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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Publié le 31/03/2013

Extrait du document

troie

Dans une oeuvre diverse faite de romans,

de nouvelles, de récits, d'essais, le théâtre

de Giraudoux brille d'un éclat original.

Sixième pièce d'un ensemble qui en compte

une quinzaine, La Guerre de Troie est

particulièrement significative des thèmes et

de l'art de cet écrivain.

troie

« Le diplomate qu'était Giraudoux était bien placé pour sentir monter la tension internationale qui conduisait à la Seconde Guerre mondiale.

De Siegfried (1928) à Sodome et Gommorrhe (1943) en passant par La Guerre de Troie (1935), l'obsession de la guerre s'accompagne d'un pessimisme de plus en plus grand.

HECTOR.

-Je t'en supplie, Busiris.

Il y va de la vie de deux peuples.

Aide-nous.

Busrn1s.

-Je ne peux vous donner qu'une aide, la vérité ~------- EXTRAITS HECTOR.

- Puis l'adversaire arrive, écumant, terrible.

On a pitié de lui, on voit en lui, der­ rière sa bave et ses yeux blancs , toute l' im­ puissance et tout le dévouement du pauvre fonctionnaire humain qu'il est, du pauvre mari et gendre, du pauvre cousin germain, du pauvre amateur de raki et d'olives qu'il est.

On a del' amour pour lui.

On aime sa verrue sur la joue, sa taie dans son œil.

On l'aime ...

Mais il insiste ...

Alors on le tue.

ANDROMAQUE.

- Et l'on se penche en dieu sur ce pauvre corps ; mais on n'est pas dieu, on ne rend pas la vie.

HECTOR.

- On ne se penche pas .

D'autres vous attendent.D'autres avec leur écume et leurs regards de haine.

D'autres pleins de famille, d'olives, de paix .

ANDROMAQUE.

- Alors on les tue ? HECTOR.

- On les tue.

C'est la guerre.

ANDROMAQUE.

- Tous, on les tue ? HECTOR.

- Cette fois nous les avons tués tous.

A dessein.

Parce que leur peuple était vraiment la race de la guerre, parce que c'est par lui que la guerre subsistait et se propageait en Asie .

Un seul a échappé.

ANDROMAQUE.

-Dans mille ans, tous les hommes seront les fils de celui-là.

HECTOR.

- ...

Ô vous qui ne sentez pas, qui ne touchez pas, ~ respirez cet encens, touchez ces offrandes .

Puisque enfin c'est un général sincère qui vous parle, ap­ prenez que je n'ai pas une ten­ dresse égale, un respect égal pour vous tous.

Tout morts que vous êtes, il y a chez vous la même proportion de braves et de peu­ reux que chez nous qui avons sur- DEMOKOS (tombant).

-Il m'a tué! HECTOR.

-La guerre n'aura pas lieu, Andromaque ! vécu et vous ne me ferez pas confondre, à la fa­ veur d'une cérémonie, les morts que j'admire avec les morts que je n'admire pas.

Mais ce que j'ai à vous dire aujourd'hui c'est que la guerre me semble la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains et que je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux vivants.

Aussi qui que vous soyez, vous absents , vous inexistants, vous oubliés, vous sans occupation, sans repos, s ans être,je comprends en effet qu'il/aille enfermant ces portes ex­ cuser près de vous les déserteurs que sont les survivants, et ressen­ tir comme un privilège et un vol ces deux biens qui s'appellent, de deux noms dont j'espère que la résonance ne vous atteint jamais, la chaleur et le ciel.

NOTES DE L'ÉDITEUR «La rhétorique, au lieu d'y soutenir les passions, les remplace ; les arabesques du monde verbal finissent par occuper toute l'attention ...

»Marcel Moussy, 1953.

tragédie rassemble et confond les pans mêlés de ses devancières , la tragédie antique (le destin des Dieux aveugles pèse en sourdine sur toute la pièce) , la tragédie chrétienne (les hommes engagés dans le drame ont conscience que leurs actes commandent à l'avenir) et cette grande méconnue des temps modernes, la tragédie de l'âme collective qui, à la puissance des Dieux, unit la folie des humains.

» Pierre­ Aymé Touchard, 1949.

Les avis sur Giraudoux ont été très variés.

On lui a reproché d'être un pur littéraire, de ne pas avoir le sens du théâtre, de manquer de souffle, d'authenticité, de profondeur.

«L'auteur est prisonnier de son tour d 'esprit, de ses tours de phrases, de son goût invétéré pour les divertissements.

» Gabriel Marcel, 1935.

Mais d'autres critiques reconnaissent le charme de son art et en font l'éloge, attribuant à Giraudoux le mérite soit d'avoir redécouvert la vraie tragédie, soit de lui avoir donné une nouvelle jeunesse.

« Dans les plis de sa tunique, la 1 étud e pour le portrail de Giraudoux par J.-E.

Blanche.

musée des Beaux-Arts , Rouen / coll.

Viollet 2, 3, 4, 5 dess ins de M.

Andreu , La Jeu ne Parqu e, Par is, 1946 /cli chés B.N.

GIRAUDOUX 02. »

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