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HÉRODIADE de Stéphane Mallarmé (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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HÉRODIADE. Poème en trois parties de Stéphane Mallarmé (1842-1898). La « Scène », seule partie publiée du vivant de l'auteur, a d'abord été éditée

dans la 2e série du Parnasse contemporain en 1869, avant d'être reprise dans les 'Poésies de 1887. L'« Ouverture » n'a été publiée qu'en novembre 1926 dans la Nouvelle Revue française. Quant au « Cantique de saint Jean », il apparaît pour la première fois dans l'édition posthume des Poésies de 1913.

 

Conçue au départ comme une « tragédie » (octobre 1864), peut-être en vue d'une représentation au Théâtre-Français (lettre à Théodore de Banville, 31 mars 1865), Hérodiade devint un « poème » en novembre 1865, Mallarmé déclarant gagner à ce changement formel « toute l'attitude, les vêtements, le décor et l'ameublement, sans parler du mystère » (À Cazalis). Durant l'hiver 1865-1866, il écrit donc la première partie, l'« Ouverture », qui devait être « d'un effet inouï », surpassant la « scène » dramatique alors composée. Au moment du déménagement de Toumon à Besançon (1867), le poème, dans son état actuel, est presque terminé. Quoique Mallarmé escomptât toujours le reprendre et le compléter, seuls sont parvenus achevés ces trois fragments assez dissemblables de l’ouvrage.

 

Ouverture ancienne. Dans un décor auroral aux teintes crépusculaires, où aucune présence ne se manifeste, aperçu depuis un vitrail ouvert, le rêve ancien se consume. Dans la chambre, au décor fastueux, suranné et mystérieux, s'élève une voix, écho du passé, trace d'un idéal désormais condamné. La prophétie de la Sybille trouve en elle, qui déserte son lit son objet : abandonnée de son père cruel, vouée à la contemplation solitaire de soi, elle serait destinée à la mort que l'écoulement du temps rend toujours plus imminente.

 

La Scène est construite de manière à provoquer chez Hérodiade, par les interventions de la Nourrice, qui veut l’arracher à son désir de se préserver de toute souillure et de vivre, « dans un âge ignoré ». une colère croissante. Pourquoi ce refus et pour qui ? Hérodiade reste face à l’image que lui renvoie d'elle-même son miroir.

« et.

dans sa cham bre do se.

lo in d u specta de de l'azu r qu 'e lle hait « aime l'honreur d'être vierg e» tout en a ttendant « une ch ose inconn ue ».

Cantique de saint Jean.

Te l le solei l un i nstan t immobilis é, la tête du sa int.

après la d écollation , s' élève , se fixe à l a hauteur des «glaciers».

sym­ bo les de pureté, a vant.

de redescendre po ur un ultime « salut ».

La mort lib ère de la finitude du corps.

en permettan t au « regard» de s'éleve r à la contemp lation de l'idéal.

Hérodiad e est le poème de la mort .

En effet, l'h éroï ne de la « Scène " et de l'« Ouverture » prononce devant sa nourrice qu e la beauté est un e espèce de m ort, et que, dans la « mon oto ne patrie ,.

où elle s'iso le comme une fleur d'am é thyste, e lle gar de pour ell~mêm e la « splend eur ign orée ,.

de son être.

Ces imag es co rre spondent non se ul e­ ment au dram e existenti el d e M allarmé que celui-cl tente de surm o nter à la mêm e é po que dans Igitur, autre « ombr e » se reflétant d an s un miroir , mai s aus si à une certaine con ception d e la p oésie , r éservée à un uni vers splri­ tuel et non per sonnel.

Avec Hb'odiade , Mallarmé avait vo ulu créer un e œuvre d'« un e pur eté que l'homme n 'a pas atteinte et n'atteindra peut-ê tre ja­ mais », et il avoue, en 1868, qu'il a « commi s le péché de voir le Rêv e dans sa nudit é idéal e ,., vision mo rtelle pour to ut êtr e humain , alo rs qu'il aur ait dû « am on cele.r entr e lui et moi un my s­ tèr e de mu sique e t d'oub li».

V ingt ans plu s tard , il re pr e nd l'œu vre et a joute u n «C antique de saint Jean " ; à sa m ort, il laisse des fra g m ents d'un Pré lud e et d'un Fin ale.

Les e xplications minutieuses de Gardn er Davi es ont permi s non seule­ ment d e bie n compr e ndr e ces frag­ men ts, mai s aussi de mesur er combi en l'art mall arméen év olue de la «Scè ne ,.

aux derni ers fragm e nts.

Dan s les pre­ mi èr es pa rties , c'est la " cri stalli sation des image s » et le « ré seau de méta­ ph ores ,.

(G uy Micha ud ) qui domi- nent , alor s qu e, dans les fragment s tardifs , l'équivoque syntaxique co ntri­ bue à écarter to ut e action co ncr è te et à ne laisser subsister que l'hypoth éti­ que d'une évolution intérieure chez le protagoniste.

Cette suite de l'œuvre suggère l'écr oulement du rempart de symbole s défendant le mond e d'H éro­ diade , en parti culier au moment de la m o rt de saint Jean , ordonnée par elle.

Une synth èse s'e squisse au niveau thé ­ matiqu e du géni e ( poétiqu e), qui dans la mort accède à l' idéal, et de la fe mme « féconde de la splendeur par la mort précoce ,.

d e Jean .

Dans des mouve­ ments inversés, les deux perso nn ag es c onvergent J'un vers l'autre .

Par l'i n­ troduction de la mort réelle , de la mort de s ang, un au tre s ang , «d éshon or an t le lys ,.

de la vie rge , signifie un e rena. is ­ sance de la per sonnalité fig é e dans le néant.

Le d épassement du conflit entre la mo r t et la vie, la stérilité et la ferti ­ lité, l'ombre et la lumière , est décisif pour la cré ation mallarméenn e, qui y tr o uv e s on m obile fo ndamental .. »

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