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Fureur et Mystère de René Char (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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Fureur et Mystère. Recueil poétique de René Char (1907-1988), publié à Paris, chez Gallimard, en 1948. Il réunit Seuls demeurent (Gallimard, 1945), Feuillets d'Hypnos (Gallimard, 1946) aux poèmes du Visage nuptial (Beres-niak, 1938), des Loyaux Adversaires, du Poème pulvérisé (Fontaine, 1947), de la Fontaine narrative, et aux aphorismes de « Partage formel » (achevé en 1942). Certains de ces textes avaient paru dans des revues, notamment Cahiers d'art (1939, 1944, 1945, 1947), l’Éternelle Revue créée par Éluard dans la clandestinité (décembre 1944), Fontaine.

Le recueil comprend cinq sous-recueils. Seuls demeurent s'ouvre sur « l'avant-monde ». articulé autour du \"Loriot\", qui porte en épigraphe la date du 3 septembre 1939. L'Histoire arrache le poète à la quête du mystère, à la femme, messagère de l'inconnu, et au monde qu'il aime, puis le voue à la fureur. Le poète se résout progressivement, à s'effacer pour céder la place à l’homme d’action. Le poème “la Liberté\" clôt significativement ce premier ensemble. « Le Visage nuptial » devenu la deuxième partie de Seuls demeurent, célèbre les noces du poète et de la femme aimée. L’étreinte violente est glorieuse et libératrice mais rend vulnérable le poète qui expose trop sa vérité. « Partage formel » clôt ce premier sous-recueil : le poème, le poète et la poésie y sont définis en une suite d'aphorismes, qui font de la poésie la recherche exigeante du mystère, et du poème, l'éphémère conquête d'un sujet écrivant qui doit consentir les sacrifices extrêmes, en demeurant vigilant face à l'Histoire et aux autres.

 

Feuillets d'Hypnos, dédiés à Albert Camus, livrent au lecteur les carnets tenus par René Char. Leur composition fut cependant modifiée en vue de la publication. À travers le récit événementiel. parcellisé, où se dessine la figure exigeante du capitaine Alexandre, nom de guerre de l'écrivain, se définit un humanisme teinté de pessimisme et se cristallise la tension entre les loyaux adversaires, le poète et l’homme d'actioa

 

Avec les Loyaux Adversaires, les paysages de Provence côtoient les forêts alsaciennes où Char fut mobilisé en 1939-1940. Un visage qui s'efface, le chant ou le vol d'un oiseau, la pénombre d'une forêt les souvenirs sont autant de réserves qu'il faut préserver pour l'avenir, contre les agressions.

 

Car le poème n'est pas rémanence. Il passe en trombe, jaillit et explose comme le météore ou le feu du canon, manifestant dans l'instant le mystère. Dans l'extrême tension qui habite le poète naît le Poème pulvérisé, trace d'une expé-nence indicible que l’écriture poursuit pour finalement s'effacer dans le blanc de ta page : “Affres, détonation, silence\".

 

Enfin, les poèmes de la Fontaine narrative, écrits après la guerre, expriment l'urgence du départ et de la rupture continuelle, nécessaire à l'exercice de la poésie : rupture avec la femme aimée, ou de Rimbaud avec sa vie passée, écoulement incessant de là Sorgue, de la Fontaine de Vaucluse. Le refus, non plus dicté par l’Histoire, mais lisible dans le paysage et les ascendants (voir Recherche de la base et du sommet, 1955) préserve l’accès au mystère, émouvant et destructeur.

 

Fureur et Mystère comprend des poèmes écrits de 1938 à 1947. La production s'étale sur dix années, au fil d'une période historique éprouvante à tous égards. Incontestablement, l'Histoire marque René Char. « L'Avant-monde » dit la marche difficile du poète vers la décision d'entrer dans la clandestinité (mai 1942). La douleur et la colère ressenties face à « tout cela », que restituent une expression haletante et un lexique fortement connoté (calvaire, cyclone, bouge, faillite...), évocateur de destruction et de dégénérescence morale, traduisent le désir d'un homme de prendre le parti de la « vie humiliée ». En retour, le recueil est travaillé par une tension qui ne se résorbe jamais complètement, et oppose action et poésie. L'écrivain sut, dans la réalité, s'effacer, puisque Char, de 1942 à décembre 1944, ne publia plus un seul texte. Mais, dans l'œuvre même, un conflit persiste : si le capitaine Alexandre dispose de peu de temps pour « s'absenter », dont pour écrire, il écrit cependant. Nombre des poèmes et aphorismes du recueil furent rédigés au maquis. La poésie conserve ses droits et s'enrichit d'expériences nouvelles (la nuit, la veille, l'insomnie) que les œuvres ultérieures sauront reprendre.

 

Pourquoi cet engagement pour la vie ? Elle recèle, en elle-même, l'infinie richesse du mystère, et ne se confond pas avec une période temporelle que de fâcheux événements menaceraient. Bien sûr, Char anticipe les années d'après-guerre, dans Feuillets d'Hypnos, où il dit redouter les décisions des Alliés, nouveaux naufrageurs d'une

France déjà réduite à l'état d'épave. Mais on sait aussi que, après la Libération, le poète de la Résistance choisit vite de redevenir « journalier » et de retourner à une vie simple, loin des honneurs et des fonctions (voir Recherche de la base et du sommet, I : « Pauvreté et Privilège » ). La vie que défend Char se confond avec la liberté, la vérité, la poésie, autant de manifestations de l'inconnu ou de l'impossible : « Comment vivre sans inconnu devant soi ? »

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« lement incessant de la Sorgue.

de la Fontaine de Vaucluse.

Le refus, non plus dicté par l'Histoire.

mais lisible dans le paysage et les ascendants (voir Recherche de la base et du sommet, 1955) préserve l'accès au mystère.

émouvant et des­ tructeur.

Fureur et Mystère comprend des poè­ mes écrits de 1938 à 1947.

La produc­ tion s'étale sur dix années, au fil d'une période historique éprouvante à tous égards.

Incontestablement, l'Histoire marque René Char.« L'Avant-monde>> dit la marche difficile du poète vers la décision d'entrer dans la clandestinité (mai 1942).

La douleur et la colère res­ senties face à , que resti­ tuent une expression haletante et un lexique fortement connoté (calvaire, cyclone, bouge, faillite ...

), évocateur de destruction et de dégénérescence morale, traduisent le désir d'un homme de prendre le parti de la > impose d'épreuves.

La poésie est trans­ formation (III, X, XVII, XXXII) d'une réalité insatisfaisante en un absolu.

Le poème témoigne de cette mutation - dans l'inachèvement : « Il n'y a pas de siège pur.

>> Et sa conception impose au sujet écrivant des épreuves que les aphorismes évoquent constamment, depuis son «insécurité» jusqu'à sa «dislocation,,, de son« agonie» à son «bûcher subtil ».

Pourtant, la fréquen­ tation de la «mort » et de « l'angoisse >> ne reste pas vaine : même si le raisin est rare, la récolte a lieu.

Avec l'engagement dans le maquis, cette puissance de transformation s'exerce aussi dans la réalité, sur les hommes.

Porté par un « humanisme conscient de ses devoirs», le capitaine Alexandre métamorphose ceux qui le. »

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