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Institution de la religion chrétienne. Traité de Jean Calvin (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

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Institution de la religion chrétienne. Traité de Jean Calvin (15091564), publié dans une première version latine à Bâle chez Platter et Lasius en 1536, puis dans sa première traduction française à Genève chez Michel du Bois en 1541, augmenté et remanié à plusieurs reprises dans les deux langues jusqu'aux dernières versions genevoises (latine, chez Robert Estienne en 1559 ; française, chez Jean Crespin en 1560).

 

Le jeune humaniste chrétien qui a rédigé (1534-1535) la première Institu-tio n'est pas encore un chef de la Réforme. Juriste, héritier des méthodes philologiques d'Érasme et de Budé, ayant déjà manifesté dans un commentaire de Sénèque (1532) son goût pour l'éloquence philosophique, il est un autodidacte en théologie. Son choix pour une réforme radicale, inspirée de Luther, s'exprime dans cette première version destinée à doter les évangéliques français d'un catéchisme supérieur. Le livre prend une fonction apologétique au moment de sa parution (persécutions liées à l'affaire des Placards), comme l'atteste l'« Épître au Roi » François Ier placée en tête, et il met l'auteur en position de chef de la Réforme française. Calvin traduit en partie son texte en français dans le Catéchisme de Genève (1537) ; mais comme instrument de vulgarisation, il envisage alors plutôt de traduire des Homélies de saint Jean Chrysostome. Il publie en 1539 à Strasbourg une seconde version latine qui sert d'introduction à la lecture de la Bible, où se marque en particulier l'influence du théologien Martin Bucer à côté de nombreuses lectures (Pères de l'Église, auteurs scolastiques). La traduction française de cette version ne paraît qu'en 1541, à Genève, comme instrument de laïcisation de la culture religieuse évangélique. L'ouvrage est condamné dans ses deux versions par le Parlement de Paris (1542).

 

De 1543 à 1557, Calvin augmente régulièrement la version latine de son Institutio et fait suivre chaque nouvelle édition de sa traduction française. La dernière version (latin, 1559 ; français,

1560) marque un tournant : découpée en quatre livres, en chapitres et en paragraphes, c'est, dans les deux langues, une somme de la pensée de l'auteur, théologien patenté et chef d'un important courant de la Réforme européenne. Il y enregistre les résultats de ses travaux exégétiques et de sa polémique contre de nombreux adversaires (Michel Servet, Jérôme Bolsec, anabaptistes, etc.), et multiplie les références théologiques et bibliques. Une même Préface marque désormais la confluence de deux publics distincts (savant, « populaire »), que réunit la culture religieuse collective qui s'est épanouie au cours de vingt années de calvinisme. L'histoire complexe de ce livre oblige à distinguer les deux versions françaises qui comptent, la première (1541), et celle, définitive, de 1560 ; la première fait date dans l'histoire de la langue et de la littérature françaises, la seconde présente la formulation définitive de la pensée de l'auteur. Les doutes émis sur l'authenticité de la dernière traduction française ont été balayés par G. Lanson ; en fait, Calvin avait entrepris, avec la version de 1559-1560, un ouvrage nouveau qu'il eut à peine le temps de commencer, mais dont la paternité doit lui être attribuée. Procédant par remaniements, adjonctions et déplacements, le Réformateur avait commencé à récrire son texte dans les deux langues ; s'il eut le temps de revoir la disposition d'ensemble et de procéder à une toilette générale linguistique et stylistique (commencée dès 1545), il ne put procéder à la réécriture, systématique, attestée dans les deux langues, que de quelques chapitres.

I. Version de 1539-1541. La première version latine de 1536, qui suivait un plan catéchétique inspiré de Luther (exposé de la Loi, du Credo, du Notre-Père, puis du sacrement du baptême et de la Cène), était complétée par deux chapitres, l’un contre les « faux sacrements » (autres sacrements catholiques) et l’autre, le dernier, sur la « liberté chrétienne ». La traduction française de 1541 conserve en gros ce plan d’ensemble et suit la version latine amplifiée de 1539 (17 chapitres) avec ses deux chapitres nouveaux au début du livre consacrés à la connaissance de Dieu et à la connaissance de l’homme. D'autres chapitres nouveaux traitent à part, en 1539 et en 1541, la pénitence et la justification par la foi, la Providence et la prédestination, les rapports de l'Ancien et du Nouveau Testament, et un chapitre, « De la vie chrétienne », couronne l’ensemble par un court traité spirituel et moral, le seul dénué de toute polémique. Les deux chapitres initiaux et le dernier encadrent ainsi le tout par le point de vue d’un théologien qui est d’abord moraliste et philosophe.

 

II. Version de 1559-1560. Ses quatre livres en 80 chapitres traitent successivement de la connaissance de Dieu « en titre et qualité de Créateur et souverain Gouverneur du monde », puis « en tant qu'il est monstré Rédempteur en Jésus-Christ » (Loi et Évangile), « de la manière de participer à la grâce de Jésus-Christ des fruits qui nous en reviennent et des effets qui s’ensui-vent », et enfin « des moyens extérieurs, ou aides, dont Dieu se sert pour nous convier à Jésus-Christ » : l’exposé suit formellement le plan théologique du Credo (Père, Fils, Saint-Esprit et Église), même si la troisième partie est consacrée à l’action intérieure de l’Esprit dans le cœur de l’homme. La quatrième partie englobe parmi les « moyens extérieurs » la doctrine politique. Dans la première, à la doctrine de Dieu (Trinité, Création et Providence) font suite la Révélation de Dieu dans l’Écriture et la nature de l’homme. Systématique et théologique, ce plan n’est pas plus satisfaisant dans le détail que ceux qui avaient précédé, mais l’effort de Calvin pour organiser l’ensemble de la matière chrétienne reste grandiose : il s’efforce, comme dans les grandes sommes du Moyen Âge, d’intégrer dans le cadre d’une philosophie religieuse les données de la Révélation chrétienne et un programme de réforme de la chrétienté qui envisage toutes ses conséquences pratiques, spirituelles et institutionnelles.

religion

« plusieurs reprises dans les deux langues jusqu'aux dernières versions genevoi­ ses (latine, chez Robert Estienne en 1559; française, chez Jean Crespin en 1560).

Le jeune humaniste chrétien qui a rédigé (1534-1535) la première Institu­ tio n'est pas encore un chef de la Réforme.

Juriste, héritier des méthodes philologiques d'Érasme et de Budé, ayant déjà manifesté dans Ùn commentaire de Sénèque (1532) son goût pour l'éloquence philosophique, il est un autodidacte en théologie.

Son choix pour une réforme radicale, inspi­ rée de Luther, s'exprime dans cette pre­ mière version destinée à doter les évan­ géliques français d'un catéchisme supérieur.

Le livre prend une fonction apologétique au moment de sa paru­ tion (persécutions liées à l'affaire des Placards), comme l'atteste l'« Épître au Roi » François Jer placée en tête, et il met l'auteur en position de chef de la Réforme française.

Calvin traduit en partie son texte en français dans le Catéchisme de Genève (1537); mais comme instrument de vulgarisation, il envisage alors plutôt de traduire des Homélies de saint Jean Chrysostome.

Il publie en 1539 à Strasbourg une seconde version latine qui sert d'intro­ duction à la lecture de la Bible, où se marque en particulier l'influence du théologien Martin Buèer à côté de nombreuses lectures (Pères de l'Église, auteurs scolastiques).

La traduction française de cette version ne paraît qu'en 1541, à Genève, comme instru­ ment de laïcisation de la culture reli­ gieuse évangélique.

L'ouvrage est condamné dans ses· deux versions par le Parlement de Paris (1542).

De 1543 à 1557, Calvin augmente régulièrement la version latine de son Institutio et fait suivre chaque nouvelle édition de sa traduction française.

La dernière version (latin, 1559; français, 1560) marque un tournant : découpée en quatre livres, en chapitres et en paragraphes, c'est, dans les deux lan­ gues, une somme de la pensée de l'auteur, théologien patenté et chef d'un important courant de la Réforme européenne.

Il y enregistre les résultats de ses travaux exégétiques et de sa polémique contre de nombreux adver­ saires (Michel Servet, Jérôme Boisee, anabaptistes, etc.), et multiplie les réfé­ rences théologiques et bibliques.

Une même Préface marque désormais la confluence de deux publics distincts (savant, «populaire»), que réunit la culture religieuse collective qui s'est épanouie au cours de vingt années de calvinisme.

L'histoire complexe de ce livre oblige à distinguer les deux ver­ sions françaises qui comptent, la pre­ mière (1541), et celle, définitive, de 1560; la première fait date dans l'his­ toire de la langue et de la littérature françaises, la seconde présente la for­ mulation définitive de la pensée de l'auteur.

Les doutes émis sur l'authenti­ cité de la dernière traduction française ont été balayés par G.

Lanson; en fait, Calvin avait entrepris, avec la version de 1559-1560, un ouvrage nouveau qu'il eut à peine le temps de commen­ cer, mais dont la paternité doit lui être attribuée.

Procédant par remanie­ ments, adjonctions et déplacements, le Réformateur avait commencé à récrire son texte dans les deux langues ; s'il eut le temps de revoir la disposition d'ensemble et de procéder à une toi­ lette générale linguistique et stylistique (commencée dès 1545), il ne put pro­ céder à la réécriture, systématique, attestée dans les deux langues, que de quelques chapitres.

1.

Version de 1539-1541.

La première version latine de 1536, qui suivait un plan catéchétique inspiré de Luther (exposé de la Loi, du Credo, du Notre-Père, puis du sacrement du baptême. »

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