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Fiche de lecture Lorenzaccio Alfred de Musset

Publié le 27/03/2011

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Alfred de Musset n’est pas né « gentilhomme «, comme l’étaient Chateaubriand, Lamartine, Vigny. Il n’a derrière lui ni terroir, ni ancêtres ayant été aux croisades, ni château féodal... il n’a pas été présenté à Versailles : né en 1810, il est un enfant de la génération révolutionnaire et impériale et, pour lui, l’Ancien Régime n’a aucun sens. Son père, lettré, éditeur de Rousseau, appartient à la petite noblesse de robe.  Lorsqu’il entre dans la République des lettres, Musset est un jeune mondain très brillant et très doué.  Il sait que l’histoire est tragique (il en fera la théorie dans le célèbre début de la Confession d’un enfant du siècle, en 1836), et la légende veut qu’il se soit battu sur les barricades de Juillet. Il vit des amours tumultueuses, notamment ave George Sand.  La Ballade à la Lune, après avoir fait scandale, l’inscrira dans les auteurs solaires et, avec Lorenzaccio, il écrira l’un des plus forts drames du romantisme politique français.   

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« empoisonnée.

Lorenzo, condamné à mort, est assassiné par le peuple de Venise et son corps jeté dans la lagune.

AFlorence, l'ordre règne à nouveau.

La marquise s'est réconciliée avec son mari et, sous la conduite du Cardinal,véritable gagnant, les notables offrent la couronne au pâle Côme de Médicis, qui lui jure obéissance.

La vie reprend.Lorenzo, comme il l'avait prévu, a tué pour rien, sinon pour se prouver à lui-même qu'il n'était pas définitivementcorrompu.

(Acte V). III) Thèmes.Le pouvoir et le désir.Les grands drames de l'humanité sont en nombre limité.

Ils se rattachent toujours au thème du pouvoir et du désir,avec leurs interférences.

Par fidélité à ces grands archétypes qui nous viennent de l'Antiquité, les littératuresoccidentales ont conservé ces éléments de la mythologie, même le jour où leurs sociétés ont été régies par desaristocraties plus humaines ou par des monarchies aux origines connues.

Même lorsque la vie bourgeoise, la viequotidienne et la vie privée ont pénétré dans la littérature, les mythes sont restés présents.Les Français, marqué par l'embourgeoisement de la vie quotidienne et les révolutions politiques, ont entrepris, auXVIIe siècle, une autre révolution : ils ont intégré les mythes dans leur Cours, dans leurs salons, dans leurs maisons,et presque dans leurs rues.

Les ressorts de l'action n'étaient plus divins ni surhumains, mais familiers ; ilsappartenaient désormais à l'histoire vécue, moderne, ou relevaient même de la philosophie de l'Histoire, comme cellede Machiavel et des divers théoriciens du pouvoir.

C'est là une des particularités de la littérature française :ramener le drame à des dimensions plus humaines pour le faire notre et nous le rendre plus proche.Si Lorenzaccio conserve les mythes anciens, c'est dans le cadre d'une absolue modernité.Lorenzaccio, la plus célèbre et la plus grande des œuvres théâtrales françaises du XIXe siècle, s'inscrit donc dans lecadre d'une grande tradition qui prend forme : ce tragique qui est le notre et qui a connu le poids du monstre froidde l'Etat ; les eaux glacées du calcul égoïste ; le triomphe des notables ; la Révolution finissant en Louis-Philippe...ainsi apparaît Lorenzaccio : une tragédie française, mais riche des remous d'une Histoire qui a traversé le XVIII et leXIXe siècle naissant.L'arrière plan historique.Comme toutes les grandes fictions, Lorenzaccio perd l'essentiel de son sens si l'on ne tient pas compte de soncontexte et de son arrière plan historiques.

La pièce de Musset plonge de profondes racines dans ce qui s'est passéen France depuis juillet 1830, que ce soient des événements politiques ou intellectuels.L'usurpateur et le vengeur.Lorenzaccio reprend un très ancien schéma dramatique qui est éternel : un lieu humain est en proie au mal, etquelque chose y est « pourri ».

Que ce soit la peste, le crime, l'usurpation, l'adultère ou l'inceste, le mal, toujours,vient de l'extérieur, ou d'une perversion interne des anciennes valeurs.Musset reprend la fable de la peste : le cercle étroit de Florence, où tout s'exaspère en relations tendues.

Il enreprend aussi le sujet : le mal a été installé à Florence par l'étranger.

Mais une modification radicale intervient :contre le mal, les défenses classiques ne fonctionnent plus.

Il n'y a plus cette alliance du héros avec les forcessaines, noblesse, armée, peuple fidèle.

La gangrène a tout gagné, et tout le monde est corrompu.

La peste est danstoutes les forces sociales et dans tous les cœurs.

Elle est, sous sa forme violente, la débauche, la prostitution, laconspiration.De la résistance à la mort du politique.L'épisode de la marquise Cibo constitue un projet individuel, et non plus une entreprise de groupe, comme celle des« quarante Strozzi à la table » : ardente républicaine, la marquise rêve de « convertir » Alexandre, de faire parler enlui ce qui y demeure de noble et de bon, de le libérer lui-même, de lui rendre sa conscience nationale et patriotique.La femme du XIXe siècle a fait son entrée en politique ; elle a brisé le carcan de la loi conjugale et remis en cause lestatut traditionnel qui est le sien.

Mais Musset nous donne à voir aussi les limites de cette libération : les obscuresmotivations de la marquise brouillent le jeu.

La marquise est seule et sans alliance.

Elle poursuit sa route solitaire, etjamais son projet ne prend corps.La résistance de la marquise est vouée à l'échec.

Sa naïveté s'apparente à celle de Mme de Rênal dans le Rouge etde Noir, de Stendhal.La « résistance » des intellectuels.On ne peut séparer ici Lorenzo de Tebaldeo, malgré tout ce qui fait leur différence.

Tebaldeo tuerait si le ducl'offensait.

Il aime la liberté.

Il aime sa patrie.

Il aime l'art.

Tebaldeo était un allié possible.

Mais il ne sera qu'uninstrument, et Lorenzo se servira de lui pour faire disparaître la cotte de mailles du duc.

Il représente bien un refus,mais à un niveau individuel.

Il disparaît d'ailleurs du texte quand il a fait ce qu'il avait à faire.

Son art lui suffit, avecsa chorale chez les moines.Le cas de Lorenzo est évidemment plus riche.

Sa résistance lui est inspirée d'abord par ses origines nobles maisimprégnées de culture et d'intellectualité.

Médicis, appelé au trône par sa naissance (et ses mérites), il est un peule prince légitime de toute une tradition écartée par un usurpateur.

Lorenzo est un opposant passé par l'Ecole.

Ilappartient à la « classe pensante », et c'est à ce titre qu'il s'oppose au pouvoir et aux hommes qui le servent, ou àceux qui ne le combattent qu'en paroles.

Mais l'intellectualité de Lorenzo, qui donne une dimension neuve à sonopposition, est aussi ce qui la freine dans son action et le rend « fou » : l'intellectualité, chez Lorenzo, si elle adonné une portée nouvelle a son refus, a aussi généré une névrose, une extrême difficulté à sortir de ses fantasmes; elle lui a compliqué la tâche et gâché la vie.

Lorenzo en sait trop, et pas seulement du fait de sa culture.

Sonexpérience de la débauche et du proxénétisme lui ont donné une image désenchantée de l'humanité.

De plus,Lorenzo ne sera pas confronté à l'Histoire qu'il attendait.

Dans une Histoire qui a dévié de sa voie, qui a renoncé àses ambitions, il en est réduit à des gestes iconoclastes (comme la mutilation des statues de l'arc de Constantin),avant d'être condamné à la ruse.

C'est pourquoi Lorenzo n'a ni de frères ni de camarades, pourquoi ses gestesrestent symboliques, et n'ont de valeur que par rapport à lui-même.

Lorenzo est un opposant, né de la rupture entrela culture et l'Histoire.

Il demeure ponctuellement dangereux, mais il en est réduit à l'acte solitaire et fortuit : c'est. »

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