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LA FONTAINE: Discours à Mme de la Sablière

Publié le 20/10/2018

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fontaine

La protectrice de La Fontaine. — Mme de la Sablière mondaine et femme savante. — La Fontaine vécut quelque vingt ans chez Mme de la Sablière, depuis 1672, sans doute. Il avait eu recours, avant de s’installer chez elle, aux libéralités de Fouquet, puis des duchesses d’Orléans et de Bouillon. Quand Mme de la Sablière se retira à l'hospice des Incurables, il chercha d’autres protecteurs et d’autres protectrices qui lui permissent de vivre à ne rien faire, sinon des vers. Ce n’était pas une vie très digne, mais elle ne faisait pas de tort à La Fontaine. Elle était dans la tradition du temps. Quand on se mêlait d’écrire et qu’on n’était pas riche, on « appartenait » à quelque grand seigneur qu’on payait en dédicaces et madrigaux.

Par surcroît, Mme de la Sablière était une protectrice à la fois aimable, intelligente et grave et qui convenait fort bien au génie de La Fontaine. Elle était indulgente parce qu’elle avait eu quelques aventures qui avaient compromis sa réputation,. Elle avait dû se séparer de son mari et de ses enfants. Elle avait, en 1679, trente-neuf ans ; elle n’avait pas renoncé à plaire et à aimer ; elle aimait même avec une sincérité touchante. On l’appelait volontiers « la tourterelle ». La Fontaine préférait la nommer Iris. Mais Iris était fort instruuite (Boileau se moquera d’elle, discrètement, dans sa satire sur les Femmes). Elle savait le latin ; elle étudiait les mathématiques et la physique avec Roberval, puis Sauveur ; l’astronomie avec Cassini ; l’anatomie avec du Verney ; les voyages avec Bernier. Mais elle n’était pas pédante. Elle recevait des beaux esprits qui n’étaient

La Fontaine et la philosophie. — Le problème de l'âme des bêtes. — Descartes avait mis à la mode la question de l’âme des bêtes. Non pas qu’il en eût discuté longuement, ni même d’une façon toujours très nette. Mais sa philosophie n’admettait que deux principes entièrement distincts : l’âme ou l’esprit, avec toutes les qualités de l’âme : raison, immortalité, etc..., et la matière incapable de la moindre pensée, obéissant passivement à des forces mécaniques. Les animaux n’ont pas de raison, pas d’âme. Ils ne sont donc que de la matière, des machines. Si nous frappons un chien, des mouvements nerveux se propagent jusqu’au cerveau du chien, d’autres mouvements retournent vers les muscles des jambes et de la gorge ; il se sauve et crie. Mais il n’a rien senti. Il n'est pas plus capable de souffrir qu’une montre ou une pierre.

fontaine

« sérieusement de choses sérieuses et notamment de philosophie.

Et c'est pourquoi La Fontaine pourra adresser à Mm e de la Sablière un Discours où il discute le problème de l'âme des bêtes.

La Fontaine et /a philosophie.

-Le problème de l'élme des bêtes.

-Descartes avait mis à la mode la question de l'âme des bêtes.

Non pas qu'il en eût discuté longuement, ni même d'une façon toujours très nette.

Mais sa philosophie n'admettait que deux principes entièrement distincts : l'âme ou l'esprit, avec toutes les qualités de l'âme : raison, immortalité, etc ...

, et la matière incapable de la moindre pensée, obéissant passive­ ment à des forces mécan iques.

Les animaux n'ont pas de raison, pas d'âme.

Ils ne sont donc que de la matière, des'' machines ».

Si nous frappons un chien, des mouvements nerveux se pro• pagent jusqu'au cerveau du chien, d'autres mouvements retournent vers les muscles des jambes et de la gorge ; il se sauve et crie.

Mais il n'a rien senti .

Il n'est pas plus capable de souffri r qu'une montre ou une pierre.

Cette théorie avait provoqué de très vives discussions ; elle passionnait les cartésiens ou cartésiennes et les amis des bêtes.

Mme de Grignan en tenait pour Descartes.

Mme de Sévigné et Mlle de Scudéry défendaient l'intelligence ou le bon cœur des chiens ou des chats.

On discuta sans doute la question chez Mme de la Sablière.

Rien ne prouve que La Fon­ taine ait jamais lu lui-même Descartes.

Mais il avait une uni­ verselle curiosité.

Son ami Vergier reconnaîtra qu'il se plaît à Changer en cent façons l'ordre de l'univers.

En x687, « goûter la joie » oe sera encore pour lui, avec les beaux vers, « rechercher de tout les effets et les causes ».

Il ne s'en est pas fait faute, même dans les Fables.

Un animal dans la lune est une discussion sur les illusions des sens : Quand l'eau courbe un b5ton, ma ra ison le redresse ; l'Horoscope, un jugement sur l'astrologie ; la Souris métamor­ phosée e11 fille, une méditation sur la métemps yc ose.

Et le Songe d'un habitant du Mogol compte, parmi le s joies de la retraite, l'étude de l'astronomie, Les divers mouvements inconnus à nos yeux.

La Fontaine a donc étudié le problème avec conscience.

Il s'en est réetlement, à ses heures, occupé tout entier.

Et il en a rai­ sonné avec bon sens.

Mais c'est le bon sens d'un poète plutôt que la raison d'un philosophe ; c'est même parfois son imagina-. »

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