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Fiche de lecture : L'Etranger, Albert Camus.

Publié le 14/08/2012

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Pourtant Camus semble nous présenter Meursault non pas comme un être qui n'est pas « fini «, qui n'a pas achevé sa socialisation, mais au contraire comme l'homme qui détient la vérité. L'Etranger rappelle étrangement le mythe de la Caverne de Platon, où finalement, le personnage principal, détenant la vérité, est tué par ses anciens compagnons, aveuglés par les ombres et leurs artifices. Meursault ne croit pas en une religion hypocrite qui offre la vie après la mort, il ne croit pas que la vie ait un sens. Il n'a pourtant pas peur de cette vie et ne la rejette pas. Il affirme même être un homme heureux. L'Etranger représente l'homme avant la prise de conscience de l'absurde : sans croyance à une religion et à des valeurs consacrées par la société, il a l'esprit lucide, il ne donne aucun sens à sa vie et se comporte comme tel. « En, fait ce n'est pas le monde qui est absurde mais la confrontation de son caractère irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profond de l'homme. « (Lagarde et Michard XXes, p 722). Cette confrontation, on la retrouve entre Meursault et le juge d'instruction : ce dernier ne peut pas comprendre un geste irrationnel (avoir tiré sur un cadavre). Il cherche un sens à la vie et le trouve dans la religion. Il s'exaspère face à l'agnosticisme de Meursault et en est même effrayé. Il veut lui offrir une révélation, lui montrer le chemin vers sa vérité de chrétien. Pour l'homme, tout doit avoir un sens ; et s'il ne peut pas expliquer scientifiquement, il l'explique autrement, par la religion. Mais à chaque fois il l'explique. 

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« Meursault, ne cherche pas de sens, il est indifférent.

Il se réjouit des plaisirs simples, bruts.

Il répond à ses désirs.

Il mange quand il a faim, sinon, il ne mange pas.

Lachaleur lui est désagréable, mais il apprécie le café au lait.

Il aime être avec Marie, non pas parce qu'il l'aime (il est incapable d'aimer), mais parce qu'il est bien avecelle, qu'elle est belle et qu'il la désire.

Meursault n'est pas un être rationnel, il est comme une conscience jetée dans le monde, et qui s'emplit de sensation.Si Freud avait pu lire l'Etranger, il y aurait trouvé son pervers polymorphe, cédant tour à tour aux pulsions de vie (le désir pour Marie) et aux pulsions de mort.

Unpersonnage sans surmoi pour les contrôler, représenté par un père inexistant dans tout le roman.

Lacan aurait pu y voir un enfant qui aurait mal franchi le stade dumiroir, ne sachant différencier le moi et les sensations qu'éprouve ce moi.En sociologie, l'Etranger représenterait la frontière entre nature et culture.

L'homme moderne est un homme culturel, socialisé, qui définit son identité commeappartenant à la société, comprend et adhère à ses valeurs.

Pionnier du culturalisme, Abraham Kardiner analyse la construction de la personnalité comme l'expressionsocialisée d'une nature universelle modelée par des valeurs des normes et des institutions, caractéristiques d'une culture particulière.

Meursault possède la nationalitéfrançaise, il se meut au milieu de la culture française et coloniale d'Alger.

Pourtant, sa personnalité est celle de la nature humaine brute, elle n'est pas modelée parquelque croyance ou quelque institution : Meursault ne croit pas en Dieu, il ne croit pas la loi (même s'il la trouve bien commode).Meursault n'est pas un être social, il est incomplet, sans prénom.

Il n'adhère à aucune valeur.

Il ne semble pas avoir conscience de lui-même.

Il ne peut qu'observer,éprouver des sensations et est incapable d'en tirer quelque sentiment ou quelque réflexion.

Il est comme absorbé par le monde, et ne peut s'en détacher pour se définiret se connaître lui-même, en tant qu'individu.III.

La philosophie de l'absurde.Pourtant Camus semble nous présenter Meursault non pas comme un être qui n'est pas « fini », qui n'a pas achevé sa socialisation, mais au contraire comme l'hommequi détient la vérité.

L'Etranger rappelle étrangement le mythe de la Caverne de Platon, où finalement, le personnage principal, détenant la vérité, est tué par sesanciens compagnons, aveuglés par les ombres et leurs artifices.Meursault ne croit pas en une religion hypocrite qui offre la vie après la mort, il ne croit pas que la vie ait un sens.

Il n'a pourtant pas peur de cette vie et ne la rejettepas.

Il affirme même être un homme heureux.

L'Etranger représente l'homme avant la prise de conscience de l'absurde : sans croyance à une religion et à des valeursconsacrées par la société, il a l'esprit lucide, il ne donne aucun sens à sa vie et se comporte comme tel.« En, fait ce n'est pas le monde qui est absurde mais la confrontation de son caractère irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l'appel résonne au plus profondde l'homme.

» (Lagarde et Michard XXes, p 722).

Cette confrontation, on la retrouve entre Meursault et le juge d'instruction : ce dernier ne peut pas comprendre ungeste irrationnel (avoir tiré sur un cadavre).

Il cherche un sens à la vie et le trouve dans la religion.

Il s'exaspère face à l'agnosticisme de Meursault et en est mêmeeffrayé.

Il veut lui offrir une révélation, lui montrer le chemin vers sa vérité de chrétien.

Pour l'homme, tout doit avoir un sens ; et s'il ne peut pas expliquerscientifiquement, il l'explique autrement, par la religion.

Mais à chaque fois il l'explique.Meursault, au contraire, n'explique rien.

S'il ne comprend pas son geste, il ne cherche pas à le comprendre.

Un geste absurde n'est pas à expliquer, puisqu'il l'a étéeffectué sans raisons.« Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté et le plus possible, c'est vivre et le plus possible.

Là où la lucidité règne, l'échelle des valeurs devient inutile…le présent et lasuccession des présents devant une âme sans cesse consciente, c'est l'idéal de l'homme absurde.

» Pour vivre le plus possible, l'homme absurde multiplie les plaisirs etles sensations du quotidien.

Il observe ces journées avec un esprit lucide, et y voit la vie telle quelle, sans but et sans ambitions.L'homme absurde est un homme révolté : il crie sa révolte comme Meursault aux oreilles de l'aumônier.

Il crie ses certitudes : celle de la mort, et par-dessus tout cellede la vie.

Les actes n'ont pas de sens autres que celui d'avoir été effectués par un être vivant.

Ce qu'on fait durant sa vie, qu'on l'ait vouée à une cause noble, ou qu'onl'ait vécue dans la pire vilenie, n'a pas d'importance, puisqu'au fond, nous sommes tous condamnés à mort.C'est dans cette révolte que Meursault trouve son calme, et accepte avec sérénité sa mort comme s'il était près à tout recommencer.IV.

Une satire sociale ?Dans la première partie du roman, Meursault, par son indifférence et sa lucidité, décompose nos gestes routiniers, parfois maniaques, comme l'est cette « bizarrepetite femme ».

Chaque personnage, qu'il soit un patron respectueux ou une crapule, est sur un pied d'égalité.

Ils paraissent tous aussi insignifiants les uns que lesautres, du vieux Salamo aux jeunes qui vont au cinéma le dimanche.Au contraire, dans la deuxième partie résonne la puissance du juge d'instruction, de l'avocat, et du procureur.

Animés par la passion, ils prétendent détenir la vérité.Ils croient pouvoir sauver une âme, ou y lire avec clarté.

En vérité, leur pouvoir se résume à leur éloquence, au maniement du langage.

Ils ne sont que des hommes,également condamnés à mourir un jour ou l'autre.Nous pouvons lire dans Meursault un ingénu des temps modernes, qui, par son indifférence crée un décalage avec la société.

Il nous montre la tyrannie de cettesociété de valeurs, qui ne juge plus selon la loi, mais qui juge selon la personne.

Meursault est moins coupable d'avoir tué un homme que d'avoir « enterré sa mèreavec un cœur de criminel ».

En effet, la référence au meurtre de l'arabe est faible.

Au contraire, l'indifférence apparente face à la mort de sa mère, sa liaison avecMarie le lendemain, deviennent la source du crime.

La plaidoirie du procureur se tourne plus vers ces indicent pour y dessiner un être inhumain, accessible à aucun« des principes moraux qui gardent le cœur des hommes.

» Les valeurs auxquelles se réfèrent la société ne sont plus des guides de conduites, elles sont descommandements, bien au dessus de la loi.

Sous l'hypocrisie d'un Etat de droit et de justice, le conformisme est la règle, et tout être différent est condamné.V.

La critique de la justice et le combat contre la peine de mort.Nous trouvons dans l'Etranger une critique profonde de la justice et de la peine de mort, dans la lignée de Victor Hugo ou de Voltaire.L'Etranger peut être rapproché du Procès de Kafka, satire violente de la machine judiciaire, où le personnage principal, Josef K est arrêté pour un motif inconnu, etplaide son innocence en vain, perdu au cœur d'une machine bureaucratique délirante.

Il s'abandonne finalement à son sort, reconnaissant une culpabilité dont il neconnait même pas la cause.

Le Procès fonde sa critique sur les discours absurdes de chacun des membres de la justice, pantins soumis à la procédure.

Seul Josef Ksemble être doué de raison.Au contraire, dans l'Etranger, le procès a bien lieu suite à un crime, la procédure, les écoutes des témoins, les plaidoiries, tout le procès semble mené de manièrerationnelle.

De la même manière, le discours du procureur est logiquement construit, avec exemples à l'appui.

Seul l'accusé, Meursault, semblé être dénué de sens.Ces deux ouvrages critiquent en réalité l'absurdité de la machine judiciaire différemment : Kafka cherche à montrer la lourdeur de la procédure qui lui fait perdretoute logique, Camus quant à lui montre l'abus de la logique dans la procédure.

Dans les deux cas, le système judiciaire a oublié sa nature : la recherche de laculpabilité ou de l'innocence du coupable.

Certes, , contrairement à Josef K qui ne connait pas le motif de son accusation, Meursault a effectivement tué quelqu'un,mais il n'est pas condamné pour ce crime.

Il est condamné pour des motifs autres, pour son mode de vie et de pensée, qui n'ont pas de lien avec le meurtre.

La critiquede la justice est donc au fond la même : l'oubli que ce n'est pas l'homme que l'on juge, mais ses actes. Conclusion :L'Etranger représente donc l'homme absurde, face à la logique humaine, logique qui s'avère mensongère, entachée par les croyances et les valeurs sociales.

Meursaultsert donc à dénoncer toute la mauvaise foi des discours institués.

Il est le seul à ne pouvoir dire que la vérité.

C'est surement pour cela, dans la préface à l'éditionaméricaine du roman parue en 1958, que Camus déclare : « on ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans l'Etranger l'histoire d'un homme qui, sans aucuneattitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité.

» Meursault est peut-être le « seul Christ que nous méritions.

». »

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