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La civilisation des mœurs de Norbert Elias

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

L’analyse des manières de tables, de la satisfaction des besoins naturels ou encore des relations sexuelles ou de l’agressivité, amène Elias à conclure que les sensations que nous ressentons nous ont été inculquées à la suite d’un changement dans les structures de la société. Ces sensations seraient le résultat d’un conditionnement qui, à l’heure actuelle, prend la forme d’un autocontrôle. Ainsi, au début, ce conditionnement a été imposé par le concept de politesse et donc par respect envers les autres mais il est maintenant devenu une nécessité intime (l’autocontrainte) et a pris toute sa place dans la constitution du moi individuel.  Après ce résumé succinct des idées présentes dans l’ouvrage d’Elias, nous pouvons le voir, son travail est d’une extraordinaire originalité pour son époque. En effet, il rapproche des disciplines qui était alors à part pour parfaire son étude. Ainsi, il montre que les structures sociales et politiques doivent être mises en relation avec l’affect. Il nous dit aussi que sans analyse du passé il est impossible de comprendre le présent. Il rapproche donc histoire et sociologie.

« Fiche de lecture:Norbert Elias, La civilisation des moeurs, Pocket, 1973 Identification de l'ouvrage Titre: La civilisation des moeurs Editeur: Editions Pocket Date de publication: la première édition a eu lieu en Suisse en 1939, l'ouvrage y a été réédité en 1969.

Il est paru en français en 1973. Auteur: Norbert Elias (1897-1990) est un philosophe et sociologue allemand issu d'une famille commerçante juive.

Il s'est installé en Suisse puis à Paris lorsque lesnazis sont arrivés au pouvoir.

Il a ensuite enseigné en Angleterre, où il a rédigé le Procès de la civilisation constitué de deux tomes: La civilisation des moeurs et Ladynamique de l'occident. Matière de l'ouvrage L'ouvrage de Norbert Elias est un essai socio-historique.

Il y décrit la civilisation comme un processus de domestication des pulsions et cherche à montrer le rôle de lasociété de cour dans cette évolution. Analyse L'ouvrage se divise en deux grandes parties et sept chapitres.

Dans la première partie, « Culture et civilisation », l'auteur traite dans un premier temps de « Laformation de l'antithèse culture-civilisation en Allemagne », puis de « La formation du concept de civilisation en France ».

Dans la seconde partie intitulée« Comment peut-on être civilisé? », qui représente les quatre cinquièmes de l'ouvrage, il est successivement question de la « Position historique et sociologique duproblème », de « Comment se tenir à table », « De quelques fonctions naturelles » (satisfaire ses besoins naturels, se moucher, cracher, dormir), « Les relationssexuelles », « Les modifications de l'agressivité », pour conclure sur « La vie d'un chevalier ».

Dans la seconde partie, les thèmes abordés sont illustrés par denombreux extraits de documents d'époque - entre autres les traités d'Erasme - qui permettent de donner une image plus précise de la manière de présenter les moeurscourantes aux différentes périodes évoquées.

L' ouvrage est original dans sa forme.

En effet, Norbert Elias fait de nombreuses digressions, parfois au point de devoirmodifier la construction de son ouvrage.

Par exemple, lorsqu'il étudie les manières de se comporter dans une chambre au XIXème et au XXe siècle, il en vient à faireun aparté sur les chemises de nuit contemporaines.

Néanmoins, malgré l'impression un peu brouillonne qui peut se dégager du texte, il ne perd jamais de vue le fildirecteur de son argumentation. La première partie de l'ouvrage est un préalable à l'étude socio-historique proprement dite du processus de civilisation.

Elle est consacrée à la définition du terme decivilisation, à différencier de la notion de culture.

D'emblée, l'auteur opère une distinction entre l'Allemagne, où s'opposent une bourgeoisie cultivée et éloignée dupouvoir politique (versant culture) et une aristocratie qui passe pour superficielle (versant civilisation), et les pays voisins comme la France et l'Angleterre, où lesmoeurs de la noblesse déteignent sur les intellectuels bourgeois, qui évoluent dans les milieux de cour, et inversement.

Ainsi, les conventions y naissent dans lesmilieux de cours et sont transmises aux classes inférieures grâce au concours de la bourgoisie, chaque classe sociale cherchant à imiter la classe sociale supérieure.C'est ce processus, qui diffère de celui qui se produit en Allemagne, que l'auteur choisit d'étudier dans son ouvrage.

En focalisant son analyse sur le concept decivilisation en France, le sociologue rappelle sa nature: la civilisation n'est pas seulement un état, mais c'est un processus à étendre, à promouvoir, à porter aux aux« non-civilisés ».

Cet argument a servi de justification aux conquêtes napoléoniennes ou à la colonisation..

Cependant, l'objet de l'ouvrage n'est pas de définir lacivilisation par rapport à ce qu'elle n'est pas, ou encore d'opposer civilisation et 'non-civilisation', mais bien d'analyser le processus de civilisation. C'est l'étude de ce processus qui fait l'objet de la seconde partie du livre, beaucoup plus dense.

Norbert Elias y brosse ainsi les comportements de l'élite et décrit lesstructures de changement de ces comportements.

Il montre que, au fur est à mesure que la honte s'est intensifiée, les comportements auparavant admis sont devenussocialement inacceptables (cracher par exemple) et la pratique de certains est devenue taboue et pratiquée de plus en plus souvent à l'abri des regards, comme le faitde déféquer.

Norbert Elias traite plusieurs exemples d'évolution de la frontière entre sphère privée et sphère publique, sur lesquels nous allons rapidement revenir. Tout d'abord, concernant la manière de se tenir à table, les règles ont fortement fluctué au cours des siècles, pour en arriver à l'utilisation systématique de couvertsindividuels et au respect de conventions que nous défendrions aujourd'hui au nom de l'hygiène, comme le fait de ne pas recracher ou de ne pas se lécher les doigts.Les traités adressés au XVIe à l'aristocratie de cour ont permis de rendre systématiques certains usages, qui furent ensuite imités dans les couches inférieures.

Lasociété de cour s'étant élargie à la bourgesoisie au XVIIIe, elle lui a transmis ces comportements.

Parallèlement, ces pratiques se sont vues intégrées par le clergé ettransmises par ce biais aux couches inférieures de la population. Le thème suivant est celui de la décence et de la pudeur face aux besoins naturels et au corps.

Les normes comme le fait de ne pas dévoiler ses parties intimes ou nepas faire sentir les mauvaises odeurs étaient d'abord un moyen de refouler les pulsions au XIXe siècle, auquel s'est ajouté un souci d'hygiène au XXe siècle.

Lafonction de répression des pulsions a longtemps été remplie par les cours, et n'est devenue que tardivement une prérogative de la famille.

Elle est également selonNorbert Elias une fonction qui modèle la structure sociale.

Par exemple, se montrer entièrement nu devant ses subordonnés n'était pas un comportement proscritjusqu'à une période tardive.

Aujourd'hui, la non-soumission à ces normes de pudeur passe pour le comportement d'un malade, voire d'un psychopathe.

La répressionsociale est très forte. Prenons ensuite l'exemple du mouchoir.

Longtemps, le mouchoir a été très peu utilisé.

Signe extérieur de richesse à la Renaissance, il est devenu la norme dans lescours européennes au XVIIIe siècle.

Il en va de même pour le fait de cracher: ce comportement était la norme, mais il est devenu profondément dégoûtant.

Unpremière restriction s'est produite au XVIe siècle avec la recommandation de toujours poser le pied sur son crachat, et de ne pas cracher face à ses supérieurs.

Commepour le fait de se moucher, la répression des pulsions est devenue un signe de respect.

Par la suite, le crachat a complètement disparu.

Ceci est pour l'auteur unexemple parlant de « plasticité de l'économie psychique ». Le sociologue traite ensuite de la chambre à coucher.

Elle est aujourd'hui un lieu d'intimité, mais sa fonction n'a pas toujours été aussi privatisée.

Au Moyen-Age, ondormait souvent nu, et on partageait souvent sa couche.

La disparition de ces pratiques a progressivement disparu chez les élites puis dans les couches plus basses dela population, jusqu'à ce que le fait de se coucher devienne un tabou: après guerre, on ne va pas se coucher, on se retire. L'intériorisation des interdits est encore plus visible dans l'évolution du besoin de se laver.

Il naît d'abord de la transformation des relations humaines, et non d'unsouci d'hygiène.

Aujourd'hui en revanche, la motivation n'est pas sociale, c'est le « surmoi » de chacun qui invite à se laver.

La toilette est un réflexe, unconditionnement, que personne ne songerait à remettre en question.

Pourtant, on s'est longtemps méfié de l'utilisation de l'eau, notamment en raison des risques de. »

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