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GRIMM : Contes merveilleux (Dossier d'analyse)

Publié le 10/07/2010

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Jacob Grimm (1785-1863) et son frère Wilhelm (17861859) sont fils d'un juriste mort précocement. Ils firent d'abord des études de droit à Marbourg, mais c'est aux langues et aux littératures germanistes qu'ils se consacrèrent effectivement. Nommés bibliothécaires à Cassel, puis professeurs à Göttingen, ils sont révoqués en 1847, avec cinq autres professeurs, pour avoir protesté contre l'abrogation de la constitution du royaume du Hanovre, qui était à l'époque aux mains du duc de Cumberland, fils de George III, roi d'Angleterre, et adversaire obstiné de toute institution libérale !  Ils poursuivent leur carrière à Berlin. En 1848, Jacob est élu député au parlement de Francfort.  Comme leurs amis Arnim et Brentano, patiemment et méthodiquement, les deux frères collectent les créations poétiques se rattachant à la tradition populaire orale de leur pays, et les transcrivent, afin de les préserver de l'oubli. Poursuivant cette recherche des origines culturelles nationales, ils reconstituent la mythologie des peuples germaniques.  Dans une même perspective de recherche des origines, Jacob entreprend une étude des langues allemandes, pour montrer leur racine unique ; il publie une Grammaire et une Histoire de la langue allemande qui pose les premiers fondements de la nouvelle philologie allemande.  Avec son frère, et à partir de 1838, il travaille à un Dictionnaire qui ne sera achevé qu'en 1861.  Il convient de replacer dans leur contexte historique ces travaux sur la langue et le folklore d'une nation encore à naître.

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« Pas d'ajout, pas d'invention littéraire ; bien sûr, la mise en écrit suppose toujours une transformation des récitsoraux, mais les Grimm veulent intervenir le moins possible en tant qu'écrivains.

En cela, ils s'éloignent des techniquesd'écriture de leurs amis Arnim et Brentano, comme ils s'éloignent du parti pris d'Andersen d'inventer et d'intervenirpersonnellement dans ses contes.Ils s'éloignent aussi de la démarche suivie par Perrault, en France, au XVIIe siècle.

Certes, celui-ci emprunte auxthèmes folkloriques, mais il n'hésite pas à afficher son travail d'écrivain et semble davantage dégagé du souci depréserver la pureté originelle de la tradition orale.Il sera intéressant, par exemple, de comparer la morphologie d'un conte comme « Le Petit Chaperon Rouge » chezGrimm et chez Perrault.

Chez Perrault, le conte se trouve largement contaminé par la fable, genre littérairecopieusement exploité à l'époque.

Perrault fait suivre son récit — beaucoup plus bref et moins réconciliateur quechez Grimm — de deux moralités plus ou moins malicieuses et invite le lecteur, explicitement, à un retour réflexif surl'histoire qui vient d'être racontée, et qui est alors désignée ouvertement comme une métaphore de la réalité : cettehistoire montre que...D'un point de vue formel, les contes de Grimm maintiennent au contraire l'homogénéité du texte, uniquementnarratif, ce qui ne dispense pas pour autant le lecteur d'un travail de réflexion et d'interprétation, bien entendu,mais le texte n'installe pas de rupture brutale du plaisir de l'histoire comme le fait parfois celui de Perrault.Notons cependant que, d'après le folkloriste français Delarue, « Le Petit Chaperon Rouge » n'appartient pas audomaine germanique et que les frères Grimm l'empruntent à Perrault en le contaminant avec la fin des « Septchevreaux ».La langue est généralement très simple dans les Kinder und Hausmärchen et ne manifeste pas de recherche d'effetslittéraires (opposons à cela la volonté d'écriture poétique chez Andersen dans « La petite sirène », par exemple).Le réalisme des détails est fréquent : il serait intéressant de comparer le traitement de la réalité dans « Cendrillon »,chez Grimm d'une part, chez Perrault d'autre part. 3.

L'oeuvre : architecture, mouvements, personnages Dans ses « Commentaires », Jean Bessière souligne clairement le fonctionnement du récit dans les contes de Grimm,récit qui repose très logiquement sur une opposition entre un état de déséquilibre initial se résolvant à la fin en unnouvel état d'équilibre : le récit se termine sur une fin réconciliatrice.Il dégage trois types de conte : a/ Le conte facétieux : le héros ne subit que de fausses épreuves.b/ La pure logique de l'épreuve et de la promesse : le déséquilibre provoqué par quelqu'un est subi par le héros.c/ L'homme dénaturé : le retour à la forme humaine est aussi un retour à l'ordre et à l'équilibre Il dégage la structure de chacun des textes.Tout en reprenant ces éléments de lecture; il sera intéressant, en plus, de dégager la spécificité sémantique dechaque conte.Les thèmes« Le Roi grenouille » (sur le type c de « l'homme dénaturé »).

Le père forcera la princesse à respecter sa paroledonnée, ainsi le roi grenouille retrouvera sa forme humaine.

Épreuve de la jeune fille qui doit accepter la proximitéavec l'animalité de celui qu'elle épousera.« Frérot et Soeurette » (type c).

La forêt comme lieu dangereux lié à l'animalité, mais aussi lieu ambigu, refugecontre la méchanceté de la marâtre (cf.

la thèse de Péju, La Petite Fille perdue dans la forêt des contes, chezLaffont).

Motif de la tentative de substitution : la marâtre veut substituer sa propre fille à Soeurette devenue reineet mère, dans la chambre conjugale.

Expression de la disparition/réclusion temporaire liée aux couches de la jeunemère ? Coutume autrefois fréquente.« Doucette » (type b).

Thème du don (forme atténuée du sacrifice) de l'enfant à naître, consenti par le père.L'amour et les épreuves qui l'accompagnent peuvent seuls lever le maléfice pour l'enfant devenu grand et qui setrouve alors libéré de la faute commise par les parents.« Les trois fileuses » (type a).

A partir d'un mensonge de sa mère, une jeune fille paresseuse parvient, avec l'aidemagique de trois vieilles, à devenir reine, à échapper à l'enlaidissement consécutif au travail et à préserverdéfinitivement, dans l'oisiveté, sa féminine beauté.« Le vaillant petit tailleur » (type a).

Petit héros comique dont la force repose sur le bluff, la ruse et aussi lacrédulité des forts.« Tom Pouce » (conte un peu atypique).

L'enfant, ici, s'impose à lui-même des épreuves, en réclamant à sesparents de le vendre.

Tout petit mais plein d'astuce et d'honnêteté, il vit sa vie, dehors.

De retour à la maison, ildemande à son père de le sortir du ventre du loup (animal sauvage par excellence), consentant ainsi à une secondeet véritable naissance (à la vie d'adulte) assistée, à sa demande, par son père, ce qui est une forme dereconnaissance mutuelle : « Cher père, j'ai roulé ma bosse de par le monde...

je peux de nouveau respirer l'air pur.

»« Jorinde et Joringel » (type c).

Les épreuves qui retardent et permettent l'accomplissement de l'amour.« L'Eau de la vie » (type b).

Conte classique du père sauvé par son benjamin, un moment victime de ses aînés,usurpateurs finalement démasqués et punis.

Histoire qui suit tout à fait le fonctionnement du conte tel que le décritV.

Propp dans La Morphologie des contes, et dont le schéma narratif est tout à fait parallèle à celui d'un contecomme « L'Oiseau de feu », par exemple.. »

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