» désigne en effet une gargote ou un cabaret qui est le centre de la vie populaire.

C'est là que l'on faitréchauffer ses plats quand on n'a pas de cuisine (et la plupart des taudis n'en ont pas), c'est là que l'on se retrouve après le travail, c'est là que l'on oublie sa fatigue et son désespoir en buvant de l'alcool de mauvaise qualité,surnommé «vitriol» par les habitués.

Dans le roman, ce lieu stratégique est «l'assommoir» du père Colombe, verslequel convergent tous les fils de l'intrigue, où se nouent les relations entre les personnages et où peu à peu ilssombrent dans la plus totale déchéance. Coupeau meurt dans une crise de «delirium tremens» causée par l'alcool : «C'était le vitriol de L'Assommoir qui donnait là-bas des coups de pioche.

Le corps entier en était saucé, et, dame ! il fallait que ce travail s'achevât émiettant, emportant Coupeau, dans le tremblement général et continude toute la carcasse.» Le personnage est littéralement assassiné par la puissance maléfique de l'alcool, que le père Colombe distille lui-même, dans un alambic que Zola personnifie et dont il fait l'emblème de la puissance occulte du destin, prêt à noyer. »

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