La Foire aux vanités de Thackeray
Publié le 05/04/2013
Extrait du document
Thackeray est né à Alipur (faubourg de Calcutta) en 1811 et mort à Londres en 1864. Son père mourut lorsqu'il avait quatre ans. Envoyé en Angleterre, l'enfant fut élevé par des femmes. Ayant eu le nez cassé dans une mêlée, il resta défiguré pour le restant de ses jours. Sa femme, Isabelle Shaw, qu'il aimait éperdument, devint folle à la naissance de leur troisième fille.
«
Un élé phan t à ven dre
~------- EXTRAITS - - -----~
Description de l'intérieur
d'une gentilhommière
En entrant dans la salle à manger, sous
la conduite du
personnage en guêtres,
Rebecca trouva à l 'appar
tement cet air désolé qu'ils
prennent tous quand leurs
nobles habitants disent
adieu à la ville.
Les pièces
semblent alors
pousser la
fidélité jusqu'à pleurer
l'absence de leurs maîtres.
Un tapis d'Orient, roulé sur
lui-même, cachait son
air
boudeur sous le buffet.
Les
tableaux voilaient leur face
sous de vieilles feuilles de
papier gris, le plafonnier
était emmitouflé dans un
affreux
sac de toile grise
et les rideaux des croisées
disparaissaient sous des
housses râpées.
De l'intérêt d'être riche
pour une vieille fille acariâtre
Comme un compte en banque procure de la
dignité à une vieille
lady!( ...
) Votre femme
lui envoie sans cesse des petits témoignages
d'amitié, vos
petites filles lui font sans
relâche de petits sacs de laine, des coussins
et des poufs.
Quel bon feu dans la chambre
où elle vous fait visite tandis que votre
femme lace son corset dans une pièce gla
cée ! La maison, pendant son séjour; prend
un
air de fête, de chaleur et de gaieté
inconnu en toute autre circonstance.
Vous
même, cher ami, vous négligez votre sieste
et vous éprouvez une subite passion pour le
whist bien que vous y perdiez toujours.( ...
)
Puissances du ciel,
je vous en conjure,
envoyez-moi une vieille tante, une tante
vieille fille, une tante avec un losange sur sa
voiture
et des chevaux couleur café !
Une vieille malade pris e ent re
des intérêts divergen ts
-Dieu merci, elle est donc en danger de
mort! s'écria Mrs.
Bute.( ...
)
La veille au
soir; Mr.
Clump et le Docteur
Squill avaient eu une consultation sur Miss
Crawley
et sa maladie( .
..
):
- Cette fille va le déshériter, ajouta le
médecin, puis, après une pause, il ajouta :
c'est un bon morceau pour vous Clump.
-
Un bon morceau, et que je ne céderais pas
pour deux cents livres sterling par an.
- Cette naturelle de /'Hampshire vous la
tuera en deux mois, Clump,
mon garçon ,
si vous ne l'arrêtez pas.
La vieillesse, les
indigestions, les palpitations de cœur, une
congestion cérébrale, une attaque d 'apo
plexie et la voilà partie.
Remettez-la sur pied,
Clump, faites-la
sortir; ou sans cela encore
quelques semaines et
je ne donne plus beau
coup de votre morceau de deux cents livres.
Cour s sur la prosp érité
é conomique d'une nation
S'il/allait exclure du monde
tous ceux qui ont des dettes
et ne les payent pas, s'il
fallait fouiller dans la vie
privée de son prochain, cal
culer son revenu
et tourner
le dos à tous
ceux dont on
désapprouve la façon de dé
penser; la Foire
aux Vanités
ne deviendrait-elle pas un
désert affreux
et un séjour
insupportable ? ( ...
)Il nous
est aussi facile d'aimer notre
prochain que de le détester.
( ...
)Alors, le
commerce est florissant,
la civilisation fait
des progrès, la
paix est assurée, chaque
semaine on commande de nouvelles toilettes
pour les réunions mondaines, et les derniers
crus de Lafitte laissent de beaux bénéfices
à leur honnête propriétaire.
·~-1' •.'.' : - ~4.: "'· ,(~ .
· ..
,J-:J, .'
Vénus préparant l'ar mu re de Mars
,.
NOTES DE L'EDITEUR
« La qualité des portraits qu'il trace rappelle
sa compétence de dessinateur ou de peintre ;
ses dons de pasticheur triomphent dans les
lettres qu'il insère au cœur de son récit
et
constituent un aspect capital de sa
personnalité littéraire.
Mais surtout dans
d'innombrables passages se marque
la
puissance d 'un très grand écrivain :
l'épisode de Waterloo,
la personnalité de
Dobb in dont
la noblesse est rendue avec un
art subtil.
L'humour et l'ironie abondent, cette
dernière étant
la qualité distinctive de
Thackeray.
La tonalité générale du livre
associe l'aisance familière, l'allure de
quelqu'un qui prend son temps, le brillant
d'un esprit alerte, mais aussi un arrière-plan
de réflexion philosophique désabusée.
»
Sylvère
Monod, Histoire de la littérature
anglaise,
de Victoria à Élisabeth Il,
Armand Colin.
« Si la thématique ou la perspective de
Vanity Fair [titre anglais de La Foire aux
vanités]
portent la marque de leur temps, le style
de Thackeray est celui
d'un grand
prosateur et
c'est l'aspect du livre qui a le
moins vieilli.
Salué dès le départ comme un
héritier de Fielding, Thackeray reprend une
tradition
qui, à travers Richardson et
l'auteur de
Tom Jones, rejoint les maîtres
du XVIIe
et du XVIIIe siècle.
Depuis Moll
Flanders
jusqu'à Vanity Fair, la ligne est
continue: la langue sert à informer ;
c'est
un instrument de communication et non un
faire-valoir.
»Pierre Coustillas, Jean-Pierre
Petit,
Jean Raimond ,
Le Roman anglais au
X/Xe siècle, PUF.
1 W.
Thacke ra y par Samuel La wre nce.
Nat ion al Ga llery, Londr es 1 Harlin gue - Viollet 2, 3, 4, 5 gravu res de W.
Thack eray 1 éd .
Smit h, Eld er & Cie, Londr es, 1867 THACKERAY 03.
»
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