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FRIEDRICH NIETZSCHE : PAR-DELA LE BIEN ET LE MAL (Résumé & Analyse)

Publié le 17/01/2022

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Par-delà le bien et le mal (1886 ; traduction G. Bianquis, Aubier Montaigne, 1978) suit immédiatement, dans l'oeuvre de Nietzsche, la publication d'Ainsi parlait Zarathoustra. Aux dires de Nietzsche, ce nouveau livre « dit les mêmes choses que le Zarathoustra, mais il les dit tout autrement ». Nietzsche y renoue, après les « discours » de Zarathoustra, avec la forme aphoristique déjà adoptée dans Le Gai Savoir et Humain, trop humain. L'aphorisme est en effet la forme littéraire la plus appropriée à une des thèses constantes de la philosophie de Nietzsche, le perspectivisme. II n'existe qu'une multitude de perspectives sur les choses sans chose en soi, sans vérité ultime de la chose. Inutile donc de chercher une vérité première ni une vérité dernière, ni par conséquent une « longue chaîne de raisons », une démonstration linéaire permettant de passer de l' une à l'autre. Chaque aphorisme explore une perspective possible, c'est-à-dire une évaluation possible et un mode de vie possible, puisqu'en dernière analyse c'est la vie elle-même qui évalue. On retrouve bien dans Par-delà le bien et le mal la plupart des thèses et des thèmes du Zarathoustra, mais l'atmosphère a changé : les thèses s'y trouvent radicalisées, le climat est plus âpre et le propos plus incisif. Un tournant s'amorce avec ce livre qui annonce les oeuvres de la fin. Philosopher « par-delà le bien et le mal », c'est se situer au point où l'évaluation des valeurs en vigueur devient possible et où peuvent s'en forger de nouvelles.

« un rang et un type, voir la neuvième partie.

Sur les préjugés déposés dans le langage, voir les § 16, 17, 21, 24, 34. 2.

RACINES DE LA MORALE ET DE LA RELIGION A.

Aux origines du phénomène religieuxL'essence du religieux réside dans la cruauté et le sacrifice.

L'homme religieux sacrifie à son dieu ce qu'il a demeilleur en lui (par exemple, sa « raison » qui se suicide pour faire place à la foi en l'absurde).

Est sacré ce qui a étéune fois sacrifié.

L'histoire du phénomène religieux pourrait être pensée comme un approfondissement et uneintériorisation de la cruauté, une progression dans le raffinement de la cruauté.

Les religions primitives pratiquaientles sacrifices humains.

On consacrait par exemple aux dieux son enfant premier né, c'est-à-dire ce à quoi on tenaitle plus.

Plus on tenait à ceux que l'on sacrifiait, plus le sacrifice avait de valeur.

Puis on a sacrifié ses propresinstincts, son propre désir ; c'est la phase ascétique du religieux.

Enfin, l'humanité n'en vient-elle pas à sacrifier sonDieu lui-même pour adorer la bêtise, la lourdeur, le néant ? Ce serait la phase où l'essence nihiliste de la religionapparaîtrait au grand jour.

L'athéisme moderne ne serait pas alors une victoire sur le religieux, mais une progressiondans le raffinement de la cruauté envers soi, qui fait toute l'essence du religieux.La vie religieuse est une vie qui inculque le contre-nature comme idéal.

Pureté, chasteté, humilité, soumission,pauvreté : autant de vertus par lesquelles l'homme religieux se rapproche à ses propres yeux de la perfection et deson Dieu.

Or ce sont 1à toutes les valeurs qui s'opposent à la vie, qui enseignent de renoncer à la vie et à sesinstincts pour leur substituer un mode de vie inférieur et anémié.

L'homme religieux est le castrat idéal : touteexistence religieuse implique un suicide de la volonté.La vie authentiquement religieuse a partie liée avec une certaine dose d'oisiveté permettant de s'observer soi-mêmeet de préparer en soi la venue de « Dieu ».

L'acharnement au travail qui caractérise la modernité pourrait être lemeilleur remède à la « névrose religieuse ». B.

La morale appréhendée en tant que « problème psychologique »Nietzsche est le premier à envisager la morale tout entière comme un problème, c'est-à-dire en tant que phénomèneméritant de recevoir une autre explication qu'une explication qui ne soit à son tour que « morale ».Les philosophes jusqu'à ce jour n'ont conçu leur tâche par rapport à la morale que sous l'angle de la fondation de lamorale existante.

Or il ne s'agit pas de fonder la morale, mais au contraire de scruter ses racines immorales afin deretirer tout crédit à ladite « morale ».L'adoption par rapport à la morale d'une perspective « généalogique » permet de faire apparaître qu'il existe plusieurssortes de morales, que la morale peut être l'émanation du mode d'évaluation des forts ou des faibles, qu'elle peutêtre une morale des maîtres comme elle peut être la morale des esclaves.

La morale du troupeau, celle des faibles,étant celle qui règne sans partage à l'époque moderne.Sur la cruauté comme essence du religieux, se reporter aux § 32, 46, 47, 55, 62, 104, 229.Sur la religion en tant qu'idéalisation de tout ce qui est contre-nature, voir les § 47, 61.Sur le lien entre religion et oisiveté, se reporter aux § 58, 189.Sur la distinction entre une morale des maîtres et une morale des esclaves, voir les § 190,194,195,197-200, 202.Sur la morale dominante à l'époque moderne, se reporter aux § 186, 199, 202, 20.3. 3.

PHILOSOPHIE DE L'AVENIR, POLITIQUE DE L'AVENIR A.

Les philosophes de l'avenirEsprit libre contre libre-penseur : Nietzsche n'admet aucune parenté entre le type du « libre-penseur » et levéritable esprit libre.

Le libre-penseur n'est libre à l'égard des évaluations et des croyances du passé que pourautant qu'il est tout entier dominé par les échelles d'évaluation modernes et démocratiques.

L'esprit libre, aucontraire, est libre des évaluations de la foule comme de celles de son temps.

Il établit une distanceentre lui et les autres, il ose risquer des évaluations différentes, et même opposées à celles qui prévalent dans le «troupeau ».

Il sent différemment et jouit du sentiment de la distance qui le sépare de ses « semblables ».Les philosophes de l'avenir devront être « ceux qui commandent et qui légifèrent », ceux qui imposent de nouvellesévaluations et dont le regard porte au loin.

A côté de ces philosophes nouveaux, tous les philosophes du passéferont figure de simples « ouvriers de la philosophie » dont les entreprises n'auront servi qu'à frayer le chemin à cesphilosophes de l'avenir.

La charge des philosophes nouveaux est, elle, de former les maîtres de l'avenir.

Loin d'êtrede simples fonctionnaires de leur temps, ils portent leurs regards au loin et préparent l'humanité aux tâches quil'attendent. B.

La grande politiqueL'époque moderne met sous nos yeux le spectacle des nouveaux esclaves (les « travailleurs »), mais manque encorela race des maîtres, de ceux pour qui travaillent tous ces esclaves.

« Ce siècle est le siècle des masses.

» Ni lesprêtres ni les savants, qui ne sont qu'au service des valeurs déjà établies, ne peuvent être les maîtres de cesépoques à venir.

Afin que tous les efforts de l'humanité à l'époque moderne n'aient pas lieu en vain, il fautqu'apparaissent les maîtres du futur, dont le regard se porte au loin et qui assument la tâche d'orienter le destin del'humanité à travers les siècles.L'humanité n'a plus devant elle d'autre choix que d'inventer la grande politique, celle qui ne se contente pas deconserver l'humanité ou le type, la civilisation, mais celle qui se donne pour mission de forger l'avenir et de ployertous les efforts des hommes à cette tâche que seuls perçoivent les maîtres du futur.

« Le temps de la petite. »

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