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Fiche de lecture : RÉFLEXIONS OU SENTENCES ET MAXIMES MORALES La Rochefoucauid

Publié le 18/11/2018

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RÉFLEXIONS OU SENTENCES ET MAXIMES MORALES

La Rochefoucauid (François, duc de). Maximes, 1664.

 

Œuvre de « moraliste », c’est-à-dire de psychologue et de sociologue, les Maximes proposent une anthropologie tout en instruisant le procès de l’être humain. Leur épigraphe — «Nos vices ne sont le plus souvent que des vertus déguisées» — annonce une dénonciation en règle de l’amour-propre, «amour de soi-même et de toutes choses pour soi », où La Rochefoucauld voit la source de toutes les passions et le ressort de toutes les actions. La forme joue un rôle capital dans cette démystification: une succession de constats lapidaires et d’aphorismes brillants souligne la parfaite adéquation entre le pessimisme de la réflexion et le parti pris esthétique.

 

Rentré en grâce — mais une grâce toute relative — auprès de Louis XIV après une carrière de complots et sa participation à la Fronde, La Rochefoucauld (1613-1680), issu d’une illustre famille alliée aux rois de France, doit se contenter d’une carrière mondaine et littéraire. Le scandale causé par la publication de ses Mémoires en 1662 le contraint à les désavouer. Depuis quelques années, il fréquente l’abbé janséniste Jacques Esprit et Mme de Sablé, qui organise dans son salon des concours de maximes. Maître incontesté à ce jeu, La Rochefoucauld édite en 1664 ses Réflexions ou Sentences et Maximes morales. Ses Réflexions diverses seront publiées après sa mort.

 

Tout autant que La Princesse de Cléves* de Mme de La Fayette, les Maximes contribuent à la percée aristocratique dans la littérature du siècle. Influencé par le courant janséniste et illustrant la faillite de la morale héroïque et de son fondement, la générosité, La Rochefoucauld met en cause la sagesse humaniste. Aucun genre littéraire ne possède un tel pouvoir de provocation: La Fontaine compare dans une de ses Fables* le livre de La Rochefoucauld à un

lecture

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Littéralement, la maxime est une formule lapidaire énonçant un point de morale universelle.

Si elle se veut édifiante,le tour doit aussi en être piquant et subtil. Un jeu de salon mondain à l'usage des honnêtes gens donne naissance à une œuvre forte, originale, d'un pessimismehautain, dont la morale tient en une phrase : « Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés.

» De l'apparence de la vertu La Rochefoucauld se propose de brosser « un portrait du cœur de l'homme ».

La thèse majeure du recueil Réflexions ou Sentences et maximes morales (1665) revient à affirmer que, sous les vertus (clémence, vaillance, équité, etc.), se dissimulent nos vices.

Car l'homme n'est mû que par les passions (vanité et fureur), les contingences(fortune et hasard) et les actions hors de soi (effets).

Comme Pascal ou La Bruyère, La Rochefoucauld, en moralistede l'âge classique, dénonce les bassesses et faiblesses humaines.

Toute la palette des sentiments est analyséedans l'œuvre singulière que constituent les Maximes : de l'intérêt à l'amour-propre, sans omettre l'amour, la jalousie, l'amitié ou encore l'ambition.

Maniant avec brio la comparaison et l'antithèse, l'auteur essaie de prouver que l'hommeest entièrement guidé par l'amour de soi-même. Du pessimisme foncier du moraliste Exercice de style, jeu de salon ou dérivé de la conversation mondaine telle que la pratiquaient les honnêtes gens dusiècle de Louis XIV, on a tout dit ou presque de ce petit genre qu'est la maxime.

Brillant mais laconique causeur, LaRochefoucauld est sans conteste celui qui lui donne ses lettres de noblesse.

Plus tard, Lichtenberg en Allemagne etJoubert en France, puis les surréalistes, redécouvriront ce genre aux confins de la philosophie et de la poésie.

Nulmieux que La Rochefoucauld ne pousse aussi loin l'exercice du démantèlement négatif et réductif des actionshumaines.

La première édition de 1665 en est l'exemple accompli ; la désillusion totale s'y exprime : « Le nom de lavertu sert à l'intérêt aussi utilement que les vices » ; le salut s'y avère impossible : « L'orgueil ne veut pas devoir etl'amour-propre ne veut pas payer.

» Sous l'influence de Madame de La Fayette, dans l'édition de 1678 (la pluscomplète, elle compte 504 maximes contre 371 en 1665), un relativisme ténu vient adoucir les sentences sanstoutefois ôter à l'œuvre l'amertume de son contenu, le cynisme de son ton.

Lancées au visage du lecteur commedes coups d'épée mortels, les maximes n'ont pas pris une ride, elles ont « la jeunesse du marbre ».. »

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