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L' « Itinéraire de Paris à Jérusalem »

Publié le 24/05/2011

Extrait du document

 

Grand voyageur, Chateaubriand n'a pas seulement, tiré de ses voyages le cadre et la couleur de ses récits romanesques ; il a cru pouvoir en outre publier ses « notes de voyage « plus ou moins retouchées. Le voyage en Amérique lui a servi pour cette vaste « épopée de l'homme primitif «, les Natchez (1798-1826), où il décrit les moeurs des sauvages de la Louisiane, sous l'influence des idées de Jean-Jacques Rousseau, et à laquelle se rattachent Attila et René ; il n'en a pas moins publié le Voyage en Amérique (1827) qui contient de belles pages descriptives. Il faut signaler surtout l'Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) dont le succès a tourné l'attention des littérateurs vers l'Orient, et qui a déterminé en littérature et en art le grand courant de l'orientalisme.

 

« Itinéraire de Paris à Jérusalem (Chateaubriand) « Je passerai à mon tour : d’autres hommes aussi fugitifs que moi viendront faire les mêmes réflexions surles mêmes ruines ».

Chateaubriand, dans Itinéraire de Paris à Jérusalem , retrace ses réflexions dans des récits de voyages.

Auteur français du XIXème siècle, son écriture relève d’un certain romantisme.

Dans nombre de sesoeuvres, Chateaubriand fait part de ses impressions au sujet d’un lieu ou d’un instant qui lui évoquerait unesymbolique personnelle.

Son écrit autobiographique Mémoires d’Outre-Tombe témoigne d’ailleurs de cette idée.

Dans ses récits de voyage, l’auteur ne cherche pas à transmettre une vérité certaine, mais ses impressions.

Dans cetexte, extrait de la première partie de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem , c’est sa volonté et son désir de faire renaître le passé qui l’inspire.

Il se trouve parmi les ruines du Parthénon, sur l’Acropole d’Athènes.

Il offre au lecteur unepeinture du lieu.Mais dans quelle mesure ce texte, peinture d’un moment, permet-il une réflexion humaine, autrement dit, sur laplace de l’homme confronté au temps, à l’espace, et même à la religion ?Après avoir analysé le tableau d’un instant qui nous est présenté, nous verrons « l’illusoire illusion » du narrateur,faisant retenir la déception.

Enfin, nous verrons qu’il s’agit d’un paysage propice à la réflexion.

Tableau d’un instant, Chateaubriand semble particulièrement décrire une œuvre impressionniste.

La scènereprésente un tableau avant tout chargé : chargé en couleur : « une lumière éclatante, la fumée bleue, les ailesglacées de rose, les belles teintes de la fleur du pêcher… » mais aussi chargé en éléments de la nature : « bouquetsd’oliviers, l’orge, la vigne, les corneilles, les montagnes, les îles et les mers… ».

Cette prépondérance pourtants’oppose à cet « espace nu ».

La contradiction du lieu est aussi mise en avant par le thème qui traite ce tableaureprésentatif de ce que voit Chateaubriand : face aux ruines du Parthénon sur l’Acropole d’Athènes, c’est unpaysage, un espace classique qui nous est présenté.

L’Ancien et le Moderne se trouvent confrontés : « les fûts decolonnes et les bouts de ruines anciennes et modernes ».

Cette description riche en couleurs donne vie auspectacle.

D’une part, la « lumière éclatante » situe la scène « aux premiers reflets du jour » ; c’est un nouveaujour qui commence.

La vie reprend, frappée par un « rayon d’or ».

mais d’autre part, cela permet la représentationd’une vie illusoire. Vie illusoire, car Chateaubriand réfère dans sa description à des éléments distants de la notion de vitalité, ou même inanimés.

En témoignent les « bouquets d’oliviers ».

L’olivier est un arbre dont la particularité est d’être sec,sauvage et dur, et ne nécessitant pas de beaucoup d’eau.

Or l’eau, c’est la vie.

L’olivier apparaît toujours à la limitedu dessèchement.

Il en est de même pour les « sculptures de Phidias » : l’inanimé prend vie et c’est l’illusion d’unspectacle vivant qui nous est présentée : « mobilité des ombres du relief ».

Les ruines sont dans le passé commedans le présent ; faisant écho à « tout passe, tout finit dans ce monde ».

Malgré un maintien forcé de la vie, noussommes dans un spectacle de ruines.

Il y a une évolution vers la fin de la civilisation.

Athènes, l’Acropole, les débrisdu Parthénon.Ce chiasme de la vie et de la mort : « vont et viennent » donne l’impression d’un double spectacle, où le lecteur a lesentiment d’être sur les lieux.

Double spectacle entre la vie et la mort (les ruines), entre le réel et l’irréel.

L’auteurveut donner vie à son œuvre.

Cette situation, Balzac l’évoque tout au long du Chef d’œuvre Inconnu par exemple. La toile du maître prend vie et s’anime alors que son modèle meurt.

La volonté d’illusion est par ailleurs marquée aucours de ce tableau d’un instant, par la pureté du lieu chaque élément trouve sa place, le « soleil se lève entre lesdeux cimes du mort Hymette », tout est « si beau » et « si célèbre ».

Cette idée de perfection donne au texte uneimpression d’arrêt sur image. En effet, Chateaubriand semble s’être arrêté sur cet instant, devant les ruines s’un passé enfoui.

« Tout passe, tout finit ».

Il décrit alors de façon minutieuse comment il verrait la scène, le spectacle de vie antique : « ilfaut se figurer ; il faut se représenter ; il faut se répandre et supposer… ».

C’est un arrêt sur image, et l’auteurdécrit chaque point de visualisation.

D’autre part, cette idée est renforcée par un jeu sur les temps.

Il utilise leprésent « il faut », afin de décrire le moment, mais a recours à l’infinitif pour participer à ce temps de pause :« représenter, figurer ». C’est donc un paysage de ruines et sauvage qui nous est présenté.

Mais il y règne pourtant un sentiment de perfection, de chaleur et de beauté, une vie.

Pourtant, il s’agit d’une vie illusoire.

L’auteur tente de faire ressusciter. »

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