JEAN SaNTEUIL, roman de Marcel Proust

JEAN SaNTEUIL, roman de Marcel Proust (publié en 1952). Le roman que, dès 1895, Proust annonçait à ses amis comme une œuvre de « très longue haleine » l'occupa en fait quatre ans et demeura inachevé. Demeuré à l'état de fragments (de quelques lignes ou de quelques pages) dans les papiers de Proust, Jean Santeuil fut édité pour la première fois en 1952 par B. de Fallois, qui s'efforça de donner cohérence et continuité à ce qui était morcelé et rompu. En 1976, P. Clarac et Y. Sandre en proposèrent une édition qui se voulait fidèle à l'éclatement où Proust avait laissé le livre.

Thématiquement, dans Jean Santeuil, bien des épisodes font songer à la Recherche : la scène du baiser du soir et les jeux enfantins aux Champs-Ély-sées, la voix lointaine et proche de la mère au téléphone, la « vocation » littéraire de Jean... À Illiers, les lilas sont en fleurs ainsi que les aubépines ; dans les villes de garnison, on croise de fringants officiers tandis que, dans les salons aristocratiques où Jean s'est glissé, on se déchire autour de Dreyfus. L'amour ici déjà vit de jalousie et certaine petite phrase d'une sonate de Saint-Saëns accompagne les premières souffrances du désir.