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Fiche de lecture: Le Misanthrope de Molière

Publié le 18/09/2010

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Il importe également de rappeler la fonction que Molière attribuait au ridicule. Il nous est sans doute difficile aujourd'hui de nous placer au point de vue qui était naturellement celui du spectateur du XVII' siècle. L'extrême importance de l'étiquette, la rigidité des codes sociaux engendraient au XVIIe siècle un respect aigu des « bienséances«. Il est certain qu'avec le temps, la lecture de la pièce a changé. Pour en juger, il suffit de se référer à la définition que donnait du ridicule l'auteur anonyme de la Lettre sur la comédie de l'Imposteur.

Il est fort probable que cette défense de Molière, publiée au lendemain de l'interdiction de la deuxième version de Tartuffe, présentée sous le titre de Panulphe ou l'Imposteur, était directement inspirée par Molière lui-même, si même elle n'était de sa main. On y trouvait, entre autres, ces lignes, que l'on peut aisément appliquer au Misanthrope :

«Le ridicule est donc la forme extérieure et sensible que la providence de la nature a attachée à tout ce qui est déraisonnable, pour nous en faire apercevoir et nous obliger à le fuir. Pour connaître ce ridicule, il faut connaître la raison dont il signifie le défaut et voir en quoi elle consiste. Son caractère n'est autre, dans le fond, que la convenance, et sa marque sensible, la bienséance. «

 

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« Au troisième acte, un dialogue entre Acaste et Clitandre laisse entrevoir le jeu de la coquette Célimène.

Les deuxprétendants se mettent d'accord pour se désister dès que la jeune femme aura arrêté son choix.

Mais celle-ci reçoitla visite de la prude et hypocrite Arsinoé qui a des vues sur Alceste.

C'est une nouvelle occasion pour Célimèned'utiliser toutes les ressources de son esprit afin de rabattre le caquet de la commère.

Mais, restée seule avecAlceste, Arsinoé promet à celui-ci de lui donner les preuves de la fourberie de celle qu'il aime. Effectivement, à l'acte suivant, Alceste a surpris un mot doux que Célimène avait adressé à Oronte.

Par dépit, ildemande à Éliante de l'épouser, mais celle-ci ne prend pas cette demande au sérieux.

Pourtant, après avoir accablél'infidèle de violents reproches, Alceste n'a pas la force de rompre et se laisse une fois de plus manipuler parCélimène. Au dernier acte, Alceste vient d'apprendre qu'il a perdu son procès.

Il a même dû se défendre de l'accusation d'êtrel'auteur d'un livre « infâme ».

Écœuré par tant d'injustice, il a décidé de fuir le monde. Philinte s'efforce en vain de le raisonner.

Alceste veut demander à Célimène de l'accompagner dans sa retraite.Oronte survient pour demander à Célimène de désigner , celui qu'elle veut épouser.

Mais Acaste et Clitandre, accompagnés d'Arsinoé, apparaissent pour démasquer l'intrigante.

Ils se sont communiqué les lettres qu'elle leurécrivait séparément.

Ils en lisent des extraits qui montrent qu'elle se moquait cruellement de tous ses prétendants. Alceste, resté seul avec Célimène, se dit prêt à lui pardonner à condition qu'elle renonce au monde.

Célimèneaccepterait le mariage, mais elle a peur de la solitude.

Alceste partira donc seul pour « le désert ».

Éliante accepted'épouser Phi-tinte qui va s'efforcer de persuader Alceste de revenir sur sa décision. Une comédie de caractères On a souvent reproché au Misanthrope d'être une fausse comédie, une comédie qui ne faisait pas rire.

La raison enest dans l'extrême subtilité de la peinture des caractères. Dans cette pièce, Molière a poussé à l'extrême sa conception de la grande comédie qui repose sur l'analysepsychologique et non sur des effets extérieurs. LE RIDICULE DE LA DISCONVENANCE Il importe également de rappeler la fonction que Molière attribuait au ridicule.

Il nous est sans doute difficileaujourd'hui de nous placer au point de vue qui était naturellement celui du spectateur du XVII' siècle.

L'extrêmeimportance de l'étiquette, la rigidité des codes sociaux engendraient au XVIIe siècle un respect aigu des «bienséances».

Il est certain qu'avec le temps, la lecture de la pièce a changé.

Pour en juger, il suffit de se référer àla définition que donnait du ridicule l'auteur anonyme de la Lettre sur la comédie de l'Imposteur. Il est fort probable que cette défense de Molière, publiée au lendemain de l'interdiction de la deuxième version deTartuffe, présentée sous le titre de Panulphe ou l'Imposteur, était directement inspirée par Molière lui-même, simême elle n'était de sa main.

On y trouvait, entre autres, ces lignes, que l'on peut aisément appliquer auMisanthrope : «Le ridicule est donc la forme extérieure et sensible que la providence de la nature a attachée à tout ce quiest déraisonnable, pour nous en faire apercevoir et nous obliger à le fuir.

Pour connaître ce ridicule, il fautconnaître la raison dont il signifie le défaut et voir en quoi elle consiste.

Son caractère n'est autre, dans lefond, que la convenance, et sa marque sensible, la bienséance.

» Et Molière, ou son porte-parole, ajoutait qu'il voyait dans « la disconvenance », « l'essence du ridicule ».

Oncomprend donc en quoi le personnage d'Alceste, sans pour autant provoquer immédiatement le rire, n'en était pasmoins ridicule dans la « disconvenance » de sa misanthropie.

De même que la galanterie de Panulphe était ridicule,car ne convenant pas à un dévot, de même la sauvagerie d'Alceste était ridicule, car en discordance avec sa qualité d'homme dumonde. L'opposition entre les deux amis, Alceste et Philinte, est l'un des axes principaux de la pièce.

Philintereprésente l'honnête homme chargé de défendre, face à Alceste, la nécessité des convenances.

Samodération, sa pondération avaient pour fonction de faire ressortir toute l'incongruité du comportementet des idées du bouillonnant « misanthrope ». La leçon qui se dégage de ce débat est loin, toutefois, d'être univoque.

Non seulement on est amenéaujourd'hui à relativiser ce conflit, mais on est en droit de s'interroger sur les intentions réelles de Molière. Certes, Alceste se discrédite par ses contradictions et ses excès.

Mais on ne saurait pour autant prendrele parti de Philinte.

Le conformisme de ce dernier est non moins suspect que l'extrémisme du misanthrope.Son apologie de l'opportunisme ressemble même fort à une mise en cause de la société plus probante queles dénonciations verbales d'Alceste. L'ATRABILAIRE AMOUREUX. »

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