Journal d'un curé de campagne, roman de Georges Bernanos

Journal d'un curé de campagne, roman de Georges Bernanos (1936). L'unique roman de Bernanos écrit à la première personne est d'abord journal intime. Inscrivant son projet dans une tradition littéraire (Benjamin Constant, André Gide, Julien Green), le romancier en modifie les données. Le « je » de son héros, qui tient la plume, coïncide avec son propre « moi » ; les pièges comme la vocation de l'écriture font autant problème à l'auteur qu'à sa créature imaginaire. Au lieu de se révéler mode de connaissance, le journal lui-même joue d'autres rôles aussi essentiels : il permet au prêtre de s'arracher au rêve pour mieux exercer son apostolat ; il devient le prisme à travers lequel le « saint » confronte les faits avec leur prolongement dans l'univers du surnaturel ; par ses ratures, ses omissions, ses lacunes matérielles, il affirme la présence d'un « vide » que le curé d'Ambri-court éprouve en fonction du silence de Dieu. L'esthétique réfléchit ainsi la vision « christique »