Ivan Sergueievitch TOURGUÉNIEV : Pères et fils

« ' Ph01o Tall 1 Sipa-lco no Gustave Flaubert , admirateur de l' œu­ vre de Tourguéniev , écrivit au sujet de Pères et fils : "Cela me semble d'une pro­fondeur effrayante.

Sera-ce remarqué ? Je n'en sais rien.

Mais, pour moi, voilà du sublime." Pou chkine et Ler­ montov que Tour­ guéniev estimait au plus haut point sont morts eux-mêmes en duel , pratique cou­ rante dans la Russie du siècle dernier.

Le livre Un an tir omantique D eux amis , Arcade Kirsanov , le noble , et Bazarov , le bourgeois , décident de passer quelque s jours ensemble dans la propriété du père d'Arcade.

Les deux jeunes gens sont nihilistes , c'est-à-dire révolutionnaires et provocateurs.

Ils ne croient qu'à la destruction des vieilles institutions du tsarisme pour qu'ensuite puisse s'épanouir un nouveau monde.

Mais, vite, Bazarov se dispute avec 1 'oncle d'Arcade et révèle un orgueil démesuré.

Poursuivant leur pérégrination estivale, les deux amis s' éprennent d'une jeune veuve, Anne Odintsov.

Arcade se détourne rapidement de cet amour platonique et courtise alors la jeune sœur d'Anne.

Mais Bazarov, plus char­ mé , ne reviendra pas sur son sentiment.

Son insuccès auprès d 'Anne Odintsov le décide à retourner chez les Kirsanov .

L 'oncle d'Arcade , vieil anglomane décati, après des journées de tension , le provoque en duel.

Bazarov le blesse et se voit obl igé à nouveau de partir, cette fois chez ses parents qu' il traite pourtant avec le même mépris nihiliste que ses hôtes précédents.

Passionné de médecine , Ba zarov contracte le typhus au cours d'une autopsie et meurt sans rien renier de son idéal , ni la révolution ni l'athéisme.

Amo ur et nihilisme B azarov, d'abord insupportable , finit par troubler , non par ses idées adolescentes et faciles , mais par son incapacité de se dépêtrer de la condition russe.

En effet , dans la seconde moitié du XIX e siècle, la Russie semble incapable d'évoluer, de se moderniser.

Bazarov est instruit mais, sans noblesse ni fortune, sa science est de peu d'utilité.

Son attitude dans la vie agace, mais son comportement devant la mort le sauve de l'antipathie du lecteur.

Autour de lui n'apparaît qu'une pay­ sannerie étrange et paresseuse , et des êtres, Arcade, les frères Kirsanov , ses parents, inconscients de la tourmente qui me­ nace le pays et qui l'a déjà saisi , lui , Ba zarov.

Et même l'amour , qui paraît pourtant un instant plus réel, finit par se dérober.. »