FLAUBERT: L'Éducation sentimentale (Fiche de lecture)

« Troisième partie : 1848 à 1869.

1848 : sac des Tuileries (p.

341) ; 25 février : proclamation du gouvernement provisoire (p.

344); avril : élections (p.

352); 21 juin : fermeture des ateliers nationaux ; les journées de Juin(allusions pp.

371, 373, 378, 387, 388-394), Deslauriers est commissaire en province, Dussardier est blessé en juin10 décembre 1848 : élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République (sur la vie de la HeRépublique, voir les « Notes », pp.

539 et 540) ; 2 décembre 1851 (pp.

426-427) : coup d'État de Louis-NapoléonBonaparte. c/ L'histoire reflète l'Histoire Les grands tournants de la vie de Frédéric correspondent aux tournants historiques : sa « révolution » amoureuse(sa liaison avec Rosanette, initiatrice dans ce domaine) a lieu en même temps que la Révolution de 1848.

De même,l'idylle de Fontainebleau marque dans la vie de Frédéric une étape comme les journées de Juin pour la République.Frédéric devient dès lors plus cynique : « Quelle canaille je fais ! » (p.

433), il trahit son idéal amoureux avecRosanette et Mme Dambreuse.

Rosanette accouche d'un enfant condamné à mort, symbole de la He Républiquemoribonde.

Le 1er décembre 1851, Frédéric assiste à la liquidation des objets de Mme Arnoux et des espoirs suscitéspar la Révolution de 1848.

La mort de Dussardier vient conclure ce double échec sentimental et incarne la mort detous les idéaux. L'axe spatial Le roman s'ordonne aussi selon l'axe des lieux.

Excepté les escapades de Saint-Cloud, Creil, Fontainebleau et unevisite éclair au Havre, tout se déroule entre Paris et Nogent.

Paris représente le lieu de la réussite, Nogent celui del'ennui de la province (Voir l'expression « m'enfouir en province », p.

313), une vie somnolente. Un roman circulaire Un jeu de correspondances, d'échos, de parallélismes organise le roman et contribue à sa cohérence.

En voiciquelques exemples : Les chapitres I et II de la première partie font écho aux chapitres VI et VII de la troisième partie, dessinant unecourbe circulaire (Frédéric avec Mme Arnoux ; Frédéric avec Deslauriers). Les situations répétitives ou parallèles (pp.

59/90 ; 99/219 ; 28/245). La circulation des mêmes objets d'un lieu à l'autre : le lustre en vieux saxe, le coffret Renaissance de Mme Arnoux(pp.

57, 303, 485). Les échos textuels : « Vous êtes bon ! » répété quatre fois dans le roman. La série des dîners chez Dambreuse, réunions entre amis de Frédéric, tête-à-tête avec Mme Arnoux. Cette structure, à la fois répétitive et circulaire, souligne la stagnation de l'action et des personnages.

La répétitionest presque toujours synonyme de dégradation. Les personnages La distribution romanesque est riche et complexe.

On trouvera dans les « Commentaires » une petite biographie despersonnages principaux (pp.

506-513).

Ils ne prennent sens que par leurs différences et ressemblances réciproques.Frédéric apparaît comme un personnage carrefour, en contact avec tous les milieux. 1.

Les hommes dans L'Éducation sentimentale un microcosme de la société de 1848 a/ Les démocrates Les représentants du peuple : Dussardier le démocrate, commis ; Sénécal (pp.

30, 61, 69) le socialiste blanquiste,répétiteur de mathématiques ; tous deux petits employés à mi-chemin entre le prolétaire et le bourgeois. Arnoux, Deslauriers, Frédéric : républicains modérés ; Deslauriers est commissaire de la République du gouvernementprovisoire, Arnoux est garde national (p.

368) ; tous trois appartiennent à la classe moyenne républicaine. Les marginaux : Pellerin l'artiste, Hussonet le bohème opportuniste, Regimbart, le pilier désœuvré des cafés. b/ Les conservateurs La grande bourgeoisie d'affaires : M.

Dambreuse, orléaniste, d'ancienne noblesse passée à l'industrie ; il incarne lecapital (voir p.

26, le symbole du coffre-fort).

Les acolytes de Dambreuse : Martinon et Roque, paysans parvenus.Le légitimiste Cisy, de petite noblesse rentière de province (p.

69). c/ Les couplages Flaubert esquisse lui-même certains rapprochements (Sénécal et Regimbard, p.

69 ; Sénécal et Deslauriers : le. »