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HOMME, DE SES FACULTÉS INTELLECTUELLES ET DE SON ÉDUCATION (DE L'), 1772. Claude Adrien Helvétius

Publié le 24/09/2018

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Cet ouvrage fait directement suite à De l’esprit, dont il développe les thèses et tire les conséquences. Ces conséquences se manifestent principalement dans le domaine de l’éducation, qu’Helvétius tient pour toute-puissante dans la formation des esprits: «L'éducation peut tout»; «Il n’est rien d’impossible à l’éducation; elle fait danser l’ours.» Car l’auteur de l’Esprit ne croit guère à l’efficacité d’un déterminisme interne, de type physiologique; pour lui, l’esprit n’est pas un «don de la nature», mais «un effet de l’éducation».

 

On doit à Diderot une réfutation suivie de cette œuvre. Il y critique, au nom de la nature des êtres, la foi absolue d’Helvétius en la toute-puissance de l’éducation: «On ne donne pas du nez à un lévrier.» Rousseau le tance également, cette fois pour son matérialisme, dans la Profession de foi du vicaire savoyard (livre IV de l'Émile).

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Claude Adrien Helvétius et l'homme conditionné Une ambiance de scandale a entouré Claude Adrien Helvétius (1715-1771), qui devint pour la postérité uneincarnation du matérialisme.

Descendant d'une famille de médecins, il entra dès l'âge de 23 ans dans le milieu desfermiers généraux.

Ceux-ci, ayant acheté leur charge, percevaient les impôts pour le compte de l'État et recevaientdu roi, en échange, une rétribution considérable.

La fortune ainsi rassemblée par Helvétius lui permit de se retirer à36 ans (mais il prit cependant une charge à la Cour) et de s'installer dans sa propriété normande de Voré.

En 1758, ilpublie De l'esprit, petit ouvrage condamné rapidement par le Parlement de Paris, puis par la faculté de théologie dela Sorbonne, pour atteintes à la religion, à la morale et pour apologie du matérialisme.

En fait, l'auteur se défendait,au début de l'ouvrage, de tendre soit vers le spiritualisme (selon lequel l'âme est immatérielle), soit vers lematérialisme (l'esprit serait, dans toutes ses opérations, un processus matériel).

« Ce que j'ai à dire de l'esprits'accorde également bien avec l'une et l'autre de ces hypothèses.

» Mais ce refus de s'engager était un signe gravepour les pouvoirs politique, judiciaire et religieux : le livre, candidement présenté à la famille royale par son auteur,rendit le dauphin fou de rage, le Parlement le fit lacérer et brûler sur les marches du Palais de justice. L'intérêt, critère exclusif de nos jugements Dans l'extrait ci-contre, l'auteur écrit que l'intérêt de chacun est «l'appréciateur », c'est-à-dire le critère exclusif de nos jugements.

Il ramène les sources de nos idées à la sensibilitéphysique et à la mémoire, toutes deux débouchant sur le jugement ; mais ce dernier n'est que le fait de ressentirquelque chose pendant que nous comparons avec des sensations nos idées ou les objets perçus.

Ailleurs, il ajouteque presque tout provient du milieu social et des circonstances, et il précise : « Je me suis aperçu que l'éducationnous faisait ce que nous sommes.

» Même l'homme de génie n'est pas dû à un don de la nature : « Il n'est que leproduit des circonstances dans lesquelles cet homme s'est trouvé.

» En cela Helvétius va plus loin que son maîtreJohn Locke et ouvre la voie au soupçon de matérialisme et donc d'athéisme.

Aujourd'hui, nous dirions plutôt que saphilosophie est utilitariste et sensualiste, ce que confirme la grande influence d'Helvétius sur deux réformateurspartisans de l'utilitarisme.

D'une part, et pour ce qui concerne la justice, l'Italien Cesare Beccaria.

L'auteur montredans le Traité des délits et des peines (1764) la nécessité d'humaniser les jugements, de faire des lois claires etsimples et ne laissant aucune place à l'interprétation et à l'arbitraire, de bannir la torture et la peine de mort ; deson côté, Jeremy Bentham (1748-1832) établit sa célèbre arithmétique des plaisirs et des peines, fondant par là unethéorie de la réforme du suffrage, une doctrine économique et une transformation du système des prisons.

On peutrésumer ainsi l'idée-force qu'Helvétius a contribué à diffuser et que l'on retrouve souvent dans le courantmatérialiste : l'homme étant un être soumis à des conditionnements, on peut logiquement et mécaniquementcalculer ses réactions par des institutions réformatrices appropriées.

Le message se veut libérateur, quoique ambigu,puisque les « passions » sont ambivalentes, selon Helvétius, et que les tyrannies savent aussi organiser leconditionnement, mais à leur profit. Aujourd'hui, nous dirions que la philosophie d'Helvétius est utilitariste et sensualiste.. »

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